Chapitre 6

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Jeudi 16 Décembre.

J'ai du me réveiller sous les coups de 9h, les rayons du soleil passaient à travers les volets, il avait l'air de faire beau. Je m'étirai, puis décidai de me lever. Je trainais des pieds, et j'avançais comme un zombie tellement j'étais fatigué. Je ne sais pas si je vais retourner en cours, je n'en ai pas envie, je ne m'en sens pas capable, et puis de toute façon je ne me sens capable de rien aujourd'hui. Je descends les escaliers tout doucement, comme si j'avais peur de me péter quelque chose, ridicule, je suis ridicule. Je me morfonds alors que je devrais les affronter après tout, mais je suis un faible. Dans la cuisine je croise le regard de ma mère, et à en juger son état, elle a bu. Il est 9h du matin et elle est déjà bourrée, de pire en pire. Elle me regarde, elle me détaille de la tête aux pieds, pendant au moins 5 minutes, puis elle daigne enfin ouvrir la bouche.

« Lou... Pourquoi t'es pas en cours ? C'est pas sérieux tu le sais ? Tu as des examens et... »

Elle ne finit même pas sa phrase, je souffle et lève les yeux au ciel, elle m'exaspère. Je verse des céréales dans un bol que j'ai attrapé dans un meuble au dessus de l'évier. Et pars m'installer dans le canapé, ou ma mère prend toute la place. Je soupire, et la pousse un peu. Elle grogne et se décale malgré elle. J'allume la télé et allume la PS4 puis prends un jeu au hasard. Je crois que j'ai passé ma matinée à faire ça. Vers midi j'en ai eut marre alors j'ai préféré laisser ma mère dormir sur le canapé et partir m'enfermer dans ma chambre. J'avais envie de parler à Harry, parce qu'après tout, il était le seul qui accepterait de me parler. Alex doit être surement en train de répandre des rumeurs plus horribles les unes que les autres sur moi, et Samantha doit bien évidemment y croire. Mais après tout je m'en fou, ils peuvent bien penser ce qu'ils veulent et me traiter de gay, ça m'est égal. Je pars m'allonger dans mon lit avec mon ordi, dans l'espoir que Harry me parle, car il est clair que je n'oserais jamais faire le premier pas. Puis après tout, c'est lui qui est sortit de nul part avec sa phrase là, moi je n'avais rien demandé. Après 10 minutes d'attente j'étais sur le point d'abandonner, quand j'entendis le « bip » qui signifiait que j'avais reçu un nouveau message.

« Louis.

-Oui Harry ?

-Ça va ?

-J'aimerais pouvoir te dire oui..

-Mais la réponse est non.

-J'ai besoin de parler. »

La demande de facetime retentit, il avait bien compris que je préférais en parler « face à face » -même si c'est à travers un écran-. Quand sa tête s'afficha sur l'écran, je ne pus m'empêcher de sourire, je ne sais même pas pourquoi, il est beau, et il me donne envie de sourire, c'est tout. Il resta silencieux pendant un moment, mais quand il vit que je ne parlais pas -parce que j'étais trop occupé à le regarder- il se décida à décrocher quelques mots.

« Je t'écoute Louis.

-Hm.. Je ne sais pas trop par où commencer.

-J'ai tout mon temps.

-Bon.. Alors. Tu vois, toute mon enfance, j'ai pensé que l'adolescence serait la meilleure période de ma vie, que j'aurais pleins d'amis, une nouvelle copine tous les jours, que je sortirais. Que j'aurais pas à réfléchir, que je me prendrais pas la tête et que je vivrais au jour le jour. En fait j'aurais voulu être un parfait bâtard populaire, comme les gens que je déteste tant maintenant. Je croyais que tout le monde m'aimerais et que j'aurais une vie de rêve, que je sècherais les cours, bon sur ce point là, c'est la seule chose qui s'est réalisé, que je me bourrerais la gueule en me jurant de ne plus recommencer, mais finalement recraquer le soir d'après. L'adolescence paraissait tellement magique quand j'étais gosse je te jure. Mais en réalité c'est pas ça du tout, en vrai c'est tout sauf ça. C'est la période la plus horrible, la plus dur à surmonter, on ne vit pas quand on est ados, on fait tout pour essayer de survivre. Parce que c'est ce que j'essaies de faire tous les jours Harry, j'essaies de survivre, tant bien que mal. Mais je crois qu'un jour j'en aurais marre, et que je lâcherais prise, même si je sais que la vie est un cadeau et bla bla bla. Et je sais aussi qu'une fois cette dur période passée, tout s'apaise. Que peut être dans 10 ans je serais le plus heureux du monde. Mais j'ai pas envie d'attendre 5, 10 ou 15 ans avant de savoir ce qu'est le bonheur et la joie de vivre Harry, j'en aurais pas la force. »

Je sais que mes mots étaient maladroits et mes phrases mal formulées, mais c'était sorti comme ça, les mots et les phrases étaient sortis en vrac, j'en avais besoin, j'avais besoin d'extérioriser mes pensées. Il resta de marbre, j'avais presque l'impression qu'il s'en foutait complètement de ce je pouvais lui dire. Il me regardait, ses prunelles vertes me scrutaient, mais il n'ouvrait pas la bouche. Je ne savais pas vraiment si je devais me taire et attendre qu'il réponde quelque chose ou si je devais parler. Le silence n'était pas si lourd que ça, mais j'avais l'impression de m'être pris un gros vent, enfin ce n'était pas qu'une impression.

« Harry ? Tu m'as écouté ?

-Oui.

-Ah.. »

Je soupirai, c'était sur maintenant, il s'en foutait complètement de ce que je venais de lui raconter, après tout il ne me connaît pas, c'est normal qu'il se fiche de comment je croyais que mon adolescence serait quand j'étais gamin. Mais ça me blesse, parce que même si je le connais depuis 2 jours, j'espérais trouver une sorte de réconfort, et qu'il saurait m'écouter, mais aussi me donner des conseils. Mais non au lieu de ça, il m'écoute, sans trop m'écouter non plus, il écoute d'une oreille, et me regarde. Il est beau, j'aime beaucoup ses bouclettes et ses yeux verts, même à travers l'écran j'arrive bien à les voir, ils brillent.

« Dis moi Harry..

-Oui ?

-Tu l'as refais ?

-De quoi ?

-Tu sais très bien de quoi je parle.

-Bien sûr, je te l'ai dis, ce sont comme mes meilleures amies, et on ne passe pas une seule journée sans elles n'est-ce pas ?

-Tu es bête.

-Je ne te permets pas.

-Je me permets tout seul alors.

-C'est toi qui est bête.

-Ah oui ? Et pourquoi ça ?

-Parce que tu es assez idiot pour croire que je n'en ai rien à faire quand tu me racontes ce que tu penses. »

Je baissai la tête, comment il savait ce que je pensais ? Il souriait, il a des petites fossettes, j'aime bien ses fossettes, elles sont jolies, pas autant que lui d'accord, mais elles sont mignonnes.

« Louis ?

-Hm... Oui ?

-Va en cours demain.

-Quoi ?!

-Tu dois les affronter tu sais, sinon ils penseront qu'ils ont gagné.

-C'est toi qui ose dire ça alors que je suis pratiquement sur que ça fait une éternité que tu n'as pas mis le nez dehors, et puis toi tu n'affrontes pas les gens non plus, tu te tailles les veines, tu crois vraiment que c'est à toi de me dire ce que je dois faire ? »

Il raccrocha. Je suis con, je suis qu'un con. Je savais que ce serait tout pour aujourd'hui, alors je partis prendre une douche puis m'engouffrai dans mon lit, parce que j'avais froid. Il était 19h mais j'étais fatigué, alors je commençai à fermer les yeux. Le bip de mon ordinateur retentit dans la pièce, mais j'eus la flemme de voir son message, je savais que je l'avais blesser, et que ce ne serait surement pas un roman d'amour, mais peut être des insultes ou un truc du genre. Un deuxième bip retentit. Cette fois-ci je me levai.

« Je te sauverais.

Même si t'es qu'un gros con.

-C'est pas moi qui a besoin d'être sauver Harry.

-Ça c'est ce que tu crois. »

Il était sur de lui, Louis avait besoin d'aide, besoin d'être sauver, parce qu'il allait sombrer, c'est juste qu'il ne s'en était pas encore rendu compte et préférait se voiler la face. Mais Harry, lui, il sera là pour lui.

Suicide room - LarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant