Partie 18 - Une nuit de haine et d'amour

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J'étais bouche-bée. Il venait de me traiter d'idiote dans le plus grand des calmes et me parler de son pote d'une manière déroutante. Chaque mot était prononcé avec hargne et rage. Je suis trop ahurie par son audace pour lui répondre. J'ai pas vu le trajet passé parce qu'en un éclair, j'étais dans ma cité. Je l'observe partir sans comprendre ce qu'il a voulu me dire.

Ce soir-là, j'ai pas réussi à fermer l'œil. C'était quasiment impossible. Qu'est-ce qui a amené Mamadou à finir ivre mort ? J'ai vu aussi à quel point c'était un homme blessé et cette pensée-là a éclipsé toutes mes interrogations sauf une : est-ce que c'est réellement ce que je veux dans ma vie ?

J'ai eu de ses nouvelles le lendemain, il voulait s'expliquer, je voulais pas. Il a demandé à me voir mais j'ai refusé. Le mariage de mon frère est plus important que tout. Me prendre la tête ? Autant pour moi. Je préfère laisser les festivités passées avant d'être dans d'aller au front.

Vendredi matin. Le mariage religieux. 

Junayd est arrivé quelques minutes avant que l'Imam commence, avec sa mère. Il était habillé d'un beau qamis bleu roi : un bas et un haut envoûtant. Il ressemblait à un de ces princes des milles et une nuit. Il était là, un peu gêné, à remonter tant bien que mal son col pour ne pas qu'on aperçoive le tatouage sur son cou. Je le regardais en souriant. Et puis c'était la première fois que je le voyais si bien vêtu. En sentant mon regard sur lui, il s'est arrêté et m'a demandé de la tête ce qu'il y avait. À l'abris des regards on communiquait ; je lui montrais le geste qu'il n'arrêtait pas de faire. Il m'a souri. Sa mère nous a surpris. L'embarras que j'ai eu ! Finalement, elle a fait comme si de rien était et personnellement j'ai fais l'autruche. Serena est ma belle soeur officiellement aux yeux du Seigneur. Cette étape a été magique. Les kilos de gouttes qu'on a tous versé pourraient remplir un puit. Les youyous ont fusé dans tous les sens. Les danses ont suivi. Ma famille présente a donné tout ce qu'elle pouvait en danse à commencer par Faïza et son mari. Ils ont enflammé le salon.

Je les regardais en me tapant des barres. Je vois ma mère s'éclipser dans la cuisine : je suis sure qu'elle est partie chercher les plateaux de gâteaux. Elle veut jamais s'arrêter. Je décide d'aller l'aider.

- Va t'amuser ma fille.

- Ah non ! C'est le mariage de ton fils, profite de lui parce qu'à partir demain soir, il sera plus là.

- Me dit pas ça, je vais pleurer.

- C'est bon maman ! - en rigolant - Quand je vais partir moi aussi, tu vas faire comment ?

- Je sais pas ! Mais c'est quand ton tour ? me demande-t-elle.

- Quand le bon décidera de passer le seuil de la porte.

- Un bon garçon j'espère, réplique-t-elle.

- Je peux vous aider ? demande une voix qui m'est très familière.

Junayd nous regarde à tour de rôle.

- Non mon garçon, t'inquiète pas ! Va t'amuser, va ! lui dis ma mère en prenant le plateau.

- J'suis pas très bon danseur tata.

- Le plus important c'est de participer ! On vous apprend pas ça à l'école ? réplique-t-elle en se postant devant lui.

- J'suis plus à l'école depuis longtemps moi.

Il lui prend le plateau des mains. Ma mère n'a même pas le temps de lui dire quoi que ce soit, qu'il disparait. Disparaître c'est quelque chose qu'il maîtrise bien.

- C'est un très bon garçon Ma sha Allah.

- Oui, répondis-je en ayant une pensée pour Junayd.

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