chapitre VIII : i've never fallen from quite this high...

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... falling into your ocean eyes

Après cet épisode, Kolya et moi avions commencé à nous parler tout le temps. Je passais mon temps sur mon téléphone, à répondre et ses messages et à l'appeler. Nous continuions de nous voir en dehors de la thérapie, et passions celle-ci soudés l'un à l'autre.

Il était venu chez moi. Nous nous étions allongés sur le lit, la chambre plongée dans le noir à l'exception des étoiles. Je lui avais raconté toutes les légendes que je connaissais. Il les avait écoutées avec une dévotion sans faille. Lorsque ma mère était montée, elle avait été surprise de nous trouver là. Kolya avait dîné avec nous, ce soir-là. Il avait animé le repas avec son magnétisme solaire et son rire communicatif. Plus tard, il m'avait confié qu'il aurait aimé que les dîners avec sa famille fussent comme ceux de la mienne. Je n'avais rien répondu, mais avais serré sa main dans la mienne.

J'avais voulu lui jouer du piano, cet après-midi là, mais il avait refusé. Il me faut bien une raison pour revenir, m'avait-il dit les yeux brillants. J'avais secoué la tête et levé les yeux au ciel, mais je réprimais un sourire à en faire pâlir le sien.

Il était facile d'oublier l'âge de Kolya ; je ne pensais jamais au fait qu'il avait deux ans de plus que moi. Il ne semblait jamais ennuyé en ma présence. La sienne m'apaisait, et j'en ressentais les effets même longtemps après qu'il fut parti.

J'allais chez Kolya, ce matin-là. C'était un jeudi. Il faisait beau, alors nous allions au parc.

Kolya vint me chercher en voiture. Je lui souris en me glissant sur le siège passager. Il attendit que j'eus bouclé ma ceinture, et démarra.

« Tu peux mettre de la musique, si tu veux. »

Je me penchai immédiatement pour fouiller dans ses CDs. Sa boîte à gants en était remplie - l'un d'eux tomba sur mes genoux lorsque je l'ouvris.

Torn_Natalie Imbruglia

Je souris en voyant qu'il s'agissait de Left Of The Middle. Je le glissai dans le lecteur. Les premières notes de Torn résonnèrent. J'adorais cette chanson. Kolya sourit quand il entendit la voix claire de la chanteuse. Il fredonna la mélodie, et j'observai son profil. J'adorais le regarder conduire. Au refrain, il commença à chanter. Sa voix se mélangeait extraordinairement bien avec celle de l'artiste.

« I thought I saw a man brought to life », commença-t-il avec une voix de fausset.

« Kolya ! », m'exclamai-je en riant.

« Quoi ? », sourit-il, fier de lui.

« Ne te moque pas de sa voix », ris-je.

« Je ne me moque pas », répondit-il avec son sourire en coin.

Je secouai la tête et levai les yeux au ciel, sans cesser de sourire. Kolya continua de chanter d'une voix aigüe.

« He showed me what it was to cry. » Sa voix craqua un peu, et il tourna sa tête vers moi. « Well you couldn't be that man I adored », chanta-t-il doucement, de sa vraie voix, sans me quitter des yeux. Je lui souris, et il me le rendit, avant de détourner le regard. Il chantonna le reste de la chanson, sans plus modifier sa voix. Il me sembla voir une larme briller dans ses yeux, mais je clignai et elle disparut. L'atmosphère resta douce-amère pour le reste du trajet.

Il se gara près du parc, et fit le tour de la voiture pour m'ouvrir la portière. J'acceptai avec joie la main qu'il me tendit pour m'aider à descendre et qu'il garda dans la mienne après avoir verrouillé la voiture.

Nous nous installâmes sur le banc en face des balançoires. Kolya, assis sur le dossier, sortit son paquet de cigarettes, et le posa en équilibre sur sa cuisse.

Toutes les étoiles meurent un jourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant