Confusions ~Erasermic/ Kiribaku/ Iidoyama~

~4~ Shota

PDV Shota

Hizashi éteint la télévision en s'étirant, puis il se laisse tomber près de moi sur le canapé, sa tête pleine de sueur sur mes genoux et souriant idiotement. Je glisse par réflexe une main dans ses longs cheveux blonds pour les caresser, sachant pertinemment qu'il adore ça et il se love un peu plus contre moi, la respiration toujours haletante après son entrainement quotidien. Il est si mignon comme ça... ses petits yeux verts se posent sur moi.

-Toi, tu es songeur, remarque-t-il avec amusement, tu penses encore à tes élèves?

Je hoche négativement la tête. S'il connaissait mon véritable problème, comment réagirait-il? Serait-il heureux de savoir que son petit ami songe à lui demander sa main, mais qu'il a peur des répercussions que cela pourrait engendrer? Je fuis les médias depuis si longtemps que m'imaginer faire la première page d'un magazine parce que j'épouse le célèbre Present Mic me terrifie. C'est surement ridicule, mais c'est plus fort que moi... même mes élèves pourraient être choqués.

-Non, j'ai autre chose en tête, avouai-je.

-Alors tu penses à la ligne des super vilains? Avec la nouvelle sécurité de Yuei, nous en serons peut-être débarrassés un moment.

Cette conversation continue à tourner en rond avant que Hizashi décide d'aller prendre sa douche. Je vais l'attendre à la chambre à coucher, continuellement fatigué, et je me laisse tomber sur notre large matelas qui se trouve à même le sol. Personnellement, je préfère dormir dans un simple sac de couchage, mais mon copain trouve cela trop inconfortable sur une longue période. Nous avons donc dû faire un compromis qui plait aux deux.

Ça me rappelle la première fois que nous avons dormis ensemble...

15 ans plus tôt...

Quelques mois se sont écoulés depuis que j'ai un nouvel ami et contrairement à ce que j'aurais pensé, ne plus être seul me plait beaucoup. Même si parfois les élans d'énergie de Hizashi me dérangent, il se force à se contrôler près de moi afin de ne pas trop m'agacer. Nous sommes toujours ensemble et il me fait découvrir un monde que je ne connaissais pas... le midi, notre activité favorite est d'écouter les chansons qu'il aime avec son walkman. Comme je n'ai jamais eu la chance d'en posséder un, c'est tout nouveau pour moi. Mon meilleur ami a des gouts qui me plaisent et j'ai l'impression qu'il se fait une mission de découvrir mes chansons favorites.

Assis dans un coin de ma minuscule chambre, j'essaie de faire mes devoirs sans porter attention aux hurlements qui viennent du rez-de-chaussée. Moi et ma famille ne sommes en rien fortunés et notre maison est l'une des plus modestes de la rue. Très petite et plutôt miteuse avec un papier peint dégarni, l'odeur de moisi qui plane un peu partout entre ces quatre mures me révulse. Mon père a promis qu'il réglerait le problème un jour, mais comme chaque mot qui franchit la barrière de ses lèvres, il s'agit encore de l'un de ses mensonges.

Je frissonne quand j'entends du verre se briser en bas et me penche pour prendre mon énorme matou. Sans lui, je me demande ce que je ferais en ces moments qui semblent de plus en plus fréquents... mon père est tout simplement incapable d'être fidèle à la femme qu'il a épousée. Au début, c'était arrivé une seule fois lors d'une soirée et je l'avais entendu supplier ma mère de ne pas le laisser tomber. Cette dernière a accepté par amour, mais maintenant que l'adultère semble être devenue une habitude, mon géniteur n'hésite pas à lui crier dessus quand elle le découvre. Il n'essaie même plus de le cacher...

Comment un couple d'amoureux peut tomber si bas? J'en ai assez des cris... assez des mensonges... je me lève de ma chaise, mon gros chat entre les bras, puis je me dirige vers l'escalier qui mène en bas. Les marches craquent d'une manière inquiétante à chacun de mes pas, mais depuis le temps, je n'y porte plus attention.

Mes parents sont dans la cuisine, face à face. Comme je l'avais entendu plus tôt, une bouteille de bière est pulvérisée sur le sol et ma mère a les joues couvertes de larmes. Cette vue me brise le cœur. Mon géniteur tourne la tête vers moi et grimace à ma vue.

-Qu'est-ce que tu fiches encore là, toi? Crache-t-il, tu ne vois pas que c'est une discussion entre adultes? Va chez l'un de tes copains et ne nous casse plus les couilles.

Je ne dis pas un mot et retourne à ma chambre, blessé par mon incapacité à répliquer. Pourquoi suis-je incapable de tenir tête à cet homme pour qui je n'éprouve pas le moindre respect? D'une main tremblante, je mets mon chat dans sa cage. Il est hors de question que je laisse mon ami dans cette maison de fous! Je mets rapidement quelques effets personnels dans un sac en plastique, puis je quitte la maison sans jeter un dernier regard à mes parents.

J'erre un moment dans les rues sombres qui sont si désertes à cette heure, ignorant où aller. Les dernières fois que mon père m'a mis à la porte comme cela, je dormais dans le collège. J'avais trouvé une façon de rentrer sans déclencher l'alarme de sécurité et personne, à l'exception du concierge, ne m'y a surpris.

Le vent est un peu frais et je ne porte qu'un coton ouaté assez mince. Sans que je ne sache pourquoi, mes pieds me conduisent dans une ruelle familiale assez mignonne où les maisons sont de bonnes tailles. J'y suis venue une fois récemment. C'était pour reconduire Hizashi chez lui. Peut-être qu'il accepterait de m'accueillir pour la nuit? Je n'aime pas demander asile, mais je n'ai pas envie de passer la nuit dehors.

J'arrive devant sa maison brune assez moderne. Les lumières à l'intérieur sont toutes éteintes, signe que la famille doit dormir. Je n'ai pas envie de les réveiller ou d'avoir affaire à ses parents, donc je fais le tour du terrain pour me retrouver à l'arrière de la bâtisse. Je me rappelle approximativement quelle fenêtre mène à sa chambre, donc je pose la cage de mon chat sur le sol et agrippe des pierres pour les lancer. Je manque ma cible deux fois avant que mes munitions arrivent à toucher la vitre dans des petits : « toc ».

Après quelques coups, une lumière apparait dans la pièce et je vois le visage fatigué de mon meilleur ami se dessiner. Il fronce les sourcils et ouvre curieusement la fenêtre.

-Shota? S'étonne-t-il, qu'est-ce que tu fais là?

-Je peux dormir ici? S'il te plait.

Hizashi semble perdu. Il doit venir tout juste de se réveiller. Il frotte ses yeux verts avant de me dire de monter et j'escalade sans trop de difficulté le mur. Quand j'étais jeune, j'adorais faire du parcours avec tout ce que je trouvais et j'ai donc développé un certain talent dans ce domaine. Je fais passer en premier la cage de mon chat, puis je pénètre dans la maison. La chaleur me fait un bien fou.

-Tient... tu as aussi amené ton chat, remarque Hizashi avec fatigue, je vais aller lui chercher du papier journal... et de l'eau.

-Merci.

Le blond quitte la pièce pour aller chercher le nécessaire à la présence de mon félin et j'en profite pour détailler sa chambre qui est tout le contraire de celle que je possède. Alors que la mienne est simple et sans objets inutiles, la sienne est remplie de figurines, affiches et d'autres objets sans le moindre intérêt. Cela ne me surprend en rien venant de lui... j'enfile mon pyjama et Hizashi revient. Il étend du journal dans un coin, puis il pose l'eau juste à côté.

-Avoir su que tu voulais faire une soirée pyjama, j'aurais préparé des trucs amusants et dequoi manger, avoue-t-il, je ne m'attendais pas du tout à avoir une visite surprise! Je ne m'en plains pas, mais c'est surprenant venant de toi.

-Je n'ai pas vraiment eu le choix. Si tu me donnes une couverture, ça ne me gêne pas de dormir sur le sol.

-Comment ça, tu n'as pas eu le choix? Il est hors de question que je te fasse dormir sur le sol! J'ai un lit double... tu es certain que ça va? Je te trouve tout pâle.

Je me contente de hocher positivement la tête, puis je sors mon chat de sa cage. Sans un mot, je me glisse dans le lit de Hizashi. Son matelas est si moelleux que ça me fait étrange. Me connaissant, le blond n'insiste pas sur les questions et il se faufile près de moi après avoir éteint la lumière. Même dans l'obscurité je sens son regard inquiet posé sur moi, comme s'il refusait de fermer les yeux avant que je sois endormi.

Je sombre rapidement dans les bras de Morphée...