Je suis désormais la seule à le savoir, j'ai plusieurs fois tenté de sortir du silence, personne n'y a cru, tout le monde t'appréciait. Alors je me suis dit qu'en faisant face à mon bourreau j'allais enfin pouvoir guérir par l'expression de ma douleur. J'allais pouvoir me libérer si tu admettais m'avoir fait du mal, pas vrai ? Tu ne penses pas que j'ai le droit de m'en défaire ? Quelle horreur quand tu as finalement contredit ma parole. Je suis désormais la seule à y penser. La seule à vivre avec.
Toi tu as un grand appartement en centre ville, avec ton animal de compagnie, une voiture de luxe, tu as refait ta vie avec un homme fort et gentil, tu élèves son fils qui quelque part devient aussi le tien. Pendant que je hurle en silence le soir dans mon lit. C'est tout ce que je sais.
Je retombe dans le pathétique systématiquement. Je m'adresse directement à toi, alors que tu ne m'entends pas. Tu ne m'as jamais entendue. Ce que j'écris n'a pas de vérité. Il n'y a que mes souvenirs d'enfant, je n'ai pas le droit de dire tout cela.
Je n'ai pas le droit d'en souffrir. Je suis contente de ma violence, je suis contente de ce que tu m'as transmit : puisque je le perpétue. Le cercle vicieux est complet. Sans jamais évoluer. Il est scellé
YOU ARE READING
Le silence de l'agneau
SpiritualQuand je fais un pas en avant, c'est pour reculer d'au moins cinq. Quand j'ai envie d'en parler, je culpabilise, je m'étrangle de le dire, et tout à coup lorsque les mots se matérialisent : les faits n'ont plus aucun sens, un peu comme si rien de to...