III

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-Je sais que tu as laissé sortir le basilique, et que tu t'en es servis pour tuer Mimie Geignarde, je sais que tu as condamné Hagrig et son arachnide pour te protéger, je sais que Dippet n'y croit pas et que ça t'énerve. Je sais que tu prépares quelques choses avec ta petite bande de toutous et je veux en être.

Tom reste stoïque, comme si rien de ce que j'aurais pu lui dire l'aurait ébranlé, mais dans ses yeux je peux y lire une tempête de penser. J'aimerais bien être légilimens ça me faciliterait tellement plus la tâche, je pourrais dénicher les cachettes d'horcruxes de sa mémoire et en finir une bonne fois pour toutes. Comme quelques heures plus tôt, je le sens essayer de pénétrer encore une fois dans mon esprit, mais je bloque toute entrée. Harry m'a bien appris.

-Tomy, tu m'as entendu ? Je veux en être. Tu as besoin de moi de toute façon, je suis bien plus puissante que toi et tu le sais. Il grogne. Alors qu'est-ce que tu en dis ?

Il faut absolument que je rentre dans son cercle, il faut que je devienne un mangemort et gagne sa confiance et celle de ses condisciples. Est-ce qu'il a déjà des disciples ? Probablement. Si je suis dans le cercle, je suis au centre de l'action et je peux connaitre leur action avant qu'elle ait lieu. Et le plus important de tout, je pourrais mettre à l'eau nombreuse de leurs plans.

Il me dépasse, et commence à marcher autour de ma chambre, il regarde mon lit, la vue depuis ma fenêtre, il ouvre un livre qui traine sur mon bureau, puis il revient vers moi :

-qu'est-ce que j'y gagne ?

-Une reine. Tom rigole d'un rire fou. Je n'avais entendu que Voldemort rire, et ça fait le même effet, mais pas d'un point de vue positif. C'est terrifiant, irréel, sorti tout droit des enfers. Une fois qu'il eut fini, je reprends. Allons Saress tu vas vraiment essayer de me faire croire que tu n'as pas de besoin ?

Je m'approche de lui, laissant ma main baladeuse se promener sur son torse. Avec un petit sourire aguicheur, je me mors la lèvre inférieure. Je suis si proche de lui que ma poitrine est à quelques centimètres de son torse. Je retiens l'envie de vomir qui grandit de minute en minute au fond de ma gorge. Mais j'ai l'impression qu'il mord à l'hameçon, hypnotisé par ma main, il ne bouge plus.
Bien sûr ça ne dure pas, il revient à lui assez rapidement, et m'agrippe le poignet férocement :

-Fersss Ass Seesss Harsss

Zut, j'aurais dû apprendre plus de fourchelangue avant de venir ici. Je ne connaissais que quelques mots grâce au sommeil perturbé d'Harry et ce qu'Harry avait bien voulu m'apprendre. Si seulement il existait un livre, genre un dictionnaire traduction : fourchelangue-anglais, ma vie serait tellement plus simple.

Harry... A la pensée de mon ami défunt, un voile se forme sous mes yeux... Il faut que je garde mon sang-froid, je ne peux pas craquer maintenant. Il faut que je sois forte. Il le faut. Pour la mission. Et le robot est de retour.

-Que se passe-t-il Jedusor ? Tu as peur d'aimer ça ? De ma main libre je caresse la bosse de son pantalon. Apparemment je lui ai fait de l'effet quand même. J'ai vraiment envie de vomir maintenant. Mais il m'agrippe ce poignet-là également et va me coller violemment contre le mur. Je sens ma tête picoter un petit peu sous le choc, mais je continue à jouer le rôle : toujours à vouloir le contrôle à ce que je vois même dans la chambre. Il grogne et renforce sa poigne jusqu'à je ne sente plus le sang circuler dans la pointe de mes doigts. Son regard vire au rouge vif, c'est un démon. Laisse-toi aller Saress ! Je lui chuchote en entourant sa taille de mes jambes. Tu sais que tu le veux aussi alors ...

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase que ses lèvres sont déjà sur les miennes. L'échange n'a rien de romantique ou de doux, c'est brusque, violent, douloureux et sauvage. Après ce qui me semble une éternité, durant laquelle quelques-uns de nos vêtements se sont retrouvés sur le sol, il me jette sur le lit. Et notre danse sexuelle continue.

Quelques heures plus tard, une fois les ébats terminés, je me relève. J'attrape mon soutif et ma chemise et commence à me rhabiller.

-Tu fuis ? Me lance-t-il depuis le lit.

-Je pensais que tu ne faisais pas dans le romantique Tomy. Je vais me laver, sois partie avant que je revienne.

Sur mes mots, je sors de la porte et cours vers la salle de bain. Ou j'ai juste le temps de lancer un rapide sort d'antibruit et de blocage de porte que je me jette sur les toilettes vidant tripes et boyaux.
Je l'ai fait. Je l'ai avec le maitre des ténèbres. Et je me sentais sale. De l'intérieur comme à l'extérieur. Je suis dégouté de moi-même. A l'instant même j'ai juste envie de tout arrêter, de stopper la mission, de partir loin, très loin, et oublier. Je suis dégoutante. Je vomis encore une fois je me dirige vers la douche et je frotte et frotte et frotte ma peau jusqu'à ce qu'elle vire au rouge écarlate. Je frotte, je frotte et je me sens toujours aussi sale. Je sens encore ses mains sur mon corps, je sens encore son souffle sur ma peau, je sens encore ses lèvres sur ma bouche, je ...

Je.. je ne sais pas si j'y arriverais. Je ne sais pas si je serais capable de continuer... Je ... Je me dégoute, il me dégoute.
Je ne sais même pas pourquoi continuer, qui m'en voudrait si je m'arrêtais ici ? Si j'arrêtais tout... J'aurais au moins eu une belle vie. Je revois leurs visages, tous leurs visages. Pleins de joie et puis morts. Je les revois, leurs derniers instants, leurs derniers mots. Et je fonds en larme. Toute la peine, toute la douleur que j'ai enterrée en moi jusqu'à présent, tout ressort d'un coup.
Je tombe à genou, secoué de soubresaut, laissant l'eau continuer à couler sur mon corps. J'ai l'impression de la douleur ne finira jamais, que je n'arriverais jamais plus à vivre ni respirer avec toute cette peine à l'intérieur de moi.

-Révélio, je murmure à mi-mot.

Et toutes les cicatrices, toutes les marques de la guerre, toutes traces de mon passé réapparu sur mon corps. Que ce soit le Mudblood écrit sur mon bras, ou encore les griffes de loup sur mes cuisses ou encore les traces d'ancien maléfice qui resteront gravés à jamais sur mon corps.
Toutes ces traces de mon passé. Elles sont qui je suis. Elles sont qui je suis devenue.
Et je ne devrais pas avoir honte de ça. Je devrais être fière d'être ici, à prouver une fois de plus que j'étais forte et courageuse. Et que pour eux, pour tous ces gens que j'aime plus que ma vie et qui sont morts, pour eux je peux le faire. Pour voir leur sourire encore une fois, pour entendre leur rire, leur laisser une chance de vieillir et d'avoir des enfants. Pour eux, je me dois de continuer.

Alors je me relève et j'éteins le pommeau de douche. Je redissimule mes cicatrices et le vide reprend sa place, renfonçant la douleur au fin fond de mon cœur.
Le robot reprend sa place. Le robot est la seule chose qui me tient debout, la seule chose qui me permet d'avancer. LE robot n'est qu'un outil, mon but, ses eux.

Une fois habillée, je retourne vers ma chambre. Elle est vide. Bien.

Il n'y a qu'un petit mot déposé sur mon lit qui attire mon attention :

"Prochaine réunion à minuit, dans la salle sur demande. Ne sois pas en retard.
Tom Jedusor."

Time travelerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant