Chapitre 10

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– Alors ? De quoi tu parles ?

Insista l'homme en répétant la question, s'attendant à une réponse effrayée de l'adolescent, serrant le manche du couteau qu'il avait discrètement sorti.

– De cette sensation bizarre que j'ai dans l'estomac, quand je suis contrarié, quand j'ai envie de faire souffrir quelqu'un pour absolument aucune raison. Et de cette sensation de toute puissance que j'ai de plus en plus souvent.

L'homme fut légèrement choqué de sa réponse, il ne s'attendait décidément pas à cette réponse. Il le regarda alors d'un air sérieux en penchant légèrement sa tête sur le côté.

– Et tu dis ça à un parfait inconnu ? Qu'est-ce qui te dit que je vais pas te dénoncer à un flic ou appeler un asile ?

Questionna l'homme en regardant l'adolescent, de plus en plus intéressé par son profil. Le châtain s'approcha alors sans avoir ne serait-ce qu'une once de peur.

– Parce que t'es louche. T'as un masque et t'as sorti un couteau en te croyant discret. T'es de la même nature que moi, sauf que moi j'ai pas encore craqué et je ne le ferai pas parce que je ne suis pas un faible comme toi. Si tu tentes quoi que ce soit je te préviens de suite que t'en sortira pas indemne. Et si t'arrives à me tuer je t'emporterai avec moi dans la tombe. Tu ne me fais pas peur, un monstre n'a pas peur des gens comme toi.

L'homme inconnu aux yeux du garçon sortit alors un pistolet, un vrai et le pointa sur le garçon.

– Et là, toujours pas peur ?

Le garçon s'approcha de l'homme, et colla son torse contre le canon du flingue.

– Toujours pas. Tu veux tirer, vas-y je t'en prie. La mort ne me fais pas peur, et de toute façon il reste assez de temps au cerveau avant de mourir pour que je puisse t'entraîner dans ma chute avec toi.

L'homme sourit très légèrement avant de regarder le garçon, reculant sur quelque pas.

– Tu es un garçon étonnant comme il le pensait. On se reverra, très vite même.

Fit l'homme en s'éloignant, avant de disparaître au coin de la rue, laissant le garçon dubitatif sur ce qu'il venait de se passer.

– Putain je pensais pas qu'il y avait des gars aussi bizarres dans cette petite ville. Le monde part vraiment en couilles de nos jours.

Lâcha simplement l'adolescent, soupirant avant de regarder son téléphone. Voyant qu'il était presque l'heure de la fin des cours, le châtain entreprit alors de commencer à marcher vers son collège. Retournant alors sur ses pas, repensant à cet homme qu'il venait de rencontrer. Il se demandait qui il était, et si c'était un véritable pistolet qu'il tenait dans ses mains. Ne pouvant avoir de réponses convaincantes, il se dit alors que se creuser la tête sur un sujet sans réponses ne servait à rien. Il laissa alors tomber et continua de marcher, arrivant au bout d'un moment devant son collège.

Il avait parlé avec le chauffeur du bus histoire de faire passer le temps, et était maintenant devant chez lui, la main sur la poignée. Il hésitait à ouvrir cette porte qui était lourde de plusieurs tonnes à ses yeux. Le garçon ferma ses yeux marron, et inspira un bon coup, puis il souffla fortement avant d'ouvrir cette porte. À peine rentré, il se dirigea directement dans sa chambre en gardant la tête baissée, fermant la porte de sa chambre. Bien évidemment ses affaires n'étaient pas revenues. Il jeta alors son sac à travers sa chambre et marcha jusqu'à son étagère.

Que faire ? Lire des mangas ? Il les avait déjà tous lus plusieurs fois, mais cette fois-ci il s'était lassé. Dessiner ? Il n'avait ni la motivation ni l'envie ni l'inspiration. Il attrapa alors sa caisse de jouets pour enfants, et commença à jouer avec ses legos et ses vieux playmobiles qui avaient pris la poussière depuis trop longtemps. Il ne prenait absolument pas de plaisir à faire cela, mais ce n'était pas comme s'il avait le choix. C'était toujours la même histoire, une guerre entre les playmobiles et les legos pour une simple histoire de différences, d'emplacements et de richesse. C'était un scénario qu'il avait créé lorsqu'il était plus jeune.

Le temps passait lentement et l'adolescent tentait de s'amuser, le regard vide et les yeux qui commençaient à devenir humides. Il attrapa alors sa construction en lego et l'éclata violemment contre un mur, le regard rempli de rage et de frustration.

Respirant fortement, il décida alors de faire ce qu'il savait faire le mieux après se battre ; Méditer. Méditer dans le but de se calmer où d'attendre. L'adolescent pouvait rester plusieurs heures assis à méditer sans bouger, et ce sans musique ni rien. Il s'assit alors en tailleur, et ferma les yeux tout en inspirant profondément. Se concentrant sur sa respiration, il devenait tel un poteau devant ses pensées, ses pensées qui défilaient sans qu'il n'y prête attention, le but étant de vider son esprit. Il n'avait pas énormément d'efforts à faire de ce côté-là cela venait tout seul, il n'avait même pas eu besoin d'apprendre de qui que ce soit, comme s'il avait un don pour manier son esprit comme bon lui semblait.

Aussi, lorsqu'il méditait le temps lui paraissait largement moins long, il passait très vite même, et ses sens s'aiguisaient par la même occasion. Tout en faisant disparaître totalement sa présence, il pouvait écouter les respirations des gens d'une autre pièce pas très éloignée ce qui était déjà vraiment fort. Lorsqu'il rouvrit les yeux et regarda l'heure qu'affichait son réveil, il put voir qu'il était 2 heures du matin. Il ferma alors de nouveau les yeux, et se concentra sur la pièce d'à côté qui était la chambre de ses parents. Sa mère était partie travailler étant donné qu'elle travaillait de nuit en tant qu'aide soignante en maison de retraite, il ne restait donc que son beau-père qui était parti se coucher.

Respiration légèrement bruyante et irrégulière, c'était ce qu'il avait constaté, et ça lui indiquait que son beau-père était entré dans la deuxième phase de sommeil lent profond. L'adolescent sorti alors discrètement de sa chambre, ouvrant la porte de la chambre parentale. Il s'approcha du lit où dormait son beau-père, rythmant ses pas sur les ronflements de ce dernier, tel un shinobi.

Il glissa prudemment sa main sous l'oreiller de l'adulte et attrapa l'objet qu'il convoitait, une clef en métal, qui ressemblait énormément à une clef qu'on retrouve dans les cartoons. Il attrapa alors une autre clef et la plaça sous son oreiller, ce stratagème avait pour but de lui faire croire que la clef n'avait pas bougé s'il venait à se réveiller entre-temps. Une fois la véritable clef subtilisée, le garçon sorti de la pièce en refermant la porte, et longea le mur blanc du petit couloir dans lequel il se trouvait. Il arriva ensuite devant une porte blanche et inséra la clef dans la serrure. Il déverrouilla la porte en même temps que les ronflements de l'homme, toujours dans le but de ne pas se faire bêtement attraper si prêt du but.

Il entra alors dans le local à nourriture. N'ayant pas mangé il avait faim. Il y avait aussi le gros pot de tabac que l'homme prenait soin de sécuriser dans ce local avec la nourriture. Le garçon n'hésita absolument pas à se servir, et attrapa deux grosses poignées de tabac qu'il mit directement dans sa poche. Il attrapa ensuite plusieurs sortes de gâteaux et d'autres cochonneries industrielles et s'en alla déposer son butin dans sa chambre. Une fois fait, il referma la porte de la pièce, et échangea de nouveau les clefs avant de pouvoir déguster son butin.

Alors qu'il s'empiffrait comme s'il n'avait pas mangé depuis plus d'une semaine, il eut une soudaine envie de fumer. Il se fit alors une cigarette avec le tabac qu'il avait volé et les feuilles à rouler qu'il avait pris soin d'acheter auparavant. Son poison à fumer roulé, il s'empressa de s'habiller avant de s'approcher de la porte d'entrée. Il posa sa main sur la poignée métallique, et poussa la porte soigneusement, avant de la refermer toujours sans faire aucun bruit.

Le devant de chez lui ressemblait plus à une terrasse qu'autre chose, il avait une vue parfaite sur la petite colline à même pas cinq mètres de son immeuble. Et lorsqu'il porta sa cigarette à la bouche, il put distinguer une énorme masse noire derrière le buisson en face de chez lui, qui était en train de bouger. Une masse bien trop grosse pour que ce soit le chien de la voisine d'en dessous.

The Masked of shadow (Creepypasta)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant