Le cadeau de Nushka - 1

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Un an plus tard, à Noatak...

Adossé à sa voiture de patrouille, Stiles buvait son café brûlant à petites gorgées. C'était septembre. Les températures avaient déjà drastiquement chuté. Bientôt, la neige serait là, annonçant l'arrivée de l'hiver.

Un cycle sans fin qu'il ne se lassait pas de vivre. Il avait beau, aujourd'hui, connaître l'Alaska, il avait toujours l'impression de la redécouvrir. Comme si elle se réinventait. Comme s'il s'agissait, pour elle, d'une renaissance à chaque changement de saison.

Les choses n'avaient pas changé ici, malgré le temps passé. Hormis qu'il avait vraiment l'impression de profiter de la vie dans ce qu'elle avait de plus simple à lui offrir.

Autant l'avouer, étant ce qu'il était il avait fini par s'ennuyer un peu. Il ne serait retourné à New York pour rien au monde mais son cerveau avait toujours besoin d'être très actif, aussi avait-il réussi à décrocher, en plus de son travail d'adjoint ici, un poste de consultant pour le FBI. Certaines équipes lui envoyaient parfois quelques dossiers sensibles qu'elles ne parvenaient pas à résoudre et, après quelques jours à minutieusement tout étudier, il donnait son avis.

Pour cela, une très bonne connexion Internet était nécessaire. Étant donné que la cabane – fortement rénovée et agrandie ! – où Derek et lui vivaient était dépourvue de ce luxe, Stiles passait donc le plus clair de son temps au poste de police quand il voulait travailler sur ses dossiers en étant sûr de pouvoir contacter ses collègues de la côte Est dès qu'il avait une question ou une supposition. Même s'il ramenait toujours quelques rapports à lire, évidemment.

Pourtant, il ne se plaignait pas du tout de ce manque de confort que tous estimaient aujourd'hui vital. De toute façon, une fois chez lui il avait bien trop de choses à s'occuper pour avoir du temps à perdre devant la télévision ou sur un ordinateur. Car il n'y avait pas qu'Internet qui ne parvienne pas jusque là-bas, il y avait également l'eau courante et l'électricité. Derek lui avait proposé de contacter les services concernés afin de tout installer et rendre leur petite maison plus confortable mais Stiles avait refusé.

Il n'avait donné aucune autre explication à son compagnon quant à son refus, si ce n'est qu'il aimait beaucoup vivre comme ça, mais en réalité il y avait une raison. Une très bonne raison. Qu'il avait préféré garder pour lui.

Et cette raison, la voici :

Pour un être humain qui était né et avait grandi en Californie, c'était utopique d'espérer s'accoutumer à la température de l'Alaska. Même l'été il avait froid ! Et il avait découvert une chose très importante lorsqu'ils s'étaient définitivement installés ensemble : il n'aimait rien d'aussi fort que de se coller contre Derek pour se réchauffer.

Il y avait quelque chose d'assez primaire dans ce besoin qu'il ressentait de chercher de la chaleur auprès de son amant, mais cela lui plaisait à un point qu'il était prêt à se priver d'électricité chez lui.

Derek avait tout de même tenu à refaire entièrement l'isolation de la cabane. Stiles ne comptait plus le nombre d'heures qu'ils avaient tous les deux passées à nouer des canisses de paille avec de la corde, qu'ils avaient ensuite tassé sur les murs avant de les recouvrir d'une boue étrange que son compagnon fabriquait lui-même à l'aide, entre autres, de terre, d'eau et de foin. Puis ils avaient cloué des planches par-dessus avant de s'attaquer à l'extérieur pour reboucher tous les trous et interstices susceptibles de laisser passer le froid. Tout en veillant à laisser une petite ouverture, juste au-dessus de la porte d'entrée – refaite elle aussi – afin de faire circuler l'air à l'intérieur de l'habitation.

La réserve où se trouvaient les outils, de même que le congélateur naturel, et qui servait également de garage pour la motoneige, avait elle aussi subi des rénovations. Elle avait été entièrement isolée à son tour puis ils avaient créé une porte communicante entre elle et le salon, ce qui avait doublé la surface de la cabane et offert à Stiles un bureau où il aimait se prélasser le soir, les pieds posés sur le poêle à bois tout neuf. Ils avaient ensuite construit une nouvelle petite dépendance pour y stocker leur matériel. En bref, ils en avaient fait un petit cocon rien qu'à eux et Stiles s'y sentait bien.

Alaska (MxM version)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant