Cirque de Titans

Chapitre 3: Quand l'amour naisse...

L'amour dicte parfois sa loi. Les hommes ne sont que apprentis de leurs sentiments. Aimer et être rassuré qu'on est bien aimé en retour est une sensation forte et unique. En sus de cela, la responsabilité d'entretenir une relation amoureuse pleine de bonheur est tout à fait énormissime. La souffrance en amour n'est que optionnelle. Personne n'aime pour être blessée. C'est une grande espérance qui épilogue la vie d'un amoureux. Mais, l'indifférence est sa seule douleur. Cela découle d'un malheur insaisissable. En fait, entre l'amour et la haine il n'y a qu'un pas, disent-ils. Et Lara Fabian d'y ajouter :" Dans ce silence amer j'ai décidé de pardonner les erreurs qu'on peut faire à trop s'aimer ". Tout a des limites, même l'amour.
Parfois, l'erreur que commettent certains en amour c'est qu'ils considèrent qu'en force de chercher le bonheur, ils adonnent aux exigences du désir. Pour eux, le plaisir est le chemin du bonheur et c'est tout à fait le contraire. Le plaisir est éphémère en sus d'être superficiel tandis que le bonheur est à l'intérieur. Il est la quiétude de l'âme, l'havre de paix du cœur et le respect de l'autrui. Tout cela est en effet le fruit d'une conscience éduquée et d'une morale civilisée.

Médoune était étonné par la réaction de la fille. Mais trouvait cela un peu bizarre voire embarrassante.
- Mademoiselle je vous parle. Comment te nommes-tu ?
- Excusez-moi. Mon nom est Salmane Monteiro.
- Monteiro ! Ça me rappelle le nom d'un artiste d'origine cap-verdienne. Tu viens de ce pays.
- Oui ! Je suis d'origine.
- Ok ! Bienvenue chez nous.
Ainsi, il continuait à mentionner les noms des élèves à qui, ils forment le même groupe.
Salmane n'arrive toujours pas à réaliser ce qui lui venait d'arriver. Étant animée constamment par le désir de connaître personne qu'on a tant voulu se rapprocher, vient de te parler pour une première fois. En revanche, elle décide de laisser un peu de temps, histoire qu'elle connaisse mieux le gars.
Après avoir étaient réuni pour le même travail, ils devront traiter un thème bien d'actualité:
« La Négritude n'est-elle pas un refus de l'aliénation culturelle ? »

Jules est dans l'autre nouée. Même s'il voulait être dans le même groupe que son ami, le sort ne lui était pas favorable. Médoune se moquait de lui.

Mais rien n'est hasardeux dans la vie si l'on croit l'adage. C'est juste l'ignorance de la cause.
À l'heure de la descente, juste au seuil de la porte de la classe, Médoune fait tomber involontairement la bouteille d'eau de Salmane. Cette dernière crie et commence à se prendre la tête mais elle n'a guère su que c'était lui, sa cible.
Et Salmane sort de ses gons comme presque toute jeune fille capricieuse. Elle est naturellement impulsive.
- Hoho! Quel laxisme ! T'as cassé ma boutte!!! Tu ferais mieux regarder là où tu passes. À quoi sert tes yeux.
- Tu as parfaitement raison. Excusez-moi.
- Arrête ! Elles ne répareront pas ma bouteille. Tes excuses de bidon.
En se relevant, elle voit Médoune devant lui.
- Hééé ! C'est toi.
- Oui ! Accepte mes excuses s'il vous plaît.
- Ce n'est pas si grave. Excuses acceptées.
- Tu es vraiment gentille. Tu vas à l'arrêt du minibus ?
- Malheureusement non ! En fait c'est mon père qui va venir me chercher.
- Ok ! Laisse-moi te tenir le sac jusqu'àu portail.
- Avec plaisir. Tu es galant. Merci.
- De rien. De nos jours vous pensez que les hommes ne sont plus galants.
- Et c'est le cas. La galanterie est un mystère chez vous.
- Non c'est la moindre des faits. C'est un manque de connaissance en termes de femme seulement. Si l'homme connait bien la valeur de la celle-ci, il serait toujours à ses moindres services.
- Au moins quelqu'un est conscient de cela.
Les deux papotent et en rirent de leurs blagues.
Du coup, une voiture de marque, un Ranger Rover noir aux vitres teintés se gare devant eux et klaxonne fort. C'est le père de Salmane.
Il est là. Je vais prendre la tangente. À demain. Dit-elle.
- Ins'allah. Portes toi bien.
Du moins que l'on peut dire l'échange entre les deux laisse croire qu'une parfaite entente est née. Elle peut bien réserver des surprises.
Médoune quant à lui, arrive à l'arrêt du minibus. Son ami Jules l'attendait impatiemment.
- Bro ! Qu'est-ce que tu faisais ? C'est pas croyable avec toi.
- Boy ! Je sais. Pardon. J'accompagnais la miss de notre classe.
- D'après ce que je sais l'école n'a jamais organisé un concours de beauté.
- T'es erroné toi ! Elle est la plus belle de la classe.
- Tu parles de qui toi ?
- Salmane ! Elle est sublime.
- Boy ! C'est très tôt. C'est notre première entrée officielle. Et là tu connais une fille et tu la trouve si belle. Reviens sur terre. Je vois l'amour dans l'air. Ne serais-tu pas amoureux ?
- Je ne suis pas aussi sûr que toi. Je ne le pense pas. Laissons le temps suive son cours et qui vivra verra.
- En tout cas tes yeux disent le contraire.
- Qu'est-ce tu racontes ?
- Ils pétillent d'amour. Il n'y a rien de mal de tomber amoureux. Mais n'oublie pas que ce sont les études qui doivent impérativement primer. Pour rappel nous sommes à notre première année du lycée, l'une des plus importantes.
- Aucun doute. On reparlera de ça.

Les deux avaient pris un bus « Dakar Dém Dikk ». Jules habitait à une cinquantaine de mètres de la concession de Médoune. L'embouteillage était artoce et pénible. Rien ne bouge enfin de compte. L'odeur de la chaleur humaine remplissait le bus. Et pire encore quand on reste debout pendant des heures. Un problème éternel à Dakar !
À cette heure même, hommes et femmes, enfants comme adultes, le bruit des pas arpents et celui des vrombissements des véhicules définissaient le rythme infernal de la capitale sénégalaise. Chacun se penche vers sa direction. Difficile pour un étranger de s'y adapter. En saison sèche comme hivernage, d'été de même qu'automne, les activités sont de plus en plus rudes. Une pensée à cette mère de famille qui se cache derrière une parapluie s'adonnant à un petit commerce, rangeant des produits confectionnés de nature différente sur une petite table crevante. C'est ainsi qu'elle espère satisfaire les besoins de premier rang  de sa famille. Je compatis particulièrement le destin de cette mère de famille qui se tue pour la dépense quotidienne, s'occupant d'un mari retraité et alité pendant des années et assure les quelques pièces pour le prix d'usager de ses enfants. Que c'est difficile. Mais, il faut se contenter de ce que l'on a si on veut l'apprécier. Le célibataire souhaite se marier alors que le marié veut divorcer. Le travailleur se plaint de son boulot tandis qu'un chômeur rêverait de l'avoir. Ta situation ne te plaît point car tu sens qu'elle est précaire et en même temps un milliardaire est cloué dans un lit d'hôpital ne pouvant même pas avaler une moindre cuillère de soupe. Mahatma Gandhi disait: " Ta plus grande richesse est ta santé ". La poubelle de certains est le restaurant des autres. Ainsi de suite... Apprenons à vivre selon les pouvoirs de nos moyens. Le pauvre n'est pas forcément celui qui ne trouve rien à mettre sous la dent mais plutôt celui qui craignent que les autres réussissent et pas lui. Elle est d'ordre divine.

Diarry vient aussi de rentrer. Elle et moi prenons ensemble le déjeuner avec maman. Un bon plat " Thiebou Djeunne " était au menu. Notre mère est un cordon bleu. Elle cuisine affectueusement bien pour nous.
Diarry : C'est succulent maman.
Mère Rokhaya : Ma fille je cuisine mieux que toi.
- Non ! C'est juste bon mais je ferais plus bon que toi.
- Médoune est le juge maintenant.
Dit, qui cuisine mieux entre nous.
Médoune avec beaucoup d'ironie et de comédie départage les deux.
- Après avoir goûté un tel plat, le verdict sera rendu sous peu de temps. Mais avant, Diarry doit préparer le dîner et je rendrais la sentence. Je pense que les deux camps ne trouvent aucun inconvénient à cela.
Mère Rokhaya et Diarry rient fortement et sont d'accord avec lui.
Oui ! On est d'accord, disent-elles.
- Qui sera l'heureuse élue ?
Après le déjeuner, Médoune apporte le théière et les tas pour préparer du thé. Le thé, un excitant tant adoré par les sénégalais. On le voit pratiquement tous les jours à chaque heure sous les rondes des palabres et dans les maisons. C'est plus qu'une simple dose concentrée pour assouvir une addiction quotidienne.