Reviens Moi [Two Shot]

Je reviendrai

Au delà de l'horizon, le vent soufflait sur cette mer lointaine, de laquelle émergeait une île isolée.
Au bord des immensités rocheuses s'élevant dans le ciel brumeux, se tenait droit, le regard plongé dans cet infini azur nébuleux, un homme dont le long manteau noir ondulait avec la brise.

« Je reviendrai, un jour, je te le promets. Mais pas tout de suite, il est encore trop tôt. Je te devrais des explications, je sais ; et des excuses aussi. Des excuses pour ce que j'ai fais. Comprendras-tu mon choix ? Me pardonneras-tu ma décision ? Tu es tellement imprévisible que je n'arrive même pas à imaginer ta réaction. Mon esprit est encore embrumé par ton sourire hypnotisant. On dirait bien que, où que j'aille, je ne peux me défaire de cette délicate image, gravée au creux de ma mémoire.

Le plafond de la salle des enchères venait de s'effondrer. Je ne te connaissais pas encore assez bien à l'époque, mais aujourd'hui je peux affirmer qu'il n'y avait que toi pour faire ça, n'est-ce-pas ? La discrétion n'a jamais été ton fort j'imagine... Je reconnais que j'étais curieux de te voir de mes propres yeux, pour confirmer si les rumeurs te concernant étaient bien vraies. Si tu étais aussi imprévisible et tumultueux que ce que racontaient les journaux. Pour une fois, ces derniers ne mentaient pas. Tu avais attiré beaucoup d'ennuis à ton équipage et toi, pour pouvoir sauver votre amie la sirène. Sans parler du coup de poing sur le Tenryūbito... Je ne peux m'empêcher d'esquisser un sourire. Je me demande encore s'il fallait être complètement inconscient ou parfaitement censé pour oser faire ce que tu avais fait. Un peu des deux sûrement. Tu as toujours été, et, resteras, ce mélange de génie et de folie indescriptible et incompréhensible, à mes yeux en tout cas.

Je ne sais pas ce qu'il s'est passé pour toi ensuite. J'en ai déduis plus tard que tu avais été séparé de tes compagnons. Puis j'ai appris que tu avais tenté de faire évader ton frère en t'infiltrant dans la prison d'Impel Down. Même si tu n'étais pas parvenu à le retrouver à temps, tu réussis quand même un exploit : celui de s'enfuir de cette prison considérée comme étant la plus sécurisée du Gouvernement Mondial, dont un seul un homme avait réussi à s'échapper auparavant. Et ce n'était pas le premier exploit que tu réalisais, oh non. Depuis que tu t'es aventuré sur ces vastes mers, tu n'as cessé d'impressionner le monde entier, n'est-ce-pas mugiwara-ya ? Tu n'as cessé de m'impressionner, moi. Et pour cela, tu garderas toujours ma plus tendre admiration, et mon plus profond respect. Et ce respect envers toi n'a fait que grandir, jour après jour.

Lors de la diffusion de la Guerre au Sommet, depuis Marineford, je t'ai aperçu, une fois encore. Quelque temps seulement après l'incident sur l'Archipel des Sabaody, je te revois au milieu de cette guerre qui a marqué à jamais l'histoire de la piraterie. Car lorsque tu as une idée en tête, tu n'abandonnes jamais, n'est-ce-pas mugiwara-ya ? Est-ce que cela s'appelle être déterminé ou bien borné ? Encore un peu des deux, comme toujours. Et ce jour-là, tu étais déterminé à sauver ton frère, je le sais. Comme je sais, je connais, la culpabilité qui t'a accablé, lorsque tu t'es rendu compte que tu avais échoué, que tu n'avais pas réussi à sauver cette personne, si chère à tes yeux. Oui, je connais aussi ce sentiment amère, qui tord ton cœur, te noie dans les regrets et le chagrin, tout en brûlant les miettes d'espoir qu'il te restait encore. Oui, je connais ce désespoir, ce vide, ce néant, qui s'empare de toi pour te faire sombrer. Et c'est parce que je connais tout ça, que je n'ai pas voulu t'abandonner à ton sort. Comment aurais-je pu ? Comment aurais-je pu laisser mourir une personne envers qui mon admiration ne cessait de grandir, en même temps qu'un autre sentiment... bien plus particulier ? Un peu plus tard, lorsque Emporio Ivankov m'avait demandé la raison de mon geste, j'ai répondu simplement que je n'avais aucun réel motif, qu'un pirate agissait comme bon il lui semblait ; car, au fond, comment aurais-je pu avouer mes réelles motivations ? Quand j'y repense, je me sens bête. Toi, tu aurais plutôt été du genre à dire tout haut ce que tu pensais, n'est-ce-pas mugiwara-ya ? D'un côté, j'imagine que c'est plus simple de cette manière...