LES HURLEMENTS DU TEMPS

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-27 juin 1952-
Cette nuit fût bien longue, mais je me réveille enfin. J'ai l'impression que cela fait une éternité que je suis dans ce monde noir, comme si je m'étais reposé les yeux ouverts mais dans une vie paradoxale. Je n'ai rêvé de rien en particulier, pourtant j'ai l'impression qu'il s'est passé plein de choses.
Je suis dans un lit, inconnu, je m'assieds et frotte mes yeux pour bien me réveiller, j'observe la pièce, elle me rappelle d'un souvenir lointain, je ne me sens pas comme d'habitude, comme l'impression de ne pas être dans mon corps, mais que mon esprit est bien là.
Cette sensation, je peux la ressentir lorsque je ne suis pas bien, ou que quelque chose me tracasse. J'essaye de comprendre mais je ne sais même plus qui je suis vraiment, j'appartiens à une autre vie, je suis dans le corps d'une femme totalement inconnu à mon égard.
Nous avons tous parfois l'impression d'être acteurs de notre propre vie, de se voir comme si l'on était en lévitation, se remettre en question sur les actes que l'on fait et se dire si nous faisons les bons choix. La ce que je ne ressens n'est pas exactement pareille. Je ressens chacun des sentiments de la personne que je possède psychologiquement. Mais je ne contrôle pas ses mouvements, je connais une grande partie de sa vie mais en même temps elle reste un incomparable mystère pour moi.

J'observe.
Une grande commode se trouve à côté de la porte, au dessus de moi un grand-voile blanc est tendu, certainement une moustiquaire pour l'été. Un grand nombre de détails tel que des centaines de papillons faient de papier crépon accrochés au mur qui survolent les meubles et le cadran de la fenêtre, ou la collection de boîte à musique de ballerine réparties sur toute la commode donnent un aspect très enfantin à la femme qui est représentée sur les nombreux cadres maquillant la pièce.
Elle est d'une beauté pure, un peu comme la chambre, elle est brune et porte un carré court, ses yeux en amande sont d'un marron sombre.
Je sursote lorsque j'entends quelqu'un frappé à la porte:

"Mademoiselle Olvord ?".

Elle ouvre et je me retrouve face avec une femme totalement inconnue mais qui semble beaucoup me connaître d'où son sourire lumineux et reconnaissant.
Elle se retourne et tire une sorte de petit chariot en bois qui comporte de la nourriture et des tasses blanches.
Elle prend différentes gourmandises et m'apporte le petit-déjeuner en se dandinant, c'est une vielle dame toute petite qui a l'aire vraiment gentille, elle m'offre un petit gâteau à la crème vanillé et un verre de lait à la fraise, puis me laisse seule dans la chambre.
Je regarde la pendule qui affiche huit heure trente-six du matin, je me lève du lit incrédule et commence à faire quelques pas. Je m'arrête et me retourne. Puis un flash, je revois le lit cassé dans mon esprit, mais sans vraiment comprendre. Je décide d'aller me laver mais la petite dame vient vers moi et me propose de l'aide, je refuse et me dirige vers la salle de bain. De grands miroirs ornent les murs et une petit baignoire en marbre blanc est placé dans un coin de la pièce, je me déshabille. Je n'arrive pas à comprendre ce qui m'arrive. Je suis perdue dans cette époque qui m'a l'aire tellement familière mais tellement inconnue.
Le temps de prendre mon bain, je commence à reprendre mes esprits, une nouvelle voix m'appelle derrière la porte

"- Louise ?

- Oui ?

- Peux-tu te dépêcher, le taxi nous attend"

Je sors rapidement prend les affaires que la petite dame a déposer sur le plan de lavabo il y a quelque minutes. Je prend les escaliers et me dirige vers la cuisine, une femme qui ressemble beaucoup au cadre mais avec un air plus mature et les yeux plus vert me regarde d'un air désagréable et sévère, elle porte sa tasse à ses lèvres et m'observe en buvant.

Les Ombres Où les histoires vivent. Découvrez maintenant