Rappel moi pourquoi je t'aime ?

XXVII- Julia

Nous sommes tous assis autour de la grande table de la cuisine, une serviette posée sur les épaules, un verre d'Ice Tea entre les mains, discutant de tout et de rien.
Je relève la tête et croise le regard de Matthew qui me sourit.
Je m'abîme dans la contemplation du liquide ambré dans mon verre pour repousser toute pensée inappropriée et m'implique dans la conversation du mieux que je peux. Mais peu importe où je les pose, mes yeux finissent toujours par tomber sur un sourire, une fossettes, une machoir ou un torse qui me donnent des palpitations.
Je finis donc par fixer Kate qui est visiblement soumise au même problème puisqu'elle me regarde déjà.
Je me mords l'intérieur de la joue pour ne pas rire et cache mon sourire en appuyant ma bouche contre mes doigts.
- Et tu travaille dans quoi ? Se renseigne Matthew
- Euh... je suis styliste. Je réponds. En fait on travail plus ou moins ensemble Kate et moi. Elle est photographe.

- Photographe ? Réagit Lucas. Mais tu pourrais faire les photos de la tournée ?!
Mon amie le regarde surprise et je vois à ses yeux brillants que l'idée lui plaît.
Mais elle secoue la tête poliment et décline la proposition
-Je sais pas vraiment si j'ai le niveau c'est pas rien une tournée. Explique-t-elle. J'ai pas vraiment fais d'étude dans la photo.
- T'as clairement le niveau ! Rétorqué-je. T'as un talent même sans les études !
Elle hausse les épaules.
- Tu faisais quoi comme études ? Questionne Kyle.
- Des études de lettres. Je voulais travailler dans une maison d'édition.
- Et tu veux plus ? Poursuit notre voisin
Kate grimace et après un instant d'hésitation formule :
-En fait si... enfin... je sais pas. Elle rit nerveusement. Je suis sûre de rien. J'ai passé en revue tous les métiers artistique et j'ai presque tout aimé. Résultat je ne sais pas ce que je veux vraiment faire.
- Deviens chanteuse. La taquine William
Mais face au sourire gêné de mon amie le groupe comprends vite que leur réalité avait fait parti des rêves de Kate.
-Mais noon ! S'écrie Lucas. Tu chantes aussi ?
Elle confirme d'un hochement de tête.
-Attends mais elle a été au conservatoire hein la demoiselle ! Elle fait du piano aussi. Ajouté-je bien consciente du malaise de mon amie.
Tous la regarde avec une moue admirative. Seul Kyle, qui la dévisage aussi, n'exprime aucune émotion.
- On pourrais peut-être changer de sujet ? Sollicite l'intéressée.
Nous sourions et la conversation reprends, après que Lucas lui a demandé de songer à sa proposition d'être leur photographe. Sans plus se préoccuper des professions de chacun, nous dirigeons cette fois la conversation vers les nombreuses destinations prévues pour la tournée et nous organisons peu après la venue de la famille de notre artiste polyvalente. Elle explique au groupe qu'elle ne souhaite pas la présence de la compagne de son père ici, nous passons donc un bon moment à mettre au point un plan qui empêchera ceci.

Vers 14h nous commandons des bo-buns pour tout le monde et Lucas en prend un de plus pour une certaine Taylor qui selon ses dires ne devrait pas tarder.

En effet, à peine dix minutes plus tard la grande porte s'ouvre sur une belle jeune fille aux yeux marrons, aux cheveux auburns et aux joues parsemées de tâches de rousseur. Elle affiche un sourire éclatant et respire la joie de vivre. Après avoir jeté ses clefs dans un pot en céramique prévu à cet effet elle se jette dans les bras de Lucas avec un cri aigu. Alors que j'en viens à la conclusion qu'elle est sa petite amie, il passe son bras autour de son cou et commence à frotter son poing sur son cuir chevelu. Kate et moi nous jetons une œillade perplexe mais il ne nous faut pas longtemps pour comprendre puisque le jeune batteur, après avoir relâché sa proie, s'exclame avec enthousiasme :

- Comment tu vas sœurette ? On s'est pas vu depuis combien de temps ?

Je remarque alors les regards à la fois dépités et amusés des garçons.

- Trois jours Luk. Ça fait seulement trois jours. Mais t'as peut-être besoin de t'asseoir pour encaisser ? Ironise Kyle en passant un bras autour des épaules de son ami comme pour le soutenir.