Chapitre 11, ou comment apprendre la bienséance [Corrigé]

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Il me dépassa et s'assit au bureau qu'avait quitté la ministre. Il n'était pas dans son uniforme de garde et je pus l'admirer tout à mon aise. Son tee-shirt blanc dévoilait ses bras musclés et laissait entrevoir ses épaules carrées tandis que son pantalon noir, lui, ne permettait pas de voir chose. A mon grand déplaisir... Je remballai ces pensées, me rappelant que j'étais supposée le détester, et lui lançai un regard noir.

— C'est vraiment toi qui dois m'apprendre les bonnes manières ?

— Oui.

— Pourquoi toi ?

De ce que j'en avais vu, c'était un parfait petit soldat. Mais il ne semblait pas aussi à cheval sur le savoir-vivre que Frederik ou bien d'autres gens que j'avais croisés. Pourquoi fallait-il que ce soit toujours ce type ? Il se pencha au-dessus de son bureau pour me regarder dans les yeux.

— Parce que je l'ai demandé.

Je fronçai les sourcils. Lui avait demandé à me donner des cours ? Avant que je ne pose mes questions, il développa :

— J'ai même fortement négocié pour ça. Rappelle-toi que ça fait un moment que je t'observe. Je commence à te comprendre un peu. Tu aurais rendu fou n'importe quel autre prof de savoir-vivre.

— Et pas toi ? Je peux être vraiment agaçante quand je veux.

— Non, ricana-t-il. Pas moi. C'est pour ça qu'on m'a chargé de ton dossier et de... vivre avec toi. Je suis le seul qui te comprend assez pour savoir comment te gérer.

— Je te trouve bien présomptueux.

Je plongeai mon regard dans le sien, un sourcil levé. Si j'avais bien un pouvoir sur les gens, c'était celui de me faire détester. Ce type en aurait marre de moi dans moins d'une semaine, j'étais prête à en mettre ma main à couper. Désireuse de le prouver, je ne le quittai pas des yeux et recommençai à me balancer sur les pieds arrière de ma chaise. J'étais presque sûre qu'il craquerait avant moi. Mais, à mon étonnement, il ne sembla ni agacé ni surpris par ma provocation. Il se leva, contourna son bureau et se posta à mes côtés. Il se pencha vers moi et posa sa main sur le dossier de ma chaise, me ramenant brutalement sur le sol et m'immobilisant.

— Non, je ne le suis pas, murmura-t-il près de mon oreille. Écoute-moi bien. Tiens toi sage pendant toute cette semaine. Tu viens en cours, tu écoutes et tu apprends. Sois la parfaite petite classifiée. Et si tu réussis... je t'emmène faire quelque chose samedi. Quelque chose d'interdit.

Il se releva, souriant et je restai parfaitement figée. Le dernier mot qu'il avait prononcé me fit frissonner. Oh oui, il avait compris comment je fonctionnais. Il savait que ma seule envie était de défier tout le beau monde à cet étage, d'aller à l'encontre de leurs ordres. Et il m'en offrait apparemment la possibilité. Je plissai les yeux :

— Interdit comment ?

— Pas dans le genre acte de terrorisme, sourit-il sans cacher le sous-entendu. Dans le genre qui ne risque pas grand-chose. Tous les jeunes d'ici ont déjà fait ça.

Tout mon être voulait crier « Oui ! ». J'ignorais ce dont il s'agissait mais j'avais une folle envie de le suivre. Et pas simplement pour ses beaux yeux. Pourtant, je ne devais pas qui il était. Il était les bras, les yeux et les oreilles de la directrice. Peut-être était-ce juste un test ? Si c'était un piège de sa patronne, j'étais bien décidée à ne pas tomber dedans.

— Je ne veux rien faire d'illégal.

J'eus l'impression d'entendre une étrangère. Nous savions tout deux que je n'avais rien contre l'illégalité. Au contraire, j'étais même la première à vouloir détourner les lois. Mais je tenais aussi à sauver ma peau ici. Evan retourna derrière le bureau, ne se laissant pas tromper par mon ton innocent :

[Atomes]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant