Lylianna est devant moi, comme promis.
J'ai pourtant répété mon texte, mais les mots ne me viennent pas, ne me viennent plus.
J'ai toujours été un héros de tragédies. Le genre de type qui veille sur sa belle en coulisse, en secret, loin des projecteurs. Seulement, je ne m'en satisfait pas, je ne m'en satisfait plus.
Je m'y prends peut être trop tard... Alors qu'elle s'est présentée à moi de sa robe blanche vêtue, prête pour l'ultime engagement. Ce n'est pas pour moi qu'elle s'est aussi soigneusement préparée. Ce n'est pas pour moi qu'elle a exceptionnellement usé de maquillage pour faire habillement ressortir ses yeux verts. Ils contrastent avec le rose de ses joues, qui semble s'intensifier à mesure que je la fixe sans mots dire.
Quel déchirement que de savoir qu'elle s'est éprise d'un homme aussi dangereux. J'étais persuadé qu'elle descellerait tôt ou tard sa vraie nature. Ne vous méprenez pas, c'est loin d'être un gangster, beaucoup pourraient même le trouver charmant. Il n'en reste pas moins nuisible pour elle. Un politicien plein d'ambition, un homme de pouvoir dont la soif ne s'étanche jamais, et qui ne voit en ma chère Lylianna qu'un beau bijoux à arborer. Elle est plus, tellement plus, que je pourrais vous en composer une ode des jours durant.... Mais vous n'êtes pas là pour ça. Vous voulez assister à la déclaration d'un homme éperdument amoureux d'une fille depuis le jardin d'enfants. À la déclaration d'un homme prêt à toutes les folies pour un seul de ses sourires.
—Pourquoi m'as tu fais venir Henri ? Tu sais bien que c'est aujourd'hui que je me marie.
— Je le sais.
— Tu n'as pas été invité. J'en suis navrée, mais tu sais très bien que je n'avais pas le choix.
— Je le sais.
— Alors pourquoi ? Pourquoi m'avoir demandé de te rejoindre ? Pourquoi ici ?
Je ne lui réponds pas. Je ne sais pas par où commencer.
— Parle bon sang ! finit-elle par hurler, les larmes aux yeux. Parle, je t'en prie...
Ils étaient seuls, seuls au milieu du parc municipal de Brieux, avec pour seul compagnie la caresse du vent sur leurs nuques, et les effluves floraux des premières fleurs du printemps.
— Lylianna, je te connais suffisamment pour savoir que tu as déjà la réponse à cette question.
— J'ai besoin de te l'entendre dire, alors seulement je pourrais tourner la page.
— M'entendre le dire ? M'entendre le dire ? Mais je n'ai cessé de te le lire Lylianna, durant toutes ces années. Non pas par des mots si galvaudé qu'un simple « je t'aime » sonnerait faux à tes oreilles, mais par des actes. J'ai toujours été là pour toi, pour t'offrir des bras dans lesquels pleurer lorsque tes copains te brisaient le coeur. Pour te prêter une oreille attentive, non pas dans l'espoir de te mettre dans mon lit, mais parce que je me souciais réellement de toi et de ce que tu pouvais ressentir. Je me suis toujours contenté du peu que tu m'offrais : Un sourire à la dérobée lorsque nos regards se croise, cette façon si particulière que tu as de jouer avec une mèche de tes cheveux quand tu es stressée, ou ta main caressant mon dos à chaque fois que je sens les larmes me brûler les yeux. Des choses simples mais qui pourtant font encore mon bonheur. Je sais bien que j'ai laissé beaucoup trop d'occasions filer, beaucoup trop d'opportunités se perdre dans le « peut-être ». Aujourd'hui tu t'apprête à épouser Victor, et je ne doute pas que tu l'aime sincèrement, mais je t'en conjure ne devient pas celle qu'il aimerait que tu sois. Reste la jeune fille qui aime se rouler dans l'herbe fraîchement recouverte de rosée. Reste la jeune fille qui aime aller à l'aéroport sans avoir la moindre idée de où elle ira, mais qui s'en moque. Reste cette femme qui a étreint mon coeur, car même souffrant de la mort tu resteras, l'unique amour de ma vie.
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Bric à brac de l'écrivain
RandomVeuillez trouver ici tous mes textes qui ne concerne pas l'univers de Bràthar Solas. De la nouvelle à la poésie, du thriller à la romance. Puissiez vous être transporté dans les méandres de mon imagination.