Amarok - chapitre 1

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Voici une petite suite à l'histoire principale "Alaska", en 5 chapitres. Enjoy !

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Il sortit du bâtiment d'un pas pressé. Son sac, trop lourd, le faisait pencher sur le côté mais il s'en fichait. Dès que ses yeux se posèrent sur l'immensité de la réserve de Noatak qui s'étendait quelques kilomètres devant lui, il sentit le nœud qu'il avait dans le ventre depuis des années se résorber quelque peu. Mais pas totalement.

Il prit une grande inspiration. Dès qu'il identifia cette odeur de terre froide, de résineux, de bois et de fumée, mêlée de tout un tas d'autres fragrances encore, la nostalgie lui fit venir les larmes aux yeux. Puis la triste réalité. Sa mère, qui avait tant aimé cet endroit, ne pourrait jamais plus le contempler. Il en était encore à se dire ce genre de choses alors que sa mort remontait déjà à des années.

Les voix des habitants et les aboiements de quelques chiens le firent sursauter, comme s'il sortait d'une bulle et les entendait enfin. Très vite, il prit la direction de l'ouest afin de sortir de la ville. La terre encore froide était boueuse sous ses pieds. Le mois de mai était pourtant commencé mais l'hiver ne semblait pas encore accepter de s'effacer pour laisser la place à l'été.

Il s'était déjà éloigné de plusieurs mètres des habitations les plus extérieures lorsqu'un bruit de moteur se fit entendre derrière lui. Sans se retourner, les yeux bas, il s'écarta légèrement. Un pick-up aux couleurs du Shérif local s'arrêta devant lui. Il releva la tête.

— Bonjour jeune homme, lança un homme en s'extirpant du véhicule.

— Bonjour, répondit poliment Derek.

— Je t'ai vu sortir de l'aérodrome. Tu sais que tu te diriges droit vers la réserve, par cette route ?

— Oui, je le sais.

Surpris, le Shérif ne répondit pas immédiatement, se contentant d'ajuster son blouson sombre. Ses cheveux incroyablement noirs luisaient sous les rayons du soleil encore timides. Les traits de son visage, ses yeux bridés et la couleur de sa peau ridée clamaient son appartenance à la population inuite.

— Il n'y a rien par là-bas, reprit-il doucement.

— Si, il y a la maison de la famille Hale, répliqua Derek d'une voix froide.

Le visage jovial de l'homme s'étira d'un petit sourire et il s'approcha davantage.

— Je me disais bien qu'il me semblait que je te connaissais, lança-t-il vivement. Tu es le fils de Talia n'est-ce pas ?

— Oui.

— Ça fait longtemps qu'on n'a pas vu ta famille par ici. Comment va-t-elle ?

Serrant durement les mâchoires, le plus jeune garda d'abord le silence. Sa poitrine se comprima sous l'émotion, un mélange de tristesse intense et de colère coupable. Ce changement n'échappa pas au Shérif qui, l'expression plus grave, préféra cette fois garder ses distances.

— Ils sont morts, déclara brutalement Derek.

S'attendant à une telle révélation, de part la douleur sur le visage de son interlocuteur, l'homme de loi retira sa parka et inclina très légèrement la tête.

— Je suis désolé, dit-il tristement. Je connaissais bien tes parents.

— Je sais. Je me souviens de vous.

— Tu veux que je t'emmène ? Il y a une sacrée distance entre la ville et la maison.

— Je préfère marcher. Merci.

Alaska (MxM version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant