Partie 13 - L'amour c'est une mission suicide

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Léna est sous le choc. Elle ne s'attendait pas à une telle violence. Elle n'a pas le temps de parler qu'il enchaîne :

- Ton cinéma à deux balles, tu l'as fais pas ici vu ? Écoute-moi bien, cette fille-là tu lui manques pas de respect, elle t'a rien fais. C'est quoi ton problème ? - en se tournant vers moi - Rentre.

Mes jambes ont répondu à son ordre machinalement. En allant vers la porte d'entrée, je me tourne pour essayer de voir dans quel état il est ; ses yeux sont couleurs écarlates. L'air crispé qu'affiche son visage m'est désagréable. Je me sentais coupable d'être à moitié responsable de sa colère. Je l'entends lui crier dessus. J'ai eu envie de tempérer la chose mais rajouter mon grain de sel ce serait mettre de l'huile sur le feu donc je file. La pluie se défile à mesure que mes pas claquent au sol.

De retour à la maison, je m'aperçois qu'on est pas seuls, il y a des invités : les amis de Baba. Je leur passe le bonjour très furtivement et je me faufile directement dans ma chambre pour ne pas que ma mère me voit dans ma tenue mouillée. Elle risque de s'inquiéter et me servir de ses remèdes de grand-mère pour prévenir une quelconque maladie.

Après m'être changé, je mets mon collier autour de mon cou. J'aperçois trois sacs sur mon lit ; les cadeaux de ma tante, ma cousine et ma famille. Un livre et un lecteur MP3 pour commencer. En voyant le MP3 j'étais refaite ! J'aime écouter de la musique et avec mon vieux bigo c'est pas facile. Le dernier cadeau vient de Riad et mes parents ; un nouveau téléphone : un Samsung dernier cri. J'étouffe ma joie.

Je peux pas aller au salon déranger mon père, ma mère doit être en train de se reposer et mon frère doit dormir. J'attendrais demain pour les remercier. Je me dépêche d'envoyé une longue tirade à ma cousine et à ma tante pour les remercier.

Après cet instant euphorique, je me pose à la fenêtre et observe le peu de pluie qui tombe du ciel. À 22 heures passée, à ma gauche, il y a encore des petits dehors, ils courent sûrement en direction de chez eux pour s'abriter. Je l'espère du moins. À ma droite, je tombe sur des plus grands penché vers une voiture émettant de la musique, j'ai même pas envie de penser à ce qu'ils trafiquent. Je ferme ma fenêtre, j'en ai assez vu pour aujourd'hui.

La sucette que m'a offert S. me fait de l'œil. Je me débarrasse de l'emballage et le porte à ma bouche. Le dernière fois que j'ai pris une sucrerie c'était il y a très longtemps, je m'en rappelle quasiment pas !

Je m'étale sur mon lit, les yeux rivés au plafond, la sucette dans la bouche. Je me demande bien comment s'est terminée la discussion entre Serpent et Léna. Ma pensée s'arrête sur lui ; en le côtoyant ces derniers temps, je lui trouve quelque chose de bon. J'aime beaucoup sa façon d'être avec moi, sa manière de me parler, le fait qu'il me porte autant de respect et surtout qu'il prenne ma défense... tout le différencie. Je nourrissais de jour en jour une profonde affection pour lui.

Une semaine s'écoule sur le sablier, je rentrais de mon stage. MP3 en main, j'écoute de la musique tout en frôlant le bitume. Franchement, cette invention a changé ma vie, j'ai pas besoin de prendre mon téléphone pour écouter mes sons préférées, tout est simple et rapide, sans prise de tête.

À la maison tout se passe plutôt bien, l'ambiance est moins pesante que les semaines d'avant. Le fait que Riad se marie a littéralement changé notre perception de la vie, du moins ma perception à moi. J'ai réussi à voir un tout autre aspect de l'Amour, celui qui met en avant les concessions et les sacrifices. Un Amour prêt à gravir toutes les montagnes quitte à se ramasser. L'Amour, le Vrai. Serena et sa famille nous ont fait une belle leçon de vie en réalité. Un homme n'est condamné à sa situation que s'il la laisse faire. Je pense qu'au fond on l'a tous compris.

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