Précédemment....
Ce fût le début de mon calvaire moi Fatima Zahra Diallo.
-----------------------------------------------------------
Je croyais être belle, du moins avec un teint clair certifiant sans nul doute mon identité de Peulh fouta,un visage fin aux traits attrayants.
Mais il semble que les gens ne partagent pas mon avis,un beau visage ne suffit pas,il fallait en plus de cela avoir des rondeurs prêtes à damner un saint. Toutes celles qui ne répondaient pas à ces critères ne sont point considérées comme de vraies femmes.
Debout devant le miroir,pour la première fois je me voyais,non je me voyais exactement telle que la société me décrivait,leurs yeux indiscrèts avaient remplacé les miens levant ainsi le voile sur ma réalité. Je fus prise de court par ma découverte,le choc était à son paroxysme. De taille moyenne,j'ai un poids jugé moindre à mon âge. Donc c'était vrai je suis vraiment mince. Pour être plus exacte on pouvait deviner mon ossature sous ma peau. Néanmoins j'adore mon visage,il réflète une innocence non soupçonnée. Je souris bêtement à cette pensée,soudain je me figea,non pas cela me suis je dit. Cette denture si mal alignée ne pouvait être mienne.
L'évidence était pénible,je fuyais aussitôt mon reflet. Allongée sur mon lit je pleurais toutes les larmes de mon corps,je ne pouvais en supporter davantage. Ces remarques dont j'ai pris récemment connaissance m'attristaient au plus haut point.
Au tout début j'avais droit seulement à un surnom caractérisant mes origines. D'ailleurs c'est celui donné à tout émigrants du Sénégal venant de la Guinée. C'est le fameux "ndring" populaire révélant pour certains de l'amusement et pour d'autre de l'hostilité non feinte envers ces étrangers.
Maintenant d'autres surnoms se sont joints à la liste,c'est des "bante ballaie"(brindille de ballaie) par ci,des "spaguett" par là,je n'en faisais pas cas . La plus part du temps je les laissais à leur pourparpler dont l'unique but était de me coller une étiquette qui allait assortir à ma corpulence.
La vérité est que tout cela me dépassait littérallement,car en plus de devoir endurer ma condition physique,il fallait aussi supporter les regards moqueurs de cette société qui s'autoproclamait déjà juge en terme de beauté.
En effet les gens ne mesurent pas le poids de leurs remarques,l'effet dévastateur que celles ci engendrent dans la vie des personnes ciblées. A croire que l'on ne se mire pas avant de sortir.
Combien de fois des vies ont été anéanties voire détruites à tout jamais par ce que tout simplement ces cibles ont usés des méthodes douteuses pour se sortir d'affaire afin de se conformer à cette société tant chérie. C'est dans cette sillage que de nos jours les filles utilisent de plus en plus tous sortes de médicaments non recommandés, vendus dans les réseaux sociaux dont le dessein est uniquement d'obtenir un corps de rève au péril de leur vie.Les conséquences sont le plus souvent énormes et désastreuses.
J'en ai moi même payé les frais.En effet j'avais commandé un médicament sur facebook,le vendeur me garantissait qu'il me donnera du poids et fera ressortir des courbes.
Oh que j'étais contente aprés avoir finalisé cette vente,je nourrissais à nouveau de l'espoir. Ainsi je prenais les médocs comme on me l'avait recommandé ( 3fois par jour et 30minutes avant chaque repas).Des jours passaient,je lorgnais ma silhouette à la recherche de quelconque changement mais c'était toujours le statu quo. Un matin je fus réveillée par une douleur atroce au niveau du ventre,j'en pleurais tellement ça me faisait un mal de chien. Alertée par mes gémissements, Néné décida de m'amener à l'hopital. Il y'avait une foule énorme dans la salle d'attente.
__Néné: zarah prend ton mal en patience car il faut qu'on fasse la queue comme tout le monde.
__moi: néné j'ai vraiment mal,je ne pourrai pas attendre.
__Néné: je sais mais comme tu le vois,on y peut rien.
Je souffrais vraiment et personne dans cette salle ne semblait s'en préoccuper,il fallait que je trouve une idée qui me fera passer avant tout le monde.
Aussitôt dit,aussitôt fait,je criais de toutes mes forces,me tordais dans tous les sens pour être prise de pitié.
__moi : Wouyyyy! Réedou ankk moussayyy wallé lang sabi allah( wouuhhh mon ventre me fait mal, aidez moi au nom de Dieu).
Avec mon accent pourri là rhooo je m'en donnais à coeur joie surtout que j'ai toujours adoré ces scènes théâtrales. Mon cinéma digne d'un film hollywoodien a fait de l'effet apparemment car des infirmières se sont précipitées de suite sur mon cas. Mon admission immédiate a soulevé un tollé général, j'en avais cure.
Assis en face du Docteur, il me posait des questions aux quelles il notait au fur et à mesure les réponses que je lui formulais. Il s'arrêta brusquement lorsque je dus évoquer mine de rien l'épisode du médicament que je prenais ces derniers temps.
__Docteur: Quoi? Vous avez au moins fait les bancs non.Comment pouvez vous faire confiance à ces charlatans,ces vendeurs de rêves. Vous auriez pu vous tuer voyons. Vous savez que c'est cela qui est à l'origine de votre mal. Prenez ces comprimés,ils déclencheront une diarrhée,vous serez aussitôt soulagé. Si vous voulais prendre du poids,allez chez un nutritionniste,vous serez servi.
A l'entente de ce speech, je me suis senti vraiment honteuse en me rendant compte de l'ampleur de ma bêtise. Que dire,je manquais d'air,je pris donc les médocs et débitai un merci à peine audible avant de sortir à toute vitesse de ce bureau. La douleur avait même disparu entre temps,j'en rigolais même. Décidément je n'avais pas de vergogne.
Au su et vu de tout cela,j'ai pris une grande résolution,celle de ne point me fier à la masse. Je ne vivrai pas selon leurs règles ineptement préétablies. Ainsi je remettais tout mon mal être a mon seigneur,Le Tout Puissant qui m'a façonné à ses souhaits. Néanmoins je lui formulais secrètement des prières pour changer ma situation.
Vous croyiez quoi bien sûr que je n'allais pas abandonner seulement cette fois ci,je procéderai dans les règles. J'aurais un de ses corps à la taille coca cola,oh que si,ceux là surtout aux formes voluptueuses attisant l'attention de la gente masculine hum. Ce ne sont là que des rèves,pas des plus petits en tout cas mais j'oses espérer héhé.
Il faut d'abord que je commence à m'accepter telle que je suis, réapprendre à m'aimer en faisant abstraction de tous préjugés infondés.
Cependant,il y a un grand pas entre la parole et l'acte. J'en étais plus que consciente et cela me faisait un peu peur.
