CHAPITRE 4

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Lorsqu'il se réveilla, il criait encore. Un seul regard à droite pour tenter de reconstituer ses souvenirs, pour comprendre qu'il ne comprenait rien. Il commença à sangloter de rage lorsqu'il entendit le son d'une lame qu'on affutait dans une pièce voisine. Quand il aperçu ses larmes tomber sur les draps, il se gifla violemment et s'intima de se ressaisir.

Comment se sortir de là ? Il ne fallait pas céder à la folie, ça ne pouvait être qu'un cauchemar. Il devait juste trouver le moyen de se réveiller. Il ferma les yeux. Les ouvrit, les ferma, les ouvrit à nouveau. Se pinça, se griffa, se mordit le poignet jusqu'au sang, frappa son front avec ses paumes... Autant de tentatives dérisoires qui le laissaient face à sa sinistre réalité. Il était toujours là, assis à la même place, la poitrine compressée.

Soudain, une idée. Enfin ! Il décida de s'enfermer dans la chambre. Il se précipita vers la porte : elle avait disparu ! A la place, l'ouverture laissait apercevoir l'ombre de sa femme au fond du couloir qui s'avançait lentement. Sa voix calme et mélodique rebondissait sur les murs :

« N'aies pas peur mon petit mari, je veux juste te tuer ! »

La joie chassa la peur quand il vit la fenêtre au fond de la chambre. Lui qui n'avait jamais fuit personne trouva cette idée d'évasion brillante ! Il ouvrit brusquement la fenêtre et sentit la fraîcheur de la nuit, synonyme de liberté, remplir ses poumons.

C'est avec un sourire victorieux qu'il poussa les volets. Il avait déjà passé une jambe par dessus le rebord quand il réalisa que ce qu'il voyait n'était pas concevable. Il eut d'abord un rire. Un rire diabolique qui se mêla rapidement à une colère noire. Comment pouvait-il admettre que sa maison flottait dans le vide ?

Sa femme était à présent juste derrière lui. Il se retourna et la supplia du regard en balbutiant deux mots :

« Comment ? Pourquoi ? »

Tout en faisant pénétrer lentement la lame dans son ventre, elle murmura au creux de son oreille :

« Patience mon amour, patience, il est encore trop tôt. »

Ce n'est pas la douleur qui le fit hurler cette fois, mais le début d'une longue chute.

De Cercle en cercleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant