chapitre XII : you go, followin' flights to the stars

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Et puis, tout ce pour quoi je n'étais pas prêt s'était amorcé.

Kolya avait arrêté d'aller aux thérapies. Il sortait à peine de sa chambre, trop faible pour marcher.

Et il souffrait. Il souffrait tellement - je le gardais parfois blotti contre moi, le berçant comme un enfant, alors qu'il pleurait et me suppliait d'éteindre le feu dans ses veines et de chasser la douleur. Je lui disais tout ira bien, mon amour, tout ira bien je suis là.

Il se réveilla, la tête au creux de mon cou. J'embrassai son front. Une légère brise entrait par les fenêtres ouvertes. Il remua lentement, soupirant doucement.

« J'ai arrêté, tu sais », chuchota-t-il de sa voix cassée, les yeux fermés.

« Arrêté quoi mon ange ? », lui demandai-je d'une voix douce, en respirant l'odeur de son shampooing.

« De fumer. »

Je me redressai, surpris, mais il laissai échapper un gémissement de douleur alors je me rallongeai aussitôt, lui murmurant mille excuses.

« C'est vrai ? »

Il hocha la tête, ses cheveux me chatouillèrent le cou, puis il embrassa ma peau.

« Je t'avais promis. »

Je resserrai mon étreinte autour de lui.

« Je t'aime. »

Il sourit contre mon cou.

« Je t'aime. »

⋆⋆⋆

Je souris comme un enfant en sortant le vinyle de sa pochette.

« Qu'est ce que tu as choisi ? », me demanda Kolya depuis son lit. Il était en meilleure forme depuis quelques jours. Je croisais les doigts pour que cela durât. Je lui fis un clin d'œil, et positionnai le diamant.

(ocean eyes_billie eilish)

Je sautai sur le lit et embrassai ses lèvres, avant de chantonner les premières paroles.

« I've been watching you, for some time ; can't stop staring at those ocean eyes »

Il sourit, et ses yeux bleus brillèrent de cet éclat spécial que j'aimais tant. J'étais si proche de lui que je distinguais toutes les nuances d'océan qui s'y trouvaient ; il me sembla qu'il n'avait pas de fond.

Il battit des paupières et leva sa tête pour embrasser mes lèvres à son tour. Je me laissai faire, hypnotisé. Il me fit basculer sur le dos, se retrouvant au-dessus de moi, et je ris contre ses lèvres. Il m'embrassa longtemps, battant des paupières entre chaque baiser pour me regarder. Il finit par enfouir sa tête dans mon cou et je le tins contre moi, frissonnant lorsqu'il embrassa la peau sous ses lèvres.

Mon regard tomba sur sa fresque à l'aquarelle. Je contemplai les couleurs et le dessin, fasciné.

« Pourquoi cette plage ? », lui demandai-je. Il leva la tête et laissa ses yeux trainer sur elle un instant, avant de replonger dans mon cou.

« J'ai toujours voulu mourir sur une plage comme celle-là ; les pieds dans le sable et en contemplant le soleil. Alors j'ai peint la mienne, si près de moi que je n'ai qu'à lever les yeux pour sentir le sable entre mes doigts et la caresse du soleil sur mon visage.  Si je ne peux pas mourir au coin d'une plage authentique, eh bien je veux mourir ici. »

Je resserrai ma prise autour de lui, toute joie disparue. Nous restâmes un moment ainsi, perdus dans l'étreinte l'un de l'autre, sans piper mot. Puis il redressa et me sourit, avant d'embrasser ma joue et de se lever soudainement.  Il fouilla dans son carton de vinyles, avant d'en sortir un, un large sourire aux lèvres. Il le posa délicatement sur sa platine, souleva le bras et le posa sur le disque.

Toutes les étoiles meurent un jourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant