Chapitre 1

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— Audrey ? Ce n'est pas le Commissaire Williams là-bas ? me demande une amie en désignant de la tête un homme debout, de l'autre côté du trottoir.

— Si, et je peux te dire que ça ne sent jamais bon quand il vient me chercher à la sortie des cours...

Tandis que je traverse le passage piéton pour le rejoindre, je devine des échanges de regards inquiets dans mon dos mais je fais mine de rien. J'arrive devant le Commissaire, un homme d'une quarantaine d'années que je considère presque comme mon père depuis que ma mère est en prison. Avec ses cheveux grisonnants, ses sourcils broussailleux et sa barbe de trois jours qu'il entretient soigneusement, il est sans doute le meilleur flic de la ville, toujours sur le terrain malgré la charge administrative déconcertante qui l'attend chaque soir au bureau.

— Bonjour Commissaire.

— Bonjour Audrey. Comment vas-tu ? me demande-t-il avec son air paternel habituel.

— Bien. Qu'est-ce que ma mère a encore fait ?

— Cette fois, c'est elle qui est victime dans l'histoire. Il faut qu'on parle, et en privé, ajoute-t-il en lançant un regard en direction de mes amies qui essaient discrètement de se rapprocher de nous.

Elles se mettent toutes deux à glousser de rire et s'éloignent en trottinant. Mon pouls commence à s'accélérer, toujours plus vite, toujours plus fort. Je le sens qui n'attendrait que de sortir de mon corps en cet instant s'il le pouvait.

— J'ai une mauvaise nouvelle à t'annoncer, mais il ne faut pas que tu t'inquiètes.

— Il ne faut pas que je m'inquiète ? Mais il s'agit de ma mère !

— Elle est en route pour l'hôpital, Audrey, lui dit-il gravement. Un détenu l'a poignardée entre les deux poumons. Elle va être prise en charge en urgence.

Une larme de colère se met à couler sur ma joue. Je l'essuie d'un revers de manche sans la moindre pitié.

— Oh mon dieu ! Mais la prison n'est-elle pas censée être surveillée ? C'est vrai que ce n'est pas comme si il y avait des centaines d'assassins sanguinaires là-dedans, hein !

— Je savais que tu allais réagir comme ça. Écoute, j'ai lancé mes hommes à la recherche d'un détenu portant un couteau. Ta mère sera chargée de reconnaître celui qui a commis cet acte. Elle s'en remettra, ne t'inquiète pas. J'attends aussi les résultats des caméras de surveillance, qui ne devraient d'ailleurs plus tarder, ajouta-t-il en consultant son téléphone.

— A la recherche d'un détenu portant un couteau ? Non mais sérieusement, ils en ont tous au moins un dissimulé dans leur tenue ! C'est chercher une aiguille dans une botte de foin là, vraiment !

Comme sauvé par le gong, le commissaire de police reçoit un appel sur son téléphone portable.

— Ah, voilà ! Qu'est ce que je t'avais dit !

Je l'observe silencieusement, plus inquiète qu'autre chose.

— Allô ? Oui, j'attendais ton appel Greg. Alors ? Attends... Quoi ? Comment ça ? Mmh, ok, j'arrive sur place dans cinq minutes.

Il raccroche et me fixe à nouveau de ses yeux bleus.

— Bon, j'ai un braquage de bijouterie dans le quartier d'à côté. Il faut que j'intervienne au plus vite, une équipe est déjà en route. Si tu veux je vais t'envoyer deux hommes...

C'est alors que je vois passer une ambulance qui tourne en direction de l'hôpital. Sans même lancer un dernier regard au Commissaire Williams, je me mets à courir derrière le véhicule blanc.

AudredOù les histoires vivent. Découvrez maintenant