Cher journal,
J'ai le profond regret de t'annoncer le décès d'un grand homme du Reich. En effet, le 27 mai dernier Reinhard Heydrich, adjoint direct d'Heinrich Himmler et homme de confiance de notre Führer, a été lâchement attaqué alors qu'il se rendait dans ses bureaux de Prague. Il était le Protecteur du Reich en Bohême-Moravie mais également le chef de l'Office central de la sécurité du Reich.
Plusieurs hommes ont tenté d'attaquer sa voiture et l'un d'entre eux a lancé un engin explosif qui l'a gravement blessé. Malgré son rang, Heydrich refusait d'être protégé à outrance et cela lui a coûté la vie !
Je ne m'en remets pas. Cet homme était un militaire brillant et un fantastique politicien. L'année dernière, Hitler l'avait nommé adjoint du gouverneur du protectorat de Bohême-Moravie en congé de maladie. En effet, la population tchécoslovaque refusant d'obéir aux injonctions de nos dirigeants, il était urgent de réagir. Plus de quatre cent personnes ont été exécutés dans les deux mois qui ont suivi l'arrivée d'Heydrich. Puis, il a entrepris, avec succès, de vider le pays de sa population juive.
J'espère de tout mon cœur qu'une chasse impitoyable sera menée afin de retrouver ses assassins et qu'ils seront punis comme il se doit. Je fais confiance aux services du Reich. Je sais que ces hommes vivent leurs dernières heures de liberté.
Au moins, en ce qui concerne les différents fronts, tout va pour le mieux. Nous contrôlons la majorité des territoires en Europe et, dans le Pacifique, le Japon ne cesse d'étendre sa suprématie. Cela attenue un peu la peine qui m'étreint le cœur.
Ces derniers jours n'ont décidément pas été de tout repos. En effet, j'ai eu la désagréable surprise de découvrir que Käthe, cette jeune femme dont j'ai fait connaissance l'hiver dernier, envoyait des lettres à d'autres officiers de Dachau. Pire encore, elle a tenté de séduire l'un de mes plus proches amis. J'ai eu une très longue discussion avec Gerhard : il m'était inconcevable de fréquenter une femme indigne de confiance. Ce dernier était désolé d'apprendre cette cruelle déconvenue et il m'a assuré de son soutien indéfectible. Comme il me l'a souligné à plusieurs reprises, il me considère comme son fils depuis mon mariage avec Christa. Et, même si ma tendre épouse n'est plus de ce monde, Gerhard m'a certifié que je ferai toujours partie de sa famille.
Bien que réconforté par ses paroles, j'ai posé un constat amer : j'ai vingt-six ans, je gravis petit à petit les échelons de la SS mais je suis toujours célibataire et sans postérité. Je me suis fixé un ultimatum : dans deux ans, en juin 1944, je serai marié et père. Il ne peut en être autrement. Je suis l'un des rares officiers du camp dans le cas et il s'agit pour moi d'une abominable humiliation qui doit cesser au plus vite. Dieu merci, parmi mes amis proches, je peux compter sur des officiers qui occupent des postes à très haute responsabilités dans la SS. Dès demain, je compte leur faire part de la situation précaire dans laquelle je me trouve. L'un d'entre eux me doit d'ailleurs un service depuis que j'ai facilité le recrutement de son jeune frère au sein des services administratifs du camp. Il est grand temps que je réclame mon dû.
En me remémorant la soirée au cours de laquelle j'avais fait la connaissance de Käthe, je me rappelle d'une demoiselle à la tenue irréprochable et au maintien parfait. Ses yeux bleus et sa magnifique chevelure blonde m'avaient profondément marqué. Hélas, je n'ai pas eu l'occasion de faire sa connaissance et j'ignore même son nom. Gerhard était avec moi, il se rappellera peut-être d'elle ?
Werner.
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Pauvre petit Werner, le voilà à nouveau en deuil... (notez l'ironie de cette phrase...)
Il a beau avoir une grande gueule (si si ! ), progresser à vitesse grand V dans la hiérarchie SS, avoir le physique du parfait aryen, il n'est pas vraiment en réussite du côté de sa vie sentimentale.
Mais ne vous inquiétez pas ! Vous commencez à bien le connaître, n'est-ce pas ? Il va tout mettre en oeuvre pour gommer cette abominable humiliation, on peut lui faire confiance !
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Le journal de mon grand-oncle Werner {M/M}
Historical FictionDans la famille Von Neurath, il y a des sujets qu'il n'est pas bon d'évoquer, comme Grand-Père Friedrich ou Grand-Oncle Werner. Un jour, lorsqu'elle fait un peu de rangement dans le grenier de la maison ayant appartenu à sa défunte grand-mère patern...