3 - Florian
J'ai déjà entendu quelqu'un dire qu'il fallait se battre pour notre avenir. Que rien ne nous est dû et que pour y arriver, il faut y croire. Aussi étrange que cela puisse paraître, je crois en l'avenir, mais pas au mien. Le mien a déjà été scellé par l'un de des principes auxquels je tiens le plus. Jamais je ne laisserai quelqu'un derrière moi, car ce serait comme m'abandonner moi-même. Cependant, je veux croire en l'avenir de mes proches. Je veux croire que mon fils pourra grandir dans un monde où la paix règne. À cet instant, j'ai l'impression de ressentir réellement ce que les soldats qui ont combattu lors de la Première et de la Seconde guerre mondiale ont ressenti. Car il faut être honnête. Tant que nous ne sommes pas confrontés exactement à la même chose, nous ne pouvons pas comprendre ce qu'ils ont enduré pour que la paix revienne.
Mais là, assis dans l'avion qui m'emmène avec mon groupe dans le sud de la France pour surveiller nos frontières, je les comprends. Je vois aussi à tous les visages fermés autour de moi qu'on sait tous qu'on risque de ne jamais revenir. Que de ce fait, nos corps ne pourront jamais être rendus à nos familles afin qu'elles puissent faire leur deuil. Mais nous l'avons tous accepté en montant dans cet avion et en laissant nos plaques d'identification à la base.
Personnellement, je ne fais pas tout ça dans le but d'être reconnu. D'être appelé héros. Comment pourrais-je vouloir ce titre alors que je suis amené à prendre des vies pour en protéger d'autres ? Je sais que d'autres sont appelés héros de guerre et je n'ai rien contre, au contraire. Mais je ne veux pas être appelé ainsi. Le fait de savoir que je me suis battu pour protéger mon pays et les miens me suffit largement. Peut être que Kalysta m'en voudra d'avoir agit ainsi, mais je préfère. J'ai été égoïste mais de cette façon, elle ne saura pas comment je suis mort. Elle ne souffrira pas de ça au moins. Elle devra juste surmonter la douleur de ma disparition. Mais je suis sûr qu'elle s'en remettra et donnera suffisamment d'amour à notre fils pour nous deux. C'est une lionne, une femme avec un caractère fort et combattant.
Je lève les yeux pour fixer mon regard sur une sangle qui pend. On s'accroche à ce genre de sangle lorsqu'ils ouvrent la soute de l'avion avant qu'on saute en parachute. Cette fois, nous n'allons pas sauter en parachute, mais elle a l'utilité de me permettre de focaliser mon attention sur quelque chose. Je ne vais pas regarder mes camarades en train de faire le point sur leur vie...
- Tout va bien, Florian ?
Finalement, la sangle ne m'aura pas été utile très longtemps. Je la lâche du regard pour me tourner et regarder Arthur. À la réunion, il a été le premier à me suivre et ça ne m'étonne même pas. Depuis la mort de Léo, il est celui dont je suis le plus proche.
- Oui, ça va. Et toi ?
- Ouais. Tout va bien. Dans le meilleur des monde !
Je le regarde, surpris, avant de me mettre à rire. Il n'y a bien que lui pour dire ce genre de choses dans un moment pareil. Il sourit à son tour et on commence à parler de tout et de rien, mais surtout pas de ce qui nous attend par la suite. Petit à petit, nos autres camarades commencent à se joindre à notre discussion. C'est la grande force d'Arthur. Quoi qu'il arrive, il trouvera toujours ces quelques petits mots qui feront s'alléger l'atmosphère.
L'avion finit par se poser et on rejoint d'autres groupes armés qui viennent d'un peu partout en France. Il a été décidé en quelques instants par les dirigeants que chaque base devait envoyer un groupe au niveau des frontières. Car si nous étions attaqués par la voie aérienne, nous le saurions assez tôt pour que nos avions de chasses aillent au combat. Sauf que prévoir l'arrivée par la mer est plus difficile. Notre armée est surtout tournée vers l'aérien et le terrien. Alors pour compenser, nous nous déplaçons directement.
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War of answers
Science FictionDans un monde où connaître son avenir est désormais possible grâce aux avancées technologiques, la Troisième Guerre mondiale est sur le point d'éclater. Là où connaître la réponse aurai dû calmer les choses, ses réponses ne font que compliquer les c...