Chapitre 8, ou comment se forger une réputation en une soirée [Corrigé]

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Si auparavant, je n'imaginais pas faire partie des Ors même dans mes rêves le plus fous, je n'étais à présent plus sûre d'en avoir encore envie. Mais de toute évidence, je n'avais guère le choix.

Je m'approchai de l'homme et tendis mon index vers lui.

— Si tu crois vraiment que je vais te laisser me...

— Cycy ! Houhou !

Je poussai un soupir agacé et me retournai. Flore arrivait vers moi, sautillant plus qu'elle ne marchait, très élégante dans son large pantalon et son chemisier cuivré. Alors qu'elle s'arrêtait pour me dévisager, je me préparai à recevoir une nouvelle de critiques sur ma tenue. Mais bien vite, elle m'adressa un large sourire :

— J'adore ton style, juré ! Alors, ils t'ont tout dit, c'est pour ça que t'as l'air furieuse ? Qui c'est ton... oh, c'est ce mec qui te regarde bizarrement là ? Ça va, il est canon, t'aurais pu tomber sur pire, je te jure !

— Ce mec, lâchai-je entre mes dents, entend tout ce que tu dis.

Il n'était qu'à un mètre de nous et confirma mes paroles d'un haussement de sourcils. Flore gloussa comme une adolescente avant de reporter son attention sur moi. Elle me désigna au loin un homme d'une trentaine d'années à l'apparence asiatique et au visage sympathique. Elle roula des yeux.

— Le mien, c'est lui là-bas. Il a presque deux fois mon âge ! Alors toi, va pas te plaindre. Allez, suis-moi, je vais te faire rencontrer du monde !

Elle m'attrapa la main et me tira à travers la foule. Alors que je la suivais, je ne pu m'empêcher de remarquer les regards sur moi, de plus en plus pesants et insistants. Je n'aurais su dire si c'était à cause de la manière dont j'étais vêtue ou bien de là où je venais. Et, comme souvent dans ce genre de moments, je n'arrivais pas à contenir mon trop plein d'émotions. Il y avait des personnes capables de supporter les regards sur elles et les critiques lancées à tout va sans rien dire. Et bien que je les admirais, je n'en faisais pas partie. Alors que nous passions devant la scène, je m'arrêtai brusquement.

— Attends, j'ai quelque chose à faire, dis-je à Flore.

Je me dégageai de sa poigne et grimpai sur l'estrade. Là, je me plaçai face au micro, me raclai la gorge et en tapotai le bout. Un bruit aigu retentit dans la pièce et aussitôt, les conversations s'arrêtèrent. Tout le monde se tourna vers moi, l'air surpris. J'aperçu la directrice au fond de la pièce, qui m'aurait bien tuée d'un regard si elle l'avait pu.

— Bonsoir, tout le monde ! m'exclamai-je de mon ton le plus joyeux. Je me présenterais bien, mais il paraît que vous me connaissez déjà tous. Alors j'aimerais juste confirmer les paroles que vous allez tous dire dans mon dos. Oui, je suis nouvelle. Oui, je viens de l'étage le plus misérable et oui, je ne suis qu'une gamine prétentieuse et arrogante qui ne connait rien à la vie.

Chacun me regardait sans rien dire et sur leur visage, je lu une panoplie d'émotions allant de la colère au dédain en passant par l'incompréhension. Les seules exceptions étaient Flore, qui semblait excitée par la situation et Evan qui restait impassible, bien que je cru voir un léger sourire étirer ses lèvres. Je continuai sans me démonter :

— Je tenais ensuite à vous dire merci de m'accueillir avec tant de gentillesse et de bienveillance. Je sens qu'on va tous devenir amis. Et je tiendrais juste à préciser, pour ceux qui iraient penser le contraire, que je n'en ai rien à foutre de vos manières et de vos traditions. Tant que je serais moi-même, je m'habillerai comme je veux, je parlerai comme je veux et je coucherai avec qui je veux.

Mon regard, cette fois, alla droit dur la directrice. J'espère qu'elle avait compris le message.

— Je continuerai aussi à vous dire bien en face ce que je pense, terminai-je en souriant. Pour des gens dont l'hypocrisie fait partie du quotidien, je comprends que cela surprenne. Mais on est entre gens du grand monde, non ? Alors on garde la face et on fait comme si tout allait bien. Je vous souhaite donc une agréable soirée et, surtout, ne vous privez pas de vos commentaires désobligeants quand je serai partie. Merci.

[Atomes]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant