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1990

Imaé dansait sur What a feeling de Irene Cara qui émanait de son magnétophone à bandes. Les boucles de ses chevaux sautillaient sur ses épaules au fur et à mesure de ses mouvements. Les fenêtres grande ouverte, le courant d'air frais effleurait sa peau nue, dans ces moments là, elle se sentait comme Alex dans le film en vogue Flashdance. L'adolescente vibrait sur les notes de la musique. Zephyr la prenait en photo avec son polaroïd en riant. Des fossettes apparaissaient sur ses joues creuses. Il aimait la filmer, capturer les moments de vie de son amie. Plus tard, ils n'auront peut-être pas la force de rire mais ils s'en rappelleront toujours. Des posters de mannequins et groupes de rock couvraient les murs de la chambre de Imaé.

— On fait quoi aujourd'hui ?

— On fait nos bagages pour aller sur Mars. T'en penses quoi ? Répliqua l'adolescente en éteignant la musique.

— Quand j'étais petit, je voulais faire astronaute. Parce que l'univers, ça me fascinait. Y'a tellement de choses à découvrir sur terre et ailleurs.

— Moi je voulais être vétérinaire, un rêve de gosse. Mon chat s'est fait écraser devant mes yeux et je me suis dis qu'en devenant véto, je pourrais le sauver. C'est stupide quand j'y repense.

Elle balaya une larme au coin de son œil en reniflant. La nostalgie avait toujours ce don de frapper le cœur parfois trop fort. Surtout quand elle s'alliait avec la mélancolie.

— Des chats se font écraser, des éléphants se vont braconner, des félins se font abattre, des chiens se font maltraiter, des animaux se font utiliser et d'autres empailler, des...


— L'humanité n'a même pas eu le temps de naître qu'elle est déjà allé s'enterrer. Coupa la lycéenne.

Et Zephyr approuva avant d'empoigner la guitare électrique qui trônait dans un coin de la pièce. Il se mit à jouer Smell like a teen spirit de Nirvana. Son amie jouait la groupie autour de lui en sifflant et s'égosillant sur les paroles en tirant sur son t-shirt rock'n roll. Les voisins pouvaient crier, ils crieraient plus fort. La fille regardait le garçon en souriant, dévoilant des légères rougeurs. Les traits de son visage étaient imprimés dans son esprit, tout comme sa beauté. Elle remarqua également des tâches de rousseurs aux extrémités de ses joues. Des imperfections qui égalaient des infimes perfections. Quand le show fût fini, cette dernière embrassa sa joue, laissant les marques de son rouge à lèvres sur la peau de son pote.

— Tu sais ce qui me donne une raison de te croire ?

— A propos de quoi ? Demanda-t-il en rangeant l'instrument de musique.

— Que les cases, c'est stupide.

— Dis-moi.

— Eh bien, c'est toi.

Il garda un visage impassible mais dans son cœur, ses sentiments faisaient la fête. Et si une phrase pouvait arrêter de faire vivre, il serait déjà mort.

— Ce n'est pas que je t'aime pas mais ma maison ne sert pas de foyer.

— Tu dis ça à un enfant de la DASS.

Elle le chassa de chez lui avant de s'enrouler dans sa couverture en laine. Même quand elle voulait se retrouver seul avec elle-même, le garçon restait à jamais constant dans son esprit, lui rappelant qu'il serait toujours là.


90 ('s) sentiments.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant