Manda

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C'est son voisin de palier qui à 8h du matin, la réveilla de son doux sommeil. Alors qu'il rentrait d'une boîte de nuit, il eut la formidable idée de se tromper de porte, d'essayer d'ouvrir la sienne avec sa clé et de tambouriner comme si la vie en dépendait sur la pauvre porte.
Mando, en pyjama combi licorne, armée d'un balai avait dû le raccompagner jusqu'à son appartement et le lui ouvrir.
Puis tel un zombie, avait puisé dans ses dernières sources d'énergie pour revenir à son lit et s'écrouler dessus.
C'est donc avec un grand mécontentement qu'elle décrocha trente minutes plus tard son portable qui vrombissait sur sa table de chevet.
- Allô ? Grogna t-elle
- Bonjour, ici le commissaire Lamatraque, je vous appelle car je m'occupe de l'enquête qui repose sur le meurtre d'une jeune femme ressemblant à votre amie ...
- Manda ?
- Oui, c'est cela, je tenais à vous demander de venir au commissariat cet après midi, à partir de 14h. Nous parlerons de l'enquête puis je vous poserai quelques questions...

Allons bon...
-Mais ... Les policiers du commissariat m'ont déjà interrogé ! protesta t-elle.
- Bien sûr ! , il hésita, mais ce serai pour des questions plus... personnelles.
Elle n'avait pas le choix, le commissaire lui forçait la main.
- Très bien , j'y serai ,assura t-elle
- Magnifique ! A cet après midi mademoiselle !
Et il raccrocha .
- C'est ça, à cet après midi ... grommela t-elle 
Et elle se rendormi dans son oreiller.

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Le commissariat était à trois rue de l'appartement de Mando, elle y alla donc a pied. Il était 14h20 et elle venait à peine de se réveiller. Sa nuit avait été incomplète et elle s'était donc levée épuisée. Elle avait essayé de cacher en vain ses cernes bleuâtres sous une couche de fond de teint mais le résultat était raté.
Le commissaire se tenait debout sur les marches, en pause cigarette. Il regardait l'horizon et ne l'avait pas encore vu.
- Aaaah !
Il exécuta un bon de deux mètres et écarquilla les yeux. Mando lui avait seulement tapé sur l'épaule.  Il s'approcha lentement d'elle et, la fixant droit dans les yeux, il inspira une ultime bouffée de cigarette, jeta le mégot par terre et lui souffla la fumée au visage. Mando garda la tête droite et déglutit difficilement.
Le commissaire soupira en secouant la tête l'air de se dire : Ce qu'elle est bête !
Puis il la guida dans une salle pour lui poser des questions. Mando redoutait ce moment, elle savait qu'il serait gênant à souhait.
Les deux personnes s'assirent face à face, autour d'une table métallique.
- Je ne vais pas tourner autour du pot : je vous ai appelée pour une raison précise, articula l'homme bedonnant.
- Oui, et vous m'avez réveillée par la même occasion !
Le commissaire leva les yeux au ciel en grommelant.
- J'avance sur mon enquête, grâce à mon talent elle sera bientôt classée. Donc si je dois vous appeller, je suis prioritaire et je fais ce que je veux. Vous n'êtes qu'une pauvre fille paumée qui ne peut évidemment pas comprendre mes brillantes déductions, vous serez donc priée de laisser travailler ceux qui savent y faire et de ne pas rechigner quand vous avez la chance d'aider une personne telle que moi.
Mando se demanda ce qu'il avait fumé pour être aussi exécrable et prétentieux. Elle décida de le haïr et lui jeta un regard assassin. Pourtant, au téléphone, il avait plutôt l'air aimable...

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- Je disais donc , que je soupçonne votre amie de s'être enfuie .... déclara le très aimable commissaire.
- Nous n'avons pas retrouvé de traces sur toutes les vidéos surveillances du département, l'informa un jeune gendarme, armé d'un bloc-notes.
- Je n'avais pas finis ma phrase ! , rugit le vieux schnock impulsif .
Allons, bon...
Mando soupira, elle ne supportait plus cet homme et l'entretien s'éternisait. Le commissaire remarquant son comportement , s'énerva de plus belle :
- Je vois que tous le monde ici se fiche de moi ! Ça vous fait rire de vous payer de ma tête hein !
Mais vous ferez moins les malins quand , vous , jeune homme vous serez à la circulation et toi la petite teigne tu n'aura plus que tes yeux pour pleurer lorsque ton amie sera notée " disparue à jamais "
lui cracha t-il au visage .
Là s'en était trop , elle se leva pour lui déclarer ses quatres vérités , lorsque la porte du bureau s'ouvrit sur un mastodonte en costard qui, un café a la main , s'approcha du commissaire et d'une voix lourde de sens l'avertit :
- Ceci est la dernière chance de garder votre poste, cette enquête vous devez la réussir ...
Il lui planta un doigt dans le flanc, Lamatraque grimaça et ses doigts crispés au dossier de sa chaise, blanchirent dangereusement.
-Donc, reprit la masse humaine, si vous injuriez et discriminez tous les membres de l'affaire, le résultat ne conviendra pas au Chef' et je vous préviens, qu'elle n'aura aucun remords à vous virer. Il le menaça une dernière fois du regard puis jeta un coup d'œil au gendarme, qui manquait de s'évanouir. Son regard devint compatissant , il prit le jeune homme par le bras et la salua en sortant.
- Au revoir mademoiselle, puis tout en refermant la porte , viens mon petit on va te donner un petit remontant.
Ces deniers partis , le commissaire encore livide , bouillait de rage et de honte. C'est alors qu'il fit ce dont elle n'aurait jamais imaginé :
- Venez avec moi , on retourne sur les lieux du crime ...
Et je vais vous montrer de quel bois je me chauffe.
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MANDAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant