L'oiseau rare

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Quand l'orgueil vient terrasser le cœur de l'homme et le dominer , il n'existe plus aucune ombre de rationalité et tous les sentiments deviennent intangibles. Entre beauté et hideur , blafards sont les mots qui volent des lèvres de l'orgueilleux. Gonflé de la poitrine d'un coq blessé dans son égo, Mr Jean Labobièche était ce genre d'homme remplis d'orgueil au point que la moindre humilité n'eusse été qu'un lointain souvenir dans son esprit dur et sec comme les vents de l'harmattan dans l'aride désert. Il était raffiné, mais raffiné comme l'un de ces aristocrates que même la poussière hésitait à frôler de peur d'enrayer l'élégance que même l'aigle, ce bel oiseau, envierait. Il aimait bien s'habiller de smoking dont les vestes avaient des airs de laticlaves...il faut se demander quel drogue fumait son styliste... Les matins, tout en fumant son cigare , il regardait rouler, tourner, trembler, vaciller , les fesses de ses nombreuses servantes choisies par lui-même au cours de nombreux entretiens dont les critères n'avaient complètement rien avoir avec le travail en question. Il avait donné comme principal critère que les filles qui se présenteraient devaient impérativement avoir des formes généreuses et des visages séduisants, aussi n'avait il pas oublié de faire coudre leurs uniformes de travail assez près du corps pour bien laisser paraître les formes... Le pervers ! Mais allons, comprenons le ! Il était assez jeune et séduisant lui aussi... Parmi ses servantes, il y en avait une qu'il affectionnait particulièrement. Elle avait les yeux bruns, une peau qui aurait pu être blanche mais à laquelle la noirceur d'un de ses parents avait donné une couleur " café au lait ", avec disons le un peu plus de lait que de café. Il en a fait sa gouvernante. Elle venait chaque soir lui rendre des comptes à huis-clos dans son énorme chambre luxueuse. Il l'emmenait parfois avec lui pour " gérer les affaires " , c'est comme ça qu'il appelait le travail. Et après un mois , les autres servantes ne la revirent plus dans la maison, si on peut appeler ce château ainsi. Mr Labobièche était aussi mystérieux qu'un fantôme, et tout comme le fantôme le faisait, il avait tendance à disparaître , et à réapparaître comme si de rien était. Laissant sa maison et ses bien-aimées servantes sans patron pendant des semaines, il réapparaissait comme si il n'était jamais parti. Des milliers de questions avaient trotté dans la tête d'Adjoua , la nouvelle gouvernante, mais jacqueline sa collègue n'avait pas manqué de lui rappeler qu'elle n'était pas payée pour se poser des questions mais plutôt pour bien superviser le bon fonctionnement de la maison et le nettoyage des cuvettes des toilettes , et de toute la maison d'ailleurs. Mais Adjoua , elle , savait que son contrat ne se limitait pas qu'à ça, mais aussi aux virées nocturnes certains soirs dans la chambre du patron pour entreprendre des envolées libidinales , qu'elle, ne le savait elle pas , n'était pas la seule à entreprendre d'ailleurs . Toutes ses camarades de travail passaient à la casserole à tour de rôle pour se faire cuisiner sans qu'aucune ne sache ce que les autres faisaient. Sinon, pourquoi des critères aussi précis et physiques ? Oui , il était très fort Mr labobièche ! Un vrai oiseau sauvage dont les désirs ne pouvaient être assouvis par une seule femme. Ce soir là, Mr jean Labobièche était rentré complètement ivre et Adjoua lui avait servi comme d'habitude sa sauce graine dont il raffolait tant. Après avoir gloutonnement avalé sa sauce accompagné d'une assiettée de riz bien cuit, il s'assoupit comme un bébé devant son énorme télé incurvée. Jambes écartées, bouche béante et ronflant comme un sale cochon puant , il laissait dégouliner de sa bouche sa bave qui coulait au pas d'escargot sur son menton jusqu'à s'écraser toute gluante sur le beau cuir du magnifique fauteuil dans lequel il s'était lamentablement échoué. On aurait dit que ce n'était pas le même Labobièche , le bel oiseau raffiné avait laissé place à une sale racaille dont la simple vue provoquait épouvantes, dédains et nausées. Ça, Adjoua y était habitué car Mr labobièche revenait souvent délabré et en loques de ses nombreux et mystérieux périples, mais jamais elle ne l'avait vu aussi ivre et misérable. Ivre , il ne l'était pas seulement d'alcool mais aussi et surtout de douleur et de malheur. Mais qu'est-ce qui avait bien pu lui arriver ? Les servantes se le demandait. Ce soir il n'y aurait sûrement pas de virée nocturne dans sa chambre, il était bien trop endormi comme un clochard dans le pauvre fauteuil qui supportait odeurs et baves incessantes. Et tout ça, ce serait à Adjoua et aux filles de le nettoyer le lendemain.

Le coq avait chanté jusqu'à craché toute sa gorge depuis 5h30 du matin, mais Mr labobièche était trop assommé pour daigner ouvrir une seule paupière. Il fallu qu'un gentil moustique aille chantonner une belle mélodie à ses oreilles pour qu'il ouvre ses gros yeux dormants rouges d'exaspération .
- Adjoua !
Pas de réponse.
- Adjoua ! Mais où est-elle encore passée avec ses grosses fesses d'éléphant ?!?
- Elle est allée au marché, répondis la plus jeune des servantes.
- Ah d'accord, passe dans ma chambre dans une heure, le temps que je prenne un bain rapide et...
- Ok Mr j'y serai !
La plus jeune ,Talima , n'était pas encore passée à la casserole et il faut souligner que Mr Labobièche était bien content car il allait pouvoir enfin goûter à la douce saveur de la jeune et belle Talima. Ah !! combien de fois avait il languit devant les hanches rondes et souples de Talima lorsqu'elle effectuait le ménage. Ses fesses flasques mais compactes ondulaient sous l'uniforme plaqué qu'elle portait contre son gré, et Mr labobièche avait transpiré et salivé devant tout ça. Mais malheureusement il avait dû s'absenter comme d'habitude et n'avait pas pu la manger. Mais là, il était de retour , et prêt à la cuisiner passionnément . Il était 10h30 et Adjoua n'était pas encore revenue du marché. Talima, avait bien attendu les une heure avant d'aller frapper à la porte de Mr Labobièche. Celui-ci s'empressa d'ouvrir la porte qui n'était pas fermée à clé d'ailleurs. Il l'invita à entrer. Elle hésita un moment, puis fit le grand saut. Toutes les filles de la trempe de Talima qui entraient dans cette chambre , faut il le notifier, si elle l'était, n'en ressortaient pas pucelles. D'ailleurs toutes les filles qui y étaient une fois entrées avaient déjà été faites femmes par d'autres hommes. Elle entra donc dans la chambre, ne se doutant pas une seconde de ce qui l'attendait. Mr Labobièche bavait déjà devant ce plat appétissant sans savoir qu'elle n'avait jamais connu d'hommes. Dans la chambre , tout s'est passé rapidement. Elle était ressortie en pleures et avait ramassé toutes ses affaires pour s'en aller de la maison. Mr Labobièche quant à lui , était resté abasourdi, assis sur son lit . Aucune femme ne l'avait déjà refusé de la sorte , aussi n'était il pas un violeur ! Il croyait qu'elle savait ce qui l'attendait mais il s'était retrouvé avec des griffures sur les bras pour avoir trop courtisé une jeune fille vierge pensant avec certitude qu'il allait la violer. C'est ainsi que Talima arriva chez nous un après-midi, après que ma mère l'ait rencontré en pleurs dans l'une des rues de la grande capitale. C'était la première fois qu'on avait une jolie servante chez nous et j'en étais bien plus que ravis ! C'était aussi la première et la dernière fois que Talima nous parla de Mr labobièche qui se remit probablement plus vite de ses égratignures que de son égo blessé et continua sa vie d'aristocrate, de fantôme et de cuisinier de servantes . Digne, fier et orgueilleux comme l'oiseau rare.

TOXICOS ( actualisé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant