Bleu - Orage (EN PAUSE)

XIII

4 février 2019

Nîmes

Pdv d'Amandine

Je pose mes mains sur le torse de Rémi et le force à reculer, sachant que s'il se fâchait trop, il pourrait être violent avec Vincent.

_ Qu'est-ce que vous en avez à foutre, de toute manière ? Ça vous a quand même pris quoi, 2, 3, 4 ? Non 5 putain de jours avant de venir vérifier hein.

_ Mais tu le fais exprès ou quoi bordel ! Tu-

_ Doucement ! dis autoritairement en coupant la parole à Rémi. Après tout, on s'emportait peut-être pour rien. Vincent, on a cru comprendre que tu étais très occupé ces temps-ci et on a peur que ce soit de la faute de ta nouvelle meuf, tu vois.

_ Puis, on veut pas que ce soit la même chose qu'avec Michelle, c'est seulement pour ça qu'on s'inquiète, tu comprends ? ajoute Sylvain, tandis que j'entends Rémi soupire derrière mon dos.

Je crois que si on laissait faire Rémi, Vincent se ferait démonter la gueule par des insultes et probablement aussi quelques coups de poing.

Ces deux gars-là avait beau être les meilleurs amis du monde, quand l'un agissait mal, l'autre le lui faisait savoir. Tandis que moi et Sylvain nous étions... plus doux, disons.

Mais même si je voyais peu à peu que Vincent se rendait compte de son erreur, je savais qu'il ne s'excuserait jamais.

Il avait trop de fierté.

_ Donc, est-ce qu'on peut simplement savoir pourquoi nous n'avions plus de nouvelles de toi ? demandais-je.

_ Mais Amandine ! Tu comprends pas que c'est parce que sa meuf est 110 fois plus importante que nous maintenant ? Et que nous on est tellement con qu'on va continuer d'essayer d'arranger les choses p'tain ! m'expliqua Rémi, et cette fois, s'en fut trop. Je le pris par Le Bras et le fit sortir de la pièce.

Je le pousse contre le mur et il me regarde droit dans les yeux, le regard rempli d'incompréhension mais aussi de haine. Je n'avais pas peur, je savais qu'il ne me toucherait pas, mais quelqu'un qui ne le connaissait pas aussi bien que moi aurait eu froid dans le dos.

_ Rémi, tu vas te calmer d'accord ? Soit tu respires et tu retrouves ton calme, soit tu pars et on te rejoint plus tard, compris ?

_ Me calmer ?!

_ Ouais, maintenant, tu restes ici, est-ce que je me suis bien fait comprendre ?

_ Ouais.

J'avais l'impression d'agir comme avec un gosse mais j'avais aussi l'impression de ne pas avoir le choix.

Je retourne dans le salon, où les deux autres autres garçons semblent s'être calmer, j'en suis immédiatement soulagée.

_ Maintenant que le calme est revenue, j'ai- et c'est à ce moment là qu'une blonde fait son entrée dans l'appartement. Putain j'y crois pas.

_ Oh... heuuu je dérange ? Attends- Ama' ?

_ Ju- Julie ? je bégaie en la voyant. Je- je dois y aller à plus les gars.

Je passe en trombe à côté de Sylvain et je bouscule légèrement Julie en sortant.

La revoir avait fait remonté de vieux souvenirs, et je me sens étouffé. J'arrive à peine à respirer, je l'impression que l'air qui me permet de respirer reste comprimée dans mes poumons.

Je sens une goutte de sueur perlée dans mon front tandis que je cours dans la rue, cherchant à m'éloigner au maximum de l'appartement de Vincent.

Je traverse 4, 5 puis je m'arrête après 6 pâtés de maison. Je m'installe dans un parc, sur un banc et je prends ma tête entre mes mains.

Les larmes commencent doucement à couler, et après un moment, je sens deux bras réconfortants m'entourer. J'inspire et reconnaît l'odeur de Sylvain.

_ Ne dis rien s'il te plaît, j'suis désolée, sanglotais-je.

_ C'est rien princesse.

Il embrasse mon front et je lève les yeux vers lui.

_ Merci.

***

J'arrive chez moi, toujours accompagnée de Sylvain. Ce dernier avait tenu à me raccompagner et qui m'avait gentiment offert sa compagnie pour le reste de la journée.

Bien évidemment, j'avais accepté.

Je vérifie donc que Octavio a tout le nécessaire, nourriture, eau et jouets, puis je monte dans ma chambre.

Je prends un jogging et crop top puis je vais dans la salle de bain, abandonnant complètement Sylvain dans le salon. J'ajuste l'eau presque brûlante puis je me déshabille.

C'est à peine si je me rends compte de faire tout les mouvements qui sont presque un automatisme. J'ai l'impression de regarder mon corps d'un point de vue extérieur.

Ma rencontre avec Julie m'a déboussolée.

J'ai simplement cru voir un fantôme, il devait y avoir une ressemblance, c'est tout.

Ça ne pouvait pas être elle.

C'est impossible.

_ Amande, l'eau chaude ! dit soudain une voix de l'autre côté de la porte.

_ Ouais.

J'arrête l'eau et sors, enroulant une serviette autour de mes cheveux, puis j'enfile mes vêtements. Je sèche à la serviette mes veux-che puis je sors de la salle de bain.

Je marche jusqu'au salon et je m'effondre sur le canapé, posant ma tête sur les cuisses de Sylvain. On finit par mettre un film et je lutte aussi longtemps que je le peux, mais le sommeil me gagne vite, trop fatiguée par les émotions d'aujourd'hui.

***

Je me réveille en sursaut, j'ai chaud, je tremble, j'ai froid, je sue. Un mauvais rêve, pour la troisième fois cette nuit déjà.

Je tends la main vers ma table de nuit et regarde l'heure sur mon iPhone, il n'est que 2h06 am.

Je soupire et m'oblige à quitter le lit avant de réveiller Sylvain avec mes mauvaises pensées ou mes mouvements brusques. Je sors de la chambre et marche jusqu'à la cuisine, où je me coule un verre de lait chaud.

Je le bois tranquillement puis je prends un sweat et m'installe sur la chaise du balcon. Mes réflexions reprennent aussitôt le contrôle de mon cerveau et le grille à petit feu.

Comment est-ce possible ?

On m'avait dit qu'elle était morte ?

Pourquoi est-elle revenue ?

Elle ne m'avait fait assez chier peut-être ?

Pourquoi partir de si loin ?

Pourquoi revenir me hanter ?

Pourquoi maintenant ?

Pourquoi ?

Pourquoi ?

Pourquoi ?

Simplement car tout allait si bien dans ma vie.

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1 006 mots

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Publié le 30 novembre 2019