Eugène

ix

La lettre d'Eugène :

J'ai reçu tes lettres. Ça fait mal de les lire. Contrairement à ce que tu peux penser, je ne m'en fiche pas de toi. J'ai pas tout oublié.

Écoute, je ne vais pas passer par quatre chemins. Notre relation était intense. Je t'ai beaucoup aimé. Parfois peut-être trop. Quand je vois tes lettres je me rend compte que toi aussi, tu m'aimais peut-être trop.

Réfléchis à tout ce que tu as pu écrire. Tu ne t'es jamais demandé : et moi alors ?

Certes, tu es triste mais c'est parce que je suis plus là. Je ne sais pas si je suis clair.

Quelque part, j'essaie de me retrouver.

À la fin de notre relation, plus rien n'avait de sens. Je n'ai jamais douté de mon amour pour toi. Mais ma vie à commencer a tourner autour de nous, de toi et c'était comme si je m'effaçais.

J'ai réalisé que je n'étais plus honnête avec moi même. En devenant quelqu'un d'autre, en t'appartenant finalement; je me mentais.

Il y avait beaucoup trop de questions et de peur. Peur de changer parce que tu étais tombé amoureuse de ce Eugène. Dans ces conditions, je ne peux pas être honnête avec toi.

En perdant confiance en moi, j'ai perdu confiance en ton amour et en nous.

Ça me fait encore mal d'y penser, et au fond je crois que je t'aime encore trop. Mais, pour le moment, en tête à tête avec moi-même j'arrive peu à peu à porter autant d'amour pour moi que pour toi.

Tu devrais faire pareil. Tu devrais te détacher de moi et travailler sur ton bien être.

Ne prend pas mes mots comme le signe d'une seconde chance. S'il te plaît, ne te blesses pas en te donnant de faux espoirs. Ce n'est pas ce que je veux.

Je m'excuse, j'aurais aimé pouvoir t'expliquer ça quand je suis parti mais je n'avais pas encore réellement compris ce que je cherchais.

C'est peut-être égoïste tout ça mais j'en ai besoin. Pour une fois depuis des années je me mets en avant. On en a tous besoin.

Désolé, il y a beaucoup de ratures et mes mots ne sont pas aussi beaux que les tiens. Tu me connais, j'arrive jamais à être clair dans mes idées.

Merci pour tout, on a appris, grandi et mûri ensemble et ce n'est pas quelque chose que j'oublierai.

Je t'embrasse.

Prends soin de toi.

Eugène