Prologue

618 24 2
                                    

Bonjour, 

Tu trouveras les cinq premiers chapitres gratuitement sur Wattpad et tu pourras retrouver l'ebook ou la version papier en entier juste ici : ( LIEN A VENIR ) 

Chaque semaine, chaque mardi, je publierai un nouveau chapitre corrigé de la version finale jusqu'à la publication, soit mi janvier ! 

N'hésitez pas à me donner votre retour sur cette nouvelle version ! 

¤

Aaron

— Maman ! Papa !

Rien, je n'avais que le néant en guise de réponse. Les gravats des rochers tombant de la colline chantaient un air rauque près de moi. Sous mes pauvres yeux d'enfants, je pouvais voir la carcasse du train. Il n'y avait plus de vie, plus un semblant de vie par ici. J'étais seul désormais. Les trompettes se firent entendre derrière moi, je fermais les yeux lorsqu'un éclat de lumière m'éblouit, me rendant aveugle.

Quand j'ouvris de nouveau les yeux, j'étais allongé sur une vieille couchette. Je reconnus la tente du chapiteau érigée devant moi. Je me redressais, observant mes mains de jeune homme trempées de sueur. Ce n'était qu'un mauvais rêve. Nous venions de poser le camp dans la banlieue de Paris et cette escale semblait m'avoir déjà marqué. Paris, la ville de mon enfance, où il fait bon vivre pour les bourgeois. Paris, ma ville, ou du moins mon ancienne ville, celle que je ne regarderai plus de la même façon.

Je sortis hâtivement de mon lit de fortune et frappai du pied mon fidèle acolyte, Edward, qui était plutôt correct pour un type venu de la rue ! Il s'éveilla aussitôt, l'air surpris.

— Qu... Quoi ? Aaron ! Bon sang ! Il est trop tôt !

— Viens Edward !

Je n'entendais plus les plaintes dans mon dos, je savais qu'il était en train d'enfiler ses bottes pour me suivre. Je passai ma tête au travers de la tente pour découvrir la ville endormie. C'était étrange de revenir ici neuf ans après le drame. Toute ma vie avait changé, mon propre nom, mes vêtements, mes habitudes. Je m'efforçais de lire régulièrement en cachette, je voulais rendre mes parents fiers de là où ils étaient.

Je me hâtais dans les rues, Auguste me ferait encore des esclandres jusqu'au petit matin s'il me voyait là, mais j'avais besoin de sortir et découvrir ce que je ne pourrais jamais connaître. La vie que j'avais laissée derrière moi.

— Qu'est-ce qu'on fait ici ? Auguste va devenir fou ! Fou furieux ! s'exclama Edward en levant les bras au ciel.

Il était un peu plus jeune que moi, mais parfois j'avais l'impression qu'une décennie nous séparait, voulait‑il que nous nous fassions surprendre pour hurler aussi fort à en réveiller les animaux ?

— Je veux juste sortir.

— Tu sais, on va déjà dérober des bijoux demain matin !

— Suis‑moi plutôt.

Je levais fièrement la tête déambulant dans les rues plongées dans la nuit, les lampadaires éclairaient nos corps, nos ombres se dessinaient sur les pavés humides des ruelles que nous traversions à la hâte. Edward eut du mal à me suivre quand je décidais de grimper le long des tuiles de maison pour atteindre les hauts toits de Paris. Assis sur les tuiles, je nous accordai une courte pause. Devant moi se dressait la dame que j'avais tant regardée dans les journaux. J'avais attendu ce moment durant deux longues années.

— C'est quoi ce vieux bout de ferraille ? C'est moche !

— C'est la tour Eiffel, Auguste. Et ce n'est pas moche, c'est de l'Art.

— Pardon, M'sieur le bourgeois, mais moi je suis un chat de gouttière, pas un matou de maison qui a fugué.

Je roulais des yeux en entendant des sottises pareilles. Il n'avait pas idée des efforts que j'avais dû faire pour me sentir à peu près comme eux, les voyous des rues. Auguste avait été comme un père pour moi, nous volions les bijoux des visiteurs et il nous offrait le logis et la nourriture chaque soir en échange. C'était un procédé qui m'allait bien, jusqu'à ce soir. Mais tout avait changé désormais, la ville réveillait en moi des envies de liberté, je connaissais chaque recoin, chaque maison bourgeoise des grandes résidences. Je les connaissais tous ces hypocrites qui m'avaient oublié si rapidement. Mais Aaron Hamilton était mort il y a onze ans, ne restait plus que le gamin vagabond de dix‑neuf ans, prêt à se venger.

— Ce soir Edward, c'est une nouvelle vie qui commence pour nous, mon ami. Une vie faite de liberté.

Edward ne comprit pas vraiment mes propos, il se contenta de sortir une cigarette roulée à la main et de l'allumer avant de me la tendre. Il tira une longue latte sur la sienne en soupirant.

— J'sais pas ce que tu racontes mec, mais tant que tu m'trouves un bon plan pour manger et de belles filles, j'te suis !

— Il y a bien quelques endroits où je voudrais t'emmener Edward.

En disant cela, j'observais les valses rythmer la vie des bourgeois derrière une immense fenêtre au loin. Leurs longues robes, leurs musiques ennuyeuses, leurs repas sans fin. J'avais connu tout ceci, mais désormais ils ne m'inspiraient plus que le dégoût. Le temps de la revanche avait sonné pour moi, les cœurs des demoiselles ignorantes des beaux quartiers m'appartiendraient tous.

Vagabonde Bourgeoisie - Edité aux éditions Gloriana EditionsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant