Le choc. Les cris. Les lumières. Le bruit. La douleur. Les pleurs.
Tout ça n'est plus qu'un brouhaha, un enchaînement de choses confuses, trop de données qui se superposent. C'est marrant, je pensais que lorsqu'on était sur le point de mourir on se repassait toute notre vie, on la faisait défiler et on la regrettait... Ça ne m'est pas arrivé. Peut-être qu'au fond de moi je le savais, je savais que je ne mourrais pas, pas déjà...J'entends une voix inconnue discuter, enfin interroger, Véronique. Peut-être est-ce un infirmier ?
"- Était-elle suivi par un professionnel ?
- Non
- Aviez-vous déjà pu percevoir des signes ?"
Ça bouge, je dois me trouver dans une ambulance.
Ma tête me fait mal. Non, mon corps en entier me fait mal, je ne suis que douleur, je crie, je hurle, j'ai mal.J'ai dû me rendormir, ou on m'a endormie, ça n'a pas d'importance. La douleur est supportable, c'est l'essentiel. Plus rien ne bouge, plus de voix, plus de lumières vives ; juste une douce chaleur qui m'enveloppe. Quoiqu'il en soit, je suis dans de beaux draps. Pour le moment il n'y a personne enfin... Je crois. Il faudrait que j'ouvre les yeux mais alors je ne pourrais plus faire marche arrière, il faudra retourner dans la réalité... Ils vont me poser des questions c'est certain. Que vais-je leur dire ? Comment expliquer ce que j'ai fait ? Je ne me l'explique pas moi-même... Bon.. Allez Alice vas-y ! J'entrouvre un oeil, il fait sombre. Je distingue à peine le plafond... Imagine que ce soit comme dans Harry Potter ! Dans la grande salle !! Je vais fermer les yeux, les ré-ouvrir et la pièce sera remplie de dizaines de chandelles, le rêve !!! Oui Alice... Ce n'est qu'un rêve, ça ne fonctionne pas.. Dommage... Je tourne la tête à gauche, un mur, sobre, blanc, ça ne m'avance pas. Tentons à droite... Ah ! C'est quoi ça ?! Je ne sais pas quelle est cette chose enroulée dans la couette mais ses poils me font peur... Je ne sais même pas si ce sont des poils ou des cheveux ! Ce pourrait-être un animal... Je me recroqueville, j'ai du mal à respirer. Je déteste les animaux, ils me font peur ! Bon... Là il faut te calmer ma vieille, cet espèce de Yéti doit bien être humain on n'est pas dans un de tes livres !.. Enfin... Je crois.. Merde. Un oeil. Il y a un oeil qui dépasse, qui me regarde... Ça bouge, je me cache.
"Faut pas te planquer comme ça petite, je vais pas te manger !" Je sors ma tête. C'était une vieille dame, pas un Yéti ! Ses cheveux sont dans un état... "Vous êtes qui ?" "Jeanne." Ça m'aide beaucoup tient... "On est où ?" "À l'hôpital." Non sans blague ! Je pensais qu'on était au cirque moi ! "Ils ne t'ont pas prévenue avant ? C'est la moindre des chose..." Prévenue de quoi ? On va pas te prévenir qu'on t'emmène aux urgences, c'est que c'est urgent en fait elle est bête ou quoi !? "T'avises pas de me répondre surtout.. Tu sais que tu m'as réveillée cette nuit en plus. C'est quoi ces manières d'arriver aussi tard ? T'aurais pu venir en journée comme tout le monde !" Mais de quoi elle se mêle ? Je ne la connais même pas cette vieille peau et elle vient m'emmerder alors que je sais à peine où je suis. "Elle est où Véronique ? Je l'ai entendue tout à l'heure..." Elle rigole, on dirait une folle comme ca. "Tout à l'heure tu dormais la mioche alors qui que soit cette Véronique elle n'était pas là. Ça se trouve c'est dans ta tête et elle n'existe même pas !" "Mais si ! C'est mon éducatrice ! Bien sûr qu'elle existe !" "Si tu le dis..." Elle m'agace, je retourne sous ma couette.
"Bonjour les filles ! C'est l'heure du petit déjeuner !" C'est qui ça ?! Je regarde. Une dame aux cheveux blancs avec de petites lunettes rouges rectangulaires arrive avec un plateau et le pose sur une petite table à roulettes. Elle fait la même chose une deuxième fois en me souriant. "On ne s'est pas encore vues, je m'appelle Hermine et je suis infirmière ici. Vous êtes madame Dupays c'est bien ça ?" J'acquiesce. Elle a un drôle de nom celle-là. "Bon appétit !"
Bon voyons ce qu'on a à manger... Du pain, du beurre demi-sel (encore heureux !) et à boire un chocolat chaud et un verre de jus. Pas mal. On critique la bouffe des hôpitaux mais ça n'a pas l'air d'être si horrible.
"Bonjour !" Une jeune infirmière vient d'entrer. Comme la précédente elle se présente, elle s'appelle Laura. Elle doit prendre mes constantes et m'explique que c'est obligatoire chaque matin. Je suis où d'ailleurs ?! Je lui demande.
Apparement j'ai été emmenée aux urgences après ma chute et on m'a transférée dans une unité de psychiatrie par la suite. Je ne pouvais pas protester, on m'avait sédatée... Laura me dit aussi que j'ai eu beaucoup de chance car je n'ai rien si ce n'est la jambe gauche de cassée. Je ne m'en était même pas aperçu. "Venez nous voir au moindre problème, nous sommes au bout du couloir à droite. D'ailleurs la psychiatre ne va pas tarder à vous voir." Super.... Elle repart.
Ça fait au moins 2h que je suis réveillée, il n'y a rien à faire et ma voisine ne m'a plus adressé la parole. J'ai déjà épluché le règlement qui était sur une table de chevet à côté de mon lit. J'ai pu y apprendre où je me trouve ainsi que les horaires des visites et des repas (8h le matin ils sont fous ces gens !!). J'ai aussi compté les carrés au plafond, il y en a 33 pleins et 25 partiels. J'aime bien compter, surtout les plafonds. Par exemple je sais que dans l'infirmerie de mon lycée, il y a 72 carrés pleins, dans ma chambre au foyer seulement 37 mais ce qui est vraiment génial c'est le self, il y a exactement 1275 carrés pleins et 83 carrés partiels de différentes tailles qui forment ensemble 36 carrés pleins ce qui donne en tout 1311 carrés dans une seule et même pièce. Génial n'est-ce pas ?
Laura revient, elle doit me conduire au bureau de la psychiatre. En fait je ne suis pas obligée à rester dans ma chambre mais s'il n'y a rien dans celle-ci, le reste est encore plus vide : un petit couloir blanc rempli de portes numérotées (je suis dans la 2ème), un coin fumeur entouré de grilles orné d'un banc sous un petit abri et, un peu plus loin, les bureaux des médecins et celui des infirmiers ; les premiers sont totalement fermés tandis que le dernier a une vue panoramique sur l'unité. J'entre dans l'une des salles closes. Une dame est assise derrière son bureau ; de longs cheveux bruns attachés en queue de cheval tombent dans son dos. Elle possède bien évidemment la même blouse blanche que ses collègues. À propos de collègues, elle est accompagnée d'un jeune homme d'une trentaine d'années assis derrière elle, Laura s'installe à leurs côtés, en face de moi. Trop de monde, jamais je n'arriverais à parler !
"Assieds-toi." La dame me sourit, elle semble gentille.
"- Comment t'appelles-tu ?
- Alice Dupays. Elle ne sait même pas mon nom ?
- Bien. Quel âge as-tu ?
- 16 ans. On va jouer aux devinettes longtemps ?
- Où habites-tu ? Qu'est-ce que je fais ici ?
- Je suis obligée de te demander celà c'est la procédure ne t'en fais pas. Oups, j'ai dû avoir l'air étonnée. Tu sais ce que tu fais ici ? Elle lit dans mes pensées ou quoi ?! J'ai peur je veux partir. En plus ces 2 débiles derrière qui prennent des notes en me fixant ne m'aident pas... Allez Alice ! Inspire.. Expire.. Inspire. Expire. Inspire ; expire. Inspire, expire. Inspire expire inspirexpireinspireexpireinspexinsex. Je suis blême, je ferme fort mes yeux.
- Alice ! Du calme. Respirez ! On me force à avaler un liquide horrible. Beurk. Remmenez-la dans sa chambre."
On me prend les épaules, non on me porte. On m'entraîne au loin... Encore.On va pas se mentir ce chapitre n'est pas totalement terminé mais j'ai besoin d'avis pour le finir (et puis c'est surtout que je suis pas doué et que j'ai déjà failli l'effacer plusieurs fois avec de fausses manips ^^' donc j'écris la suite sur une autre partie et je mets celle-ci à l'abris X)
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La prison des bonheurs
Ficção GeralNote à celleux qui sont sensibles ou concerné.e.s : evitez de lire ceci ou du moins sachez que ce n'est peut-être pas une bonne idée car cette histoire contient des passages très descriptifs de sujets comme la mutilation, le suicide mais également d...