épilogue : he watches over everything we see

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(He lives in you_Broadway Cast)

« Il m'a dit une chose, un jour, que je n'ai pas comprise - ou n'ai pas voulu comprendre. Ce n'était pas n'importe quel jour ; c'était son dernier. Il s'est éteint dans mes bras, cette nuit-là. À l'aube. Je crois qu'il le savait, en s'endormant, que ce serait la dernière fois. J'en suis même presque sûr. Il souffrait tant, mon bel amour, et bien que cela lui déchirait le coeur, et le mien, je sais qu'il était soulagé. Il était en paix, heureux, et aimé ; je crois que rien d'autre n'importait.

Ce soir-là, il m'a dit de faire attention à ne pas manquer la beauté collatérale. J'ai passé des nuits et des nuits à retourner cette phrase dans ma tête, la détestant, parce qu'il n'y avait rien de beau dans sa mort, absolument rien. Cette phrase m'a rendu fou de rage et de tristesse - une des dernières qu'il ait jamais prononcées. Parce que je suis vide sans lui, comme une étoile morte.

Je crois que j'ai compris, maintenant. Ce n'est pas sa mort qui est belle. C'est tout ce qui reste. Tout ce qui subsiste après lui. Toute la vie qu'il y a, après sa mort. Sa mère m'a donné sa collection de vinyles, son tourne-disque et ses aquarelles ; je pleure toujours quand j'écoute Youth et quand j'ouvre ses boîtes pleines de couleurs. Ses yeux bleus me hantent ; je crois que je n'oublierai jamais leur nuance et leur brillance, et j'en suis heureux. Je me rappellerai toujours du jour où il a peint sur moi ; et son dessin de moi sera toujours accroché au mur de ma chambre, qu'importe où je sois. Je ne regarderai plus jamais les étoiles sans penser à lui. Il était mon étoile, et il le restera toujours.

Il me manque. Il me manque à m'en crever le coeur. Parfois son souvenir - que je hais ce mot, pour parler de lui - se rappelle brutalement à moi et mon souffle se coupe, je suffoque et ne peux plus respirer. C'est ce que je ressentais, chaque fois que je le regardais, et qu'il me disait je t'aime en retour. Et je savoure cette sensation, qui seulement me rappelle ô combien nous nous sommes aimés. Il me manque dans tout ce que je fais. Tout ce que je pense. Il me manque, tout le temps. Et il me manquera toujours. Mais je l'ai finalement accepté. J'ai accepté ce manque qu'il a laissé en moi et que rien ni personne ne comblera jamais. J'ai accepté sa mort, aussi cruelle qu'elle fût-ce, parce qu'elle fait partie de lui, et qu'il n'y a rien en lui que je n'adore pas. Je lui ai toujours dit que rien ne m'empêchera jamais de l'aimer - que je lui étais acquis, quoi qu'il pût arriver. Nous avons toujours tenu nos promesses ; ce n'est pas aujourd'hui, ni demain, ni jamais, que je cesserai. J'aimerai toujours Kolya - après sa mort, et même la mienne.

J'ai repris mes études. Petit, je voulais être médecin. Je ne veux plus entendre ce mot, maintenant. J'ai choisi lettres. Kolya m'avait confié, un jour, que c'était ce qu'il aurait aimé faire, s'il l'avait pu. Il adorait la littérature, l'étude des civilisations anciennes et de la langue. J'ai l'impression de le garder plus près de moi en étudiant ce qu'il aimait. Le soir, à ma fenêtre, je lui raconte toutes les histoires que je découvre. J'aime l'imaginer, par terre dans sa chambre, m'écouter en souriant malicieusement et me regarder avec ses yeux bleu pétillant.

J'avais dix-neuf ans quand j'ai rencontré Kolya. Aujourd'hui, j'en ai vingt-deux. Peut-être qu'un jour je rencontrerai quelqu'un que j'aimerai assez pour garder - c'est ce que Kolya aurait voulu, je le sais, même si je ne l'ai jamais laissé me le dire. Mais Kolya a toujours été, est toujours et sera toujours l'amour de ma vie. Personne n'aura jamais cet éclat dans ma vie. Il n'y a qu'un seul lui ; il n'y en aura jamais d'autre. Il vit en moi. Et quand mon heure viendra, c'est à côté de lui que je brillerai ;

étoiles parmi les étoiles. »

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Pour Pia, Henri, Jean-Pierre, Rita, Marcelle, Jean, et pour tous les autres encore.

Toutes les étoiles meurent un jourOù les histoires vivent. Découvrez maintenant