Chapitre 6

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— C'est lui qui a commencé ! se justifia Laura.

— Salope ! grogna l'homme dont le canon de l'arme lui rentrait maintenant presque dans la narine droite.

— Il m'a traité de pisseuse !

— Il est à moi ce flingue, répliqua simplement Derek sans faire un geste.

— Ouais mais tu ne l'utilises jamais, bouda sa sœur en réponse.

Stiles, qui avait de plus en plus de mal à respirer à mesure que la poigne de celui qui le tenait se faisait plus forte, coupa court à la discussion en éternuant bruyamment, ce qui fit sursauter tout le monde. Évidemment, son adversaire, dont le visage était très proche du sien, reçut en pleine face une bonne dose de postillons caféinés agrémentés d'un peu de morve. Il le relâcha sous la surprise, lui permettant de respirer à nouveau, et fit un pas en arrière, les yeux révulsés de colère. Laura éclata de rire tandis que son frère souriait discrètement sans que personne ne le remarque.

Encore une fois, l'homme agressif réagit au quart de tour et se jeta sur Stiles en poussant un son guttural difficile à identifier. Derrière lui, ses amis, tout aussi imbibés d'alcool qu'il l'était, s'étaient levés de leur chaise mais n'osaient plus approcher depuis que Derek avait fait son apparition. Sans que Stiles comprenne comment, tout ça dégénéra en bagarre : un corps atterrit sur le sien alors qu'il fermait les yeux en attente du choc, le projetant douloureusement contre le comptoir derrière lui, puis un autre corps s'y ajouta en poussant un cri – il reconnut tout de même la voix de Laura – et il bascula au sol, entrainant avec lui un second tabouret.

Écrasé par le poids, il avait relevé les bras devant son visage pour se protéger alors que ceux qui lui étaient tombés dessus luttaient l'un contre l'autre en un enchevêtrement de bras et de jambes. Parmi les grognements, les insultes et les cris épars qui se mirent à résonner dans le bar, Stiles reconnut, malgré lui, le bruit caractéristique d'une arme lourde tombant au sol et devina que Laura avait lâché son flingue pour se battre à mains nues.

Tout ceci ne dura que quelques secondes et bientôt le poids disparut et il put rouvrir les yeux, essoufflé et un peu meurtri – il avait reçu un coup de poing égaré dans le ventre et un coup de coude sur la tête, sans oublier le bord du comptoir dans les reins. Au-dessus de lui se dressait Derek qui avait relevé sa sœur en la tenant par le col comme il l'aurait fait d'un chiot, et deux autres hommes qui, eux, tenaient leur copain rouge de colère qui tentait encore de se jetée sur la jeune femme hilare. Un troisième homme s'avança, l'air fort mécontent, et s'écria :

— Ras-le-bol de tes conneries, Murphy !

— C'est elle qui m'a collé son arme sous le nez, bordel ! rugit l'agresseur de Stiles qui nota son nom dans un coin de sa mémoire.

— Je suis certain que tu l'avais bien cherché ! Allez dégage, et fais gaffe à ce que tu fais où la prochaine fois je te fous une nuit en cellule, ça t'aidera à réfléchir.

Laura gloussa, récoltant un regard noir de la part de Derek, pendant que les hommes imbibés d'alcool sortaient du bar en promettant de se venger. Le nouveau venu, vêtu d'un large blouson noir arborant l'étoile du Shérif, se pencha en soupirant pour ramasser l'arme et la remit immédiatement à Derek sans poser aucune question.

Relâchant sa sœur, Derek attrapa le flingue et le fourra sous son manteau de loup avant de baisser le regard sur Stiles, toujours au sol. Il le fixa quelques secondes puis lui tendit la main.

— Ça va ? lui demanda-t-il en l'aidant à se relever.

— Une journée bizarre, je trouve, répondit Stiles en déroulant entièrement son écharpe.

Alaska (MxM version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant