Chapitre 2

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J'ouvris la porte et décidai de fermer tous les volets, j'allumai la lumière et montai l'escalier. Arrivée en haut, je pris une grande inspiration et passai devant la porte de la chambre de ma mère sans même tourner la tête. Dans ma chambre, je pris mon vieux sac à dos, j'y rangeai les quelques affaires nécessaires et je redescendis au rez-de-chaussée. Une fois sortie, je constatai que la rue était plongée dans l'obscurité, comme à son habitude. Les seuls lampadaires présents émettaient une simple lumière blafarde, mais je pouvais voir que mon oncle était toujours là. Je fermai la porte de la maison à double tour, vérifiai que rien est accessible, et montai dans la voiture. Vingt minutes plus tard, on arriva devant le Manoir. Gaël était notaire et sans enfants. Il enchaînait les conquêtes amoureuses, bien souvent très courtes. Gaël était un homme riche, certes, mais sans aucune empathie, sans aucun amour propre, sans aucun romantisme. Tout ce qui faisait de lui un homme à femmes, c'était sa richesse. Il leur offrait des bijoux somptueux, des robes magnifiques, des voyages luxueux, puis il leur promettait le plus beau des mariages, comme ceux que l'on trouve dans les contes de fées. Ensuite, une fois qu'elles avaient succombé à son charme, il leur volait leur vie, puis les jetait, du jour au lendemain, sans la moindre once de pitié. Alors, il repartait à la conquête d'une nouvelle femme, plus riche encore, pour satisfaire ses envies et ses désirs d'enfant capricieux. Un véritable Don Juan. Impitoyable. Sournois. Irrespectueux.

Hier, en arrivant dans ma chambre au Manoir, je m'étais rendue compte que le décès de ma mère allait changer ma vie. J'avais encore beaucoup de mal à réaliser qu'elle n'était plus là. Que plus jamais elle ne me serrerait dans ses bras. Peu de temps après ma naissance, mon père lui avait été infidèle, il l'avait trompée. Pour se venger, elle avait décidé de tuer son amante. Ce fut chose faite. Cependant, quelques heures plus tard, après que le mari de la victime ait découvert le corps de sa femme sans vie en rentrant de son travail, elle fut envoyée en prison. Ça faisait seize ans qu'elle était en cellule, et elle devait en sortir dans quelques jours. Je vivais donc depuis tout ce temps avec mon père, jusqu'au jour où il fut retrouvé mort sur l'un de ses chantiers. L'enquête avait été fermée après avoir considéré son cas comme étant un suicide dû au stress d'une surcharge de travail considérable. Ainsi, à l'âge de douze ans, je m'étais retrouvée seule. Ma mère avait de nombreuses permissions de sortie pour pouvoir s'occuper de moi, mais la plupart du temps, je devais faire preuve d'autonomie. Le Commissaire Williams avait fait preuve d'un très grand sens de la paternité à mon égard, et avait obtenu pour moi une dérogation, afin que je puisse rester chez moi, plutôt que d'aller dans un foyer. Il passait me voir très régulièrement, pour s'assurer que tout aille bien.

Je n'avais pas dormi de la nuit. Je sentais mes paupières tomber de fatigue, mais ce n'était rien à côté de la journée qui m'attendait. Mon oncle n'avait pas traîné pour me changer de bahut. Je regardais la façade de mon nouveau lycée avec appréhension. Je me demandais vraiment comment ça allait se passer. Je sentais que mon année de première qui avait si bien commencé dans un lycée peinard à l'autre bout de la ville allait bientôt prendre fin...

Je sursautai soudain en entendant une voix masculine derrière moi.

- Euh... Salut, tu es nouvelle ?

C'était un grand blond aux yeux bleus. Il portait un jean bleu et un tee-shirt blanc qui mettait en valeur ses muscles d'athlète. Sur son épaule droite, une veste bleue. D'habitude, j'aurais clairement commencé à lui gueuler dessus, en lui disant qu'on ne fait pas peur aux gens comme ça, surtout quand ils ne s'y attendent pas le moins du monde. Mais là, premièrement, j'étais complètement claquée, et deuxièmement, il était vraiment trop mignon, avec un charme dingue. Et puis bon, ce n'était pas le moment de commencer à se faire des ennemis !

- Oh, je suis désolé, je ne voulais pas te faire peur, me dit-il en me faisant un sourire gêné.

- Ah, euh... T'inquiète, ce n'est pas grave. Oui, je suis nouvelle, je viens d'arriver et toi ?

AudredOù les histoires vivent. Découvrez maintenant