Les Visiteurs de Welt'n Marrain - Tome 1 : Le Pouvoir de l'Encre

Chapitre 1 : Un début à tout.

"Le conte n'est pas fait pour endormir les enfants, il est fait pour réveiller les adultes."

- Nahman de Bratslav.

Cette journée, ils ne sont pas prêts de l'oublier.

Le cabinet du psychologue scolaire d'HP Lovecraft School à Grands-Rapids n'était pas franchement amusant. Les murs gris transpiraient une odeur vieillarde et les affiches qui se balançaient au plafond étaient jaunies par les années qui passaient.

C'était ici, que la jeune Ashley Walter avait décidé de passer son temps libre en cette journée de mai. Elle avait longuement hésité avant de prendre cette décision, mais le sujet était trop lourd à porter. Elle devait s'en confier.

- Alors, Ashley. Dis-moi. Comment as-tu géré ce drame ? Demanda Catherine Orwel, la psychologue du collège, de ses yeux verts pleins de tendresse. Doux yeux qu'elle dissimulait derrière une paire de lunettes qu'Ashley trouvait bien ridicule. La jeune fille ne pouvait pas la regarder bien en face, car elle savait qu'elle éclaterait de rire tant sa psychologue était caricaturale.

Ashley mit du temps à répondre. Elle mordait sa lèvre inférieure tout en se remémorant les douloureux souvenirs qui lui revenaient.

- Plutôt mal. Répondit-elle sombrement d'une voix tendue.

Catherine gribouilla quelques mots sur sa feuille de note, tout en observant le comportement de la jeune élève. La disparition d'un père n'était jamais un événement vécu avec facilité, en tout cas, pas avec tout le monde. Pas avec une jeune fille de douze ans.

- Tu peux... M'en dire plus ? Tenta la psychologue, tout en sachant que la réponse ne serait pas suffisante. Ashley était très timide, et parler de tels sujets intimes n'était pas simple. Catherine en avait parfaitement conscience. L'enfant inspira profondément avant de répondre.

- L'annonce était violente. Commença-t-elle. On a appris que papa était mort un soir au dîner. Le téléphone avait sonné, et maman avait répondu. Ashley marqua une pause, sentant ses yeux se remplirent de chaudes larmes étouffantes. Sa voix, noué, la tenait fermement. On nous a dit que... Bégeya-t-elle. L'avion qu'il pilotait s'était écrasé sur un champ, et qu'aucun passager n'avait survécu. C'était terrible.

- Comment as-tu réagit ? Les jours et semaines qui suivaient ?

- J'ai tenter de... Elle réfléchit. D'expulser ma haine, ma tristesse et tout mon chagrin contre la vie qui me l'avait prit. Elle avait prit mon père. J'étais anéantie. Je ne me voyais pas continuer à vivre sans sa présence, sans ses conseils, sans sa gentillesse. J'étais en échec scolaire ensuite. J'ai galéré à remonter mes notes, mais je dois dire que je ne me suis pas trop mal débrouillé en quelques mois... A rattraper tout mon retard.

Catherine acquiesça.

- Comment as-tu expulser cette haine ? Que tu avais en toi ?

- C'est difficile à dire, je ne sais même pas moi-même si elle est vraiment partie un jour. Mais j'étais plus agressive, chose que je n'étais pas avant. Je pleurais en publique aussi. Ça n'arrivait jamais non plus. La preuve, je commence à pleurer maintenant, c'est vraiment stupide... Souffla-t-elle. Chose de différent, je ne parlais plus à mon frère. On n'étais plus proche.

- Tu parles, de Scott Walter ? Il est plus âgé que toi, non ? Demanda Catherine.

- Oui, c'est ça. Il est une classe au-dessus de moi, il est né en 2006 et a donc treize ans ! Je me souviens, quand on étais plus petit tout ce que nous faisions ensembles... Quand on allait pique-niquer à la plage, quand nous allions au parc d'attractions et quand... Je faisais des bêtises avec lui. Se remémorer tous ces souvenirs positifs lui redonnait le sourire. Un large sourire brillant apparut sur son visage, et ses yeux noisettes s'emplirent de nostalgie et de rêverie. Elle passa une main dans ses cheveux bruns et sortit un mouchoir, pour sécher ses larmes, avant de se redresser.