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Depuis qu'il avait retrouvé ses souvenirs, Kun n'avait qu'une seule idée en tête. Et c'est donc d'un pas déterminé qu'il s'y était dirigé. Xiaojun l'avait bien vite rejoint, assurant sa sécurité par son extrême concentration. Il savait que son leader était loin de pouvoir se protéger physiquement étant donné que son combat était mental.

Les deux n'avaient même pas fait attention à la rencontre des deux équipes rivales qui leur permettait pourtant d'avoir la voie libre jusqu'au bureau du gouverneur. Ils y étaient rentrés. Il faisait sombre, seule une lumière n'avait pas encore sautée et son grésillement était la seule chose qu'on pouvait entendre.

Zhoumi était là, assis à son bureau. Ses coudes étaient appuyés contre la table et ses mains étaient jointes de sorte à cacher son visage baissé, comme s'il réfléchissait. Il n'avait pas bougé depuis le début de la Révolution. Il donnait l'impression de méditer, connaissant sans doute son sort. Kun s'avança et son vis-à-vis se décida enfin à lever la tête.

- Kun, mon meilleur élément.

- Je ne suis plus en votre possession, répliqua aussitôt le leader de son unité.

- Et pourtant, tu m'as si bien servi.

Kun grimaça, il se souvenait de tout le sale boulot que ce bourreau lui avait refilé. De toute la souffrance qu'il avait subi durant son enfance parce qu'il était « spécial». Mais il y avait quelque chose qu'il ne comprenait toujours pas et il comptait bien tout éclaircir avant de mettre fin à son règne.

- Pourquoi ? À quoi bon nous faire sortir alors que vous connaissiez le danger extérieur ? Pourquoi ne pas avoir envoyé votre armée ?

Le gouverneur daigna enfin se relever, contournant son bureau pour se placer face à son ancien soldat. Malgré son âge avancé, il avait toujours une corpulence robuste, mais cela n'intimida pas l'immunisé.

- J'avais besoin de pions. De personnes que je pouvais parfaitement manipuler pour faire croire à la majorité que nous cherchions un moyen de sortir.

- Ce qui est totalement faux, enchaina Kun. Vous vous en foutez de ces monstres qui rodent dehors, il n'y a que votre dictature qui vous importe.

- Plus jeune, je voulais contrôler le monde, expliquait le vieillard d'un air nostalgique avant que son regard ne durcisse. Et pour cela, j'ai dû créer mon propre monde.

- Et ce monde touche à sa fin, ajouta Xiaojun en le visant de son arme.

Il n'eut cependant pas le temps de tirer qu'il se fit brusquement désarmé par Yixing. Le fils du gouverneur avait attendu dans l'ombre, n'hésitant pas à presque casser le bras de l'immunisé pour récupérer son pistolet. L'ennemi avait désormais l'avantage et c'est pour cette raison que le gouverneur avait paru si serein jusqu'ici.

- Mon héritier vivant, ce monde ne mourra jamais, minauda le dictateur.

Le général se plaça ensuite entre Kun et son père, l'arme menaçante. Le leader ne se laissait pourtant pas démonter, il voyait une lueur dans les yeux du soldat qu'il n'avait jamais vu avant. Et pour preuve, Yixing tourna les talons vers son paternel qui écarquilla les yeux face à cette vision. Pour la première fois depuis qu'il était nourrisson, Yixing pleurait. Les larmes brûlantes roulaient sur ses joues, traçant des sillons qui révélaient la douleur qu'il avait ressenti toutes ses années.

Quelques jours plus tôt en fouillant la chambre de sa défunte mère, il avait découvert ce qu'il avait toujours cherché. La vérité. Accompagné d'une photo d'elle enceinte et souriante, Boa avait laissé une lettre adressée à son fils. Une lettre où elle lui expliquait tout. Où elle s'excusait de ne pas avoir pu le protéger de son père, de ne pas avoir été la mère qu'il aurait dû avoir et surtout, elle s'excusait qu'il soit devenu une personne aussi détestable.

𝘦𝘢𝘳𝘵𝘩Où les histoires vivent. Découvrez maintenant