Sommeil

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Dimanche soir. 21h31. Je rentre chez moi en train. J'ouvre mon sac et en tire le précieux carnet. Il m'intringue de plus en plus. Peut-être parce que je n'y comprends encore rien...


Je n'arrive plus à dormir. Je manque de sommeil atrocement. Connaissez-vous cette sensation? Celle d'être exténuée. Vos yeux se ferment instinctivement. Votre crâne est maintenu dans un étau de plomb. La force centrifuge multiplie votre poids par votre dix. Et pourtant votre esprit fonctionne au plus profond de lui. Il vous empêche de dormir.  Il vous maintient éveillé. Il vous torture. Votre esprit vous parle et vous le savez. Vous n'allez, encore, pas pouvoir vous reposer.


Et mon esprit pense. Il pense sans cesse. Et je pense. Je pense sans cesse. C'est énervant. Qu'est ce que ça m'énerve. Pas vous? Ces faux prêches qui courent les rues. Ces faux révolutionnaires. On l'est ou on ne l'est pas Monsieur. Et on ne se sert pas de cette excuse, qui est sérieuse et lourde, pour se donner un genre ou se conforter dans la simple idée que l'on ai pas envie de ressembler à tout le monde. 

Si l'on décide d'être marginal, ça n'est pas pour aimer les corps qu'on nous présente sur les affiches, ceux à la mode du moment. Si l'on décide d'être marginal, ça n'est pas pour s'habiller comme un occidental. Si l'on décide d'être marginal, ça n'est pas pour faire un caprice lorsque qu'une remarque, une situation ne plait pas... lorsqu'on n'a pas l'objet désiré. Et c'est encore moins pour le montrer à tout le monde lorsqu'on l'a, qui plus est de l'argent d'autrui. Si l'on est marginal c'est ne pas hésiter à se lancer dans l'inconnu parce que de toute façon on a plus rien a perdre. Ca n'est pas obéir aux conventions collectives de l'ethnie dans laquelle on est née. Etre marginal, ça n'est pas une rébellion soudaine pour s'imposer aux yeux des autres. C'est un état d'esprit. Utiliser l'excuse de vouloir détruire les mœurs de la société en buvant par exemple, c'est de la provocation. C'est uniquement cela. C'est dire, vous voyez? Moi aussi je peux le faire et je peux aller plus loin que vous. Mais faites donc sombres idiots. Faites et voyez où cela vous mène. 

Mais où sont passées les valeurs qu'on m'a inculqué? Pourquoi tricher pour obtenir à ses fins? Où est l'honneur bordel? Pourquoi rejeter la faute sur les autres? Pourquoi être agressif, nerveux et nocif? Pourquoi frimer? Pourquoi se parfaire dans une catégorie a laquelle on appartient pas? Pourquoi dire des mots auxquels on ne croit pas, des mots que nous ne sommes pas capable de suivre ou d'assumer? Des mots auxquels on accorde aucun poids? Pourquoi avoir plusieurs paroles, alors que l'on en assure une seule? Aller. On efface tout et on recommence. On essaye de prendre soin des autres, pour de vrai cette fois. Ai-je fais quelque chose de mal pour me reprocher sans cesse mes actions? Je vous le demande, à vous tous, qui m'avez au moins une fois dans votre vie reproché quelque chose à tord. Selon vos braves personnes, ai-je le droit de vivre?


J'ai grandi avec un marginal. Un vrai, par nature. Un garçon qui n'a pourtant pas décidé de l'être. Parce que son père était alcoolique et que l'enfant allait le chercher dans les bars. En marge de la société car envers et contre tous pour une question d'honneur. Un enfant qui était solitaire, et un père qui a su se forger tout seul. Autodidacte? Non. Autarciste et libertaire. Oui. 


Et bien je crois que je ne retrouverai plus ceci. Plus jamais ces valeurs. Parce qu'elles semblent uniques et perdues à jamais. J'aimerais pourtant tant les transmettre. Les transmettre à un enfant qui ne serait pas parfait. Quelle superficialité comblée de mensonges et de vices que la perfection. Cet enfant là ne serait pas parfait. Il n'aurait pas un joli petit nez et une petite bouille ronde, avec des cheveux blonds cendrés, d'un soyeux inimitable. Il n'aurait pas la plus grande patience du monde. Il n'aurait pas non plus les meilleures notes de toute sa classe à l'école. Il ne serait pas porteur d'un message universel, allégorie de la divinité. Non. Mais en mon sens il serait parfait. Il aurait des valeurs qui le rendrait plus pur que n'importe quel être sur cette terre. Plus divin que le religieux. Mais c'est d'un égoïsme sans nom, de nos jours, d'avoir un enfant pour satisfaire un but personnel alors que le monde court à sa perte, et que l'horreur se fait roi. 

Alors je ne retrouverai plus ces valeurs. C'est perturbant. C'est tellement perturbant que je n'arrive plus à dormir. 

LundiWhere stories live. Discover now