Chapitre 1 - Ancolie

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Mardi 22 décembre
    Je sais même plus pourquoi j'écris encore dans ce carnet. Bref, aujourd'hui ils ont recommencé... ils ne m'ont pas jeté par terre, mais ils m'ont craché dessus, quand je les ai regardé j'ai simplement eu droit à un regard menaçant. Je me suis essuyé la face et je suis rentrée à l'appart. Maman m'a dit que j'avais mauvaise mine, et elle a pas manqué de me faire remarquer que j'ai de nouveaux boutons sur mon visage. Enfin bref, une journée banal quoi ! Hehe. Plus sérieusement, je crois que mes prochaines notes seront probablement les dernières.

Je referme le carnet, le range, puis me mets sous la couette. C'est fou qu'il fasse aussi froid dans ma chambre, mais bon peu importe. Bientôt il n'y aura plus personne pour y dormir. Oh et puis j'en ai marre de cette voisine et le bruit de sa chasse d'eau ! Heureusement que j'arrive à trouver le sommeil...
Un bruit aigu me fait m'asseoir, je prends mon oreiller et le place sur mes cuisses, je plonge ma tête dedans, mais quand je la relève une puissante lumière m'agresse la vision. Une genre de sphère couverte d'un aura jaunâtre. "Dieu !?" Nan, haha ! Mais au moment où je l'ai pensé, la boule s'est mise à parler ! Mais je n'ai strictement rien compris...
Et, pouf, je me réveille, moi et mes rêves ! hehe ! Bon, c'est pas tout, mais mon alarme est calmement en train de me gueuler que dans une heure j'ai cours.
Évidemment ma "Morning routine" ou routine matinale est très stressante et représentative de ma vie. D'abord je mets au moins dix minutes à émerger, ensuite maman vérifie bien que je suis réveillé, après je me lève, prends mes vêtements et me dirige vers la salle de bain, et c'est là que j'aperçois la médiocre reine Julia, ma sœur, ma grande sœur ! Enfin, pendant que mademoiselle se maquille, moi, je prends ma douche puis applique les crèmes et produits que maman souhaite que je prenne et utilise matin et soir. Bref me voilà fin prêt à aller au lycée.
Depuis le lycée, tous les matins j'ai peur de me tromper de chemin pour me rendre là-bas, car je suis contraint d'éviter ces gars, ces derniers temps c'est devenu tendu... voir dangereux. Alors j'ai opté pour un chemin plus "safe".
À chaque fois que je me retrouve à l'entrée du bahut mes jambes hésitent à y aller, et en même temps j'ai un gain de bravoure qui m'oblige à porter le masque. Mais je suis toujours entré. J'y retrouve mes amies, elles sont mon épée mais pas ma plume, elles m'aident autant qu'elles me posent problème. Je suis pas sûr que ma bisexualité me définisse, pourtant ma vie scolaire ne se résume qu'à ça ! Entre les filles qui ne parlent que de garçons et les garçons qui ont peur de m'accepter dans leur monde par honte. Les cours permettent au minimum que je fasse une pause. Parce que le plus dur est à la cantine. Dans mon groupe je suis le seul à manger à la cantine. Et bien ça implique que en entrée j'ai droit à des moqueries et en dessert à des rires intenses avec un ton pervers et macabre. Et ma digestion est plus discrète, elle se fait en cours, le même cours où des mots circulent. Des mots qui parlent de moi, de rumeurs sur moi. Une digestion lente qui s'achève par la grosse commission, enfin ce que je veux dire c'est qu'après les cours, je pars dans mon petit coin secret. Un lieux où les murs n'ont d'oreilles que pour mes maux. Dans cette endroit je peux ruminer seul, ça ressemble à une cabane abandonnée, un héritage de mes prédécesseurs. Sauf que je sais que maman s'inquiète vite alors je rentre assez tôt. Bien sûr en entrant je retrouve mon père...sans commentaire. Bref, me voilà dans ma chambre. J'ai l'impression que le monde me tourne le dos, même si c'est moi qui ferme ma porte. J'ai l'impression que les devoirs sont de moins en moins adaptés au niveau de concentration de cette génération. J'ai l'impression que l'espèce humaine touche à sa fin ; et si je sauvais le monde ? Nan... j'ai pas la foi de faire des sacrifices pour. En même temps j'ai plus rien à perdre...
Enfin bref j'ai pas fini mes maths.

Mercredi 23 décembre
    Je devrais écrire jusqu'à mon dernier jour sur terre, histoire que quelqu'un sache ce que j'aurai vécu. Aujourd'hui était comme d'habitude. Noâm ne m'a pas menacé pour une fois, ni frappé, pourtant j'ai eu droit à mes insultes quotidiennes. Je crois être triste, ou frustré. Il a l'air de me porter moins d'attention, j'ai peur que mes sentiments ne s'accentuent. Il m'a toujours harcelé, et j'ai toujours été amoureux de lui. C'est malsain. Allons bon, mon sanctuaire a reçu une petite visite, j'ai de la concurrence haha ! Mais du coup ça m'empêche d'y aller pour y vivre mes derniers instants. Je me demande ce qui pourrait m'aider à aimer la vie. Me faire considérer comme un mec, et avoir plus d'amis masculins peut-être. Je sais pas trop, je suis décidé à le faire et puis j'ai un tas de signes qui m'indiquent de le faire: ma camarade qui est portée disparu depuis lundi matin, le putain de ministre qui a décalé nos vacances, comme si j'avais envie de fêter Noël au lycée ! Mouais c'est décidé, je fais ça dimanche, mais comment !? Comment est-ce que je peux m'y prendre pour mourir ?

🖤 ᴄᴏɴᴛʀᴀsᴛᴇ 🖤       (en pause) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant