XVII-Kate

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Après avoir dit au revoir a Julia, j'entre dans la gare. Elle est assez petite mais pour l'instant seulement un nombre réduit de voyageur s'y trouve, chacun attend son train, soit en regardant son téléphone, soit en lisant un magazine. La gare est belle . Des mosaïques sur la coupole du plafond, des dalles grises et blanches sur le sol... J'ai beau vivre dans une petite ville, sachant qu'elle se trouve près de Los Angeles elle est vraiment belle.
J'enregistre mon billet et me dirige directement vers les quais.
Il est 10h45. Pour tuer le temps, je parle a mon cousin. Un contrôleur annonce alors l'arrivée du TGV. Le crissement aiguës des roues se fait entendre faisant grimacer les voyageurs.
Je m'avance, traînant ma valise derrière moi. J'aide une maman a monter sa poussette dans le train et m'engouffre derrière elle.
Mon billet ayant été cette fois réservée, je m'installe a ma place et enfonce mes écouteurs.
Please don't go de Joel Adams se diffusent. Je me détends immédiatement. Cette chanson me calme.

Je ferme les yeux et appuie ma tête contre la vitre du train. Je vais faire en sorte que cette pétasse revienne d'où elle vient.
Dans peu de temps, mon entretien d'embauche à L.A. aura lieu. Dans un mois, Kyle repartira pour faire sa tournée. Est-ce qu'il reviendra ? Rien n'est moins sur.
Je devrais alors m'efforcer de l'oublier tout en voyant son visage sur les réseaux et sa voix à la radio. Pourquoi cette idée m'attriste-t-elle a ce point ? Je ne devais pas le détester a la base ?
Non pas que je regrette notre amitié... Lin de là. Mais, peut-être que si il était simplement resté mon insupportable voisin, tout serait plus simple. Enfin. On ne peut pas remonter le temps.
Je secoue la tête de dépit et le train se met enfin en marche.
Je regarde la ville qui défile a toute allure. Un bébé pleure, à ma gauche un couple se dispute, devant moi un autre s'embrasse. Autant dire que le wagon n'est pas silencieux. Bien que ma famille m'en veuille, je crois qu'un jour, nous pourrons à nouveau ressemble à une famille normale. Sans maman certes, mais presque normale quand même.
Le trajet passe lentement, mais quand j'arrive enfin et que je sors du train, c'est avec la ferme résolution de faire dégager cette pourriture.
Confident de Demi Lovato s'enclanche dans mes oreilles et je m'imagine a la place de Tree Gelbman dans Happy birth dead, durant la scène avec cette musique ( avec des habits en plus).

Bref, prête a tout.

Je regarde au loin, souriant de ma bêtise. J'ai l'impression que je vais conquérir le monde. Ma tâche est en réalité bien moins ambitieuse mais pour l'instant, reconquérir ma place dans ma famille me semble déjà assez compliqué.
Je hèle un taxi et lui demande de m'amener a mon appart-hôtel.
Une fois là-bas, je lui donne son dû et entre dans le lieu où je passerai les prochains jours.
C'est assez petit mais ça me va largement. J'installe mes affaires dans un placard et me pose sur le lit un instant. C'est un deux pièces l'une avec un bar américain, une petite cuisinière électrique et tout ce qui va avec et un salon et l'autre c'est une chambre donnant sur une minuscule salle de bain.
Je ressors sans attendre, en déposant au passage mes clés à la réception et prend a nouveau un taxi, cette fois vers chez ma famille. Quelques minutes plus tard, je suis devant la porte, prête à sonner. Mon bras reste en suspension quelques instants mais je finit par appuyer sur le bouton. Un bruit aigu se fait entendre a l'intérieur puis vient le tour de la voix criante de cette insupportable femme.
- Karl vas ouvrir !
Les pas précipités de mon frère résonnent et la porte s'ouvre brusquement. A ma vue, un large sourire éclaire son visage fatigué.
- Je pensais que tu ne reviendrais pas. Avoue-t-il
- Que ce soit bien clair Karl. Désormais tu es un enfant normal, tu sors avec tes amis et tu profites de la vie. Tu as déjà perdu assez de temps et moi je vais tenter de me racheter. Répondis-je avec détermination.
Il me regarde les larmes aux yeux et s'écarte pour me laisser passer.
En réalité, Sarah n'avait clairement pas apprécié ma provocation a peine voilée de la dernière fois.
Elle n'avait pas réagit ouvertement, mais mon frère et mon père ne pouvant que voir son dos, j'avais pu lire sur ses lèvres, comme je l'avais deviné auparavant : Je ne compte pas m'en aller petite. Cet argent, il est désormais miens. Ne t'avises pas de m'empêcher de l'utiliser. Tu en subirais les conséquences.
Je lui avais répondu par un petit sourire puis elle avait susurré :
- Je m'appelle Sarah Linston. Enchanté.
J'avais ensuite discuté un petit moment avec mon frère et mon père puis j'étais repartie en leur promettant de revenir bientôt.
Le lendemain, Julia m'avait demandé de revenir en urgence.
- Bonjour Sarah ! Lançais-je avec entrain.
- Kate. Quelle agréable surprise. Je pensais pourtant avoir été claire.
- Limpide ! Confirmais-je. Mais ça ne veut pas dire que je ne pensais pas revenir.
- Soit. Dans ce cas, ne t'attends pas a ce que je te fasse de cadeau.
Je lui sourit. Pas besoin d'en dire plus. On verra bien qui va gagner.
Lorsque je vois mon père, je résiste à l'envie de lui prendre ses bouteilles d'alcool. Chaque choses en son temps.
- Hum... Salut papa. Lançais-je hésitante.
- Ah tu es là. Dit-il comme si il m'attendait.
- Ça t'embête si Karl et moi on sort ? Demandais-je
- Vous faites votre vie. Répond-t-il de sa voix pâteuse.
Un immense sourire se dessine sur le visage de mon petit frère.
- C'est partit alors. M'enthousiasmais-je
Il enfile des chaussures et nous sortons sans plus attendre sous le regard méprisant de Sarah.
- On va où ? Demande-t-il impatient.
- On va en ville. Peu importe où.
- Tu sais Kate...
- Hmm
- J'suis content que tu sois là.
- Moi aussi je suis contente d'être là. Tu m'as manqué.
Il me regarde un peu gêné mais reprend bien vite contenance.
Je lui achète une paire de basket en utilisant l'argent que j'avais gagné a un concours de photos - une somme considérable- et c'était ce jour là que j'avais rencontré Julia mais a l'inverse de ce que je prévoyais a l'époque, j'ai décidé de faire des études de droit.
Comme il m'avait manqué !
Nous nous amusons a noter la tenue des gens qui passent puis partons manger dans un subway.
- Ça doit faire... trois ans que je me suis pas autant amusé !
- Je sais bien. C'est ma faute. Mais t'en fais pas. Maintenant je suis là. Affirmais-je
-Oui mais Sarah ?
- Sarah on va s'en occuper et elle va dégager vite fait ! M'exclamai-je en riant.
Il sourit, satisfait de ma réponse et mord dans son Subway avec délice.
- Il faut qu'on prépare un plan ! articule-t-il la bouche pleine.
- Il faut déjà qu'il comprenne que cette femme est une ordure.
- Je ne comprends pas pourquoi il la laisse rester a la maison alors qu'elle lui parle comme si c'était son chien. Marmonne-t-il
- Est-ce que... Est-ce qu'il m'en veut ? Demandais-je
Karl baisse les yeux, gêné.
- Euh... Un peu... je pense. Avoue-t-il
- Ok. C'est bon à savoir. Chuchotais-je.
Il me regarde désolé mais je vois malgré tout dans ses yeux un peu de rancœur.
- Tu sais je m'en veux tellement. Je... J'aurais jamais dû vous laisser et c'est...
- C'est bon. Me coupa-t-il. Je crois que je t'en veux pas.
Je souris tristement et ajoute :
- Ça serait bien normal que tu m'en veuille.
- Peut-être, mais ce n'est pas le cas. Répète-t-il
Je termine mon menu et garde ma boisson pour plus tard puis nous sortons et marchons sans but précis dans la ville.
Juste devant nous, un jeune couple se dispute violemment. Nous nous regardons d'un air entendu et au lieu de nous en aller, nous nous asseyons sur un banc derrière eux et les observons en pouffant.
" Je t'ai vu ! " Vocifère la fille
" De quoi tu m'as vu ? " Souffle son partenaire.
" Ne fais pas l'innocent ! Ah elle était belle la fille là ! " S'exclame-t-elle
" De quelle fille tu me parle ? " lui demande-t-il calmement tout en levant les yeux au ciel.
La jeune femme secoue la tête de dépit, faisant se balancer ses longs cheveux.
" Je t'ai vu pourquoi tu nie ?" Lance-t-elle en baissant tout de même d'un ton.
" Écoute Clara : j'en ai plus qu'assez de tes incessantes crises de jalousies !" Déclara l'homme contenant sa colère.
Elle le regarde l'air choqué et s'exclame :
" Crois tu que je serais jalouse si tu cessais de regarder toute les femmes bien foutues ? "
" Bon quand tu auras compris que tu te fais des idées et que tu seras prête à me demander pardon, tu sais où me trouver. " Conclue - t-il
Puis il se retourne la tête haute et s'en va d'un pas nonchalant.
" Te demander pardon ? Tu rêve mon pauvre. Ricane - t-elle en se retournant comme pour avoir l'approbation du "public".
Mais voyant que son compagnon part sans se retourner elle abandonne tout ce qui pouvait lui rester de fierté et court vers lui en hurlant :
" Thibault ! Attends ! Excuse-Moi"
Il se retourne tentant de dissimuler un sourire et affiche un air méprisant - du moins essaye.
La dénommée Clara lui prend les mains et en le regardant dans les yeux lui avoue avec passion son amour.
" Je t'aime Thibault. "
Un immense sourire illumine son visage et il l'embrasse longuement.
- C'est beau l'amour... Chuchotais-je mi-moqueuse, mi-rêveuse
- Tu parles ! Lance mon frère riant à gorge déployée. C'est sur joué, on se croirait dans un film ! Et les filles sont trop bizarres...
- Tu parles en connaisseur dis-moi... Le taquinai-je en lui donnant un petit coup de coude dans l'épaule.
- Pff. N'importe quoi. Proteste - t-il en rougissant.
Je souris et le regarde dans les yeux déterminée a ne détourner le regard qu'une fois qu'il m'aurait dit si il était " en couple "
- Oh ça va... Oui y a peut-être quelqu'un... Finit-t-il par avouer.
- Ahhh ! Et elle s'appelle comment ?
- Lara. Répond-t-il
-Lara. Répétais-je. C'est cool.
- Oue. C'est cool. Et... Et toi ? Demande-t-il hésitant
- Moi. Comment dire... Il y avait bien quelqu'un mais c'est du passé. dis-je en souriant
- Il s'appelait comment ?
- Mathis.
Je me rend alors compte que c'est la première fois depuis notre rupture que je parviens a prononcer son nom sans que des larmes n' humidifie mes yeux et sans que je ressente un profond dégoût. Je souris avec fierté et en regardant droit devant moi, je dis d'une voix claire et sûre :
- Oui. Il s'appelait Mathis.
Karl me regarde sans vraiment comprendre ma détermination mais il sourit aussi.
Je lui propose un cinéma et c'est avec plaisir que nous nous installons avec du pop corn devant le Joker.
Lors de certaines scènes particulièrement violentes, je le sens se rapprocher de moi et poser sa main sur mon bras un peu effrayé.
Nous sortons de la salle de cinéma ravis.
- C'était trop bien !! S'exclame mon petit frère. Merci !
- Y a pas de quoi. Je réponds simplement.
Nous échangeons nos numéros et continuons notre trajet.
- Alors l'école ? Ça se passe bien ? M'intéressais-je
- Oh m'en parle pas. Proteste-t-il en grimaçant. Heureusement que je suis avec mon meilleur pote.
- Ah. Et pourquoi tant d'enthousiasme ? Demandais-je avec ironie
- Déjà l'école c'est nul. Affirme-t-il et en plus les profs sont super soulants !
- Mais ça va la 4ème c'est facile non ? Et puis t'es en vacances là.
- Oui mais c'est bientôt la fin d'année donc ça se complique.
- Dans combien de temps ?
- A peu près deux mois. Heureusement ! Soupire-t-il - Et tu reprends dans combien de jours là ?

Il me dit qu'il lui reste presque deux semaines de vacances puisque ce n'est que le deuxième jour et qu'il reprendra un lundi. Je le dévisage discrètement. Il a des yeux verts et des cheveux châtains clairs ébouriffés et des lunettes avec des montures tellement fines qu'elles en deviennent presque invisible.
Je ne sais pas si mes critères sont les mêmes que les filles de son âge mais il semble avoir une physique plutôt avantageux. Je suis fière de lui.
- Pourquoi tu me regarde comme ça ? C'est flippant. Se moque-t-il
- Pour rien pour rien. Le rassurais-je
- Euh... ok.
Nous rentrons vers 19h30 et c'est une Sarah furax qui nous ouvre la porte.
- Qu'est que vous foutez dehors a cette heure ci ? S'énerve-t-elle
- Mais Sarah il est que... Tente Karl
- Je ne crois pas t'avoir parlé ! Le coupe-t-elle. File dans ta chambre
- Ça faisait 3 ans qu'on ne s'était pas vu. Rien ne pourra les rattraper alors une petite journée... Argumentais-je
- C'est pas mon problème.
Je secoue la tête, exaspérée par son comportement enfantin.
Elle a le don de m'énerver. Pour qu'elle raison au juste, ne veut elle pas que je revienne ? Elle et mon père ne sont pas fiancés et encore moins mariés !
- Bon je suis majeure et vous n'avez aucun droit, ni sur moi, ni sur Karl. Je suis là maintenant et je ne compte pas le laisser. Vous ne faites pas partie de cette famille et ça ne risque pas d'arriver. Quant à rester ou partir, faites comme bon vous semble mais ne vous avisez pas de vous interposer entre ma famille et moi ou bien vous risquez de vous en mordre les doigts. Tranchais-je
- C'est une menace murmura-t-elle en plissant ses petits yeux.
- Mmh... Je dirais plus... une promesse. Corrigeais-je un sourire mesquin sur le visage.
Puis je me retourne, plaque un bisous sur la joue de mon père et m'en va la tête haute en claquant la porte derrière moi.

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Holaaaa
je suis de so lé de ce retard ( c'est même plus un retard là...)
mais bref le voilà ce nouveau chapitre
J'espère qu'il va vous plaire quand même...
Bisouuuus 😘

Rappel moi pourquoi je t'aime ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant