Chapitre 1

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      Ma dernière valise fermée, mes cartons fin prêts, je m'assois sur le lit et examine ma chambre. Elle parait tellement plus grande maintenant qu'elle est vide. Je descends difficilement l'escalier les bras chargés de cartons, en faisant bien attention à ne pas tomber. Ce serait dommage de me faire mal la veille de la rentrée. Ma mère et mon frère m'attendent dans la cuisine :
- Luke, tu peux aller chercher ma dernière valise en haut s'il te plaît ?
Il se lève et remonte rapidement les deux étages. Ma mère me demande :
- Pas trop stressée ?
- Non, dis-je, tu l'étais toi ?
- Pas vraiment, tu sais, l'université c'est la liberté, mais il faut être organisé et responsable. Si tu fait partie de ces deux catégories, alors tout ira bien. Et puis je serais là pour toi. Quoi qu'il arrive.
      Je prends ma mère dans mes bras. Elle va me manquer. Je ne sais pas si je vais me sentir seule même au milieu des centaines d'élèves autour de moi ou le contraire. Je ne sais pas non plus si je réussirais à me faire de nouveaux amis. Quand on frappe à la porte je me décide enfin à me séparer de ma mère. Je vais ouvrir.  C'est Karl, mon petit ami. Il entre et je me pends à son cou. Il est mignon avec son visage d'enfant et ses cheveux blonds. Lui aussi il va me manquer. Je me détache de lui en entrant dans la cuisine.
- Ah Karl, tu arrives pile au bon moment, piaille ma mère, tu vas nous aider à charger la voiture !
- Bien sûr Hélène, bon je commence, dit-il en désignant la pile de cartons et mes deux valises.
- Tiens, les clés de la voiture, Luke va t'aider pendant que nous on va faire un dernier tour de maison pour voir si Amber n'a rien oublié.
      Je vérifie partout dans la maison si il n'y a plus rien dont j'ai besoin, avant de retrouver Karl pour lui dire au revoir. Je le regarde longtemps pour imprimer son visage sur ma rétine. Il m'attire à lui pour m'embrasser rapidement avant de me dire :
- On s'appelle.
- Chaque jour, je répond, et puis tu viendras me voir quand tu as du temps, ok ?
- Oui p'tit ange.
On s'embrasse une dernière fois puis il me pousse doucement vers la voiture.
- Aller tu as une longue route devant toi.
       Je m'installe à l'avant à côté de ma mère, tout en regardant la maison rapetisser au fur et à mesure que l'on s'éloigne. Je profite des derniers instants passés avec ma famille en riant avec mon frère et en chantant les chansons préférées de ma mère. On discute de tout et de rien et cela me fait oublier tout le reste. Mais plus on s'approche de l'université, plus le stress monte. Quand on passe devant le panneau " Université de UCLA, 2 miles", mes doigts son en bouillie et une boule d'anxiété se forme dans mon ventre. J'aurais tellement voulu que le trajet dure encore et encore, pour ne jamais arriver. Mais d'après ma mère, je suis passée au statut de jeune adulte, et je ne tiens pas à la décevoir. Elle a travaillé tellement dure pour me permettre d'entrer dans un endroit aussi prestigieux. 
      On se gare sur un immense parking presque plein. Un agent nous propose de l'aide pour transporter les bagages. Puis il nous conduit en voiturette de golf à travers tout le campus jusqu'au bâtiment principal. Je pousse les portes vitrées attenantes à l'accueil de l'établissement. Le hall est rempli de gens : des élèves seuls, des familles comme la
mienne, qui se disent au revoir, certains pleurent, d'autres sourient et s'enlacent en riant.
      Ma mère discute avec la secrétaire. Au bout d'un petit moment, elle m'appelle pour me poser des questions. Une fois tous les papiers remplis et signés, le certificat d'admission accepté et les clés de la chambre dans mes mains, la secrétaire nous indique l'ascenseur. On se débat longuement avec les cartons et les valises avant de réussir à tout faire rentrer dans l'habitacle. Je presse le bouton du troisième étage.  
      Nous débouchons sur un large couloir bordé de porte. Je cherche la chambre B6, et une fois devant j'insère la clé dans la serrure. Ma colocataire n'est pas là mais elle s'est déjà installée du côté gauche. Alors je me dirige vers la droite en posant mon carton sur le grand lit. La chambre est parfaitement symétrique. Les lit se font face ainsi que les armoires encastrées dans le mur et les commodes. Au fond de la pièce, en face de la porte, la baie vitrée donne sur l'immense parc entouré des bâtiments scolaires et résidentiels. La salle de bain est juste à côté de la porte. Elle comporte deux lavabo et une grande douche. Je souris. Oui ma famille va me manquer, mais je ne m'attendais pas du tout à une chambre aussi spacieuse et moderne.
      Ma mère et mon frère reste jusqu'à ce que toutes mes affaires soient rangées. Je redescends avec eux dans le hall pour les adieux. La boule dans mon ventre qui avait disparue, réapparaît soudainement. Je me force à sourire, mais je n'y arrive pas vraiment. Je finis par verser quelques larmes en serrant ma mère contre moi. Elle m'embrasse sur le front et me serre la main une dernière fois. Pareil pour mon frère. J'esquisse un petit sourire quand il me sort une de ses blagues débiles. Juste avent de partir ma mère me dit :
- Alors tu ne fumes pas, tu ne bois pas trop et tu fais attention aux gens ici, surtout les garçons si tu vois ce que je veux dire.
Elle me fait un petit clin d'œil avant de sortir avec mon frère. Je les regarde remonter dans la petite voiturette, puis je retourne dans la chambre.
      Quand j'entre, ma nouvelle colocataire est allongée sur son lit en train de lire. Elle est mince sans être maigre et elle a de longs cheveux blonds. A ma vue elle se lève et le souris :
- Hey salut, euh Amber, c'est ça ?
- Oui c'est ça et toi c'est...?
- Je m'appelle Cassie.
Elle me prend dans ses bras gentiment et je lui rend son étreinte. Je crois que l'on va bien s'entendre. On s'installe sur le balcon pour discuter. Apparemment Cassie est là depuis déjà deux jours. Je prends une douche, puis on repart pour aller manger. Elle m'emmène dans un café restaurant un peu plus loin sur le campus. C'est très gentil de sa part de m'indiquer les différents endroits importants du campus.
- Alors, je vais te poser des questions pour mieux te connaître, me dit-elle, prête ?
- Tout a fait.
- Ta famille ?
- Ma mère s'appelle Hélène et mon petit frère Luke a deux ans de moins que moi.
- Est-ce que tu as un mec ?
- Oui il s'appelle Karl.
- Je ne veux pas être indiscrète, mais tu ne m'as rien dit sur ton père. Si tu ne veux pas en parler je comprends.
- Heu, bas, il est parti quand mon frère est né. Et on ne l'as jamais revu, dis-je.
- Moi non plus je n'ai plus de père. Il est mort dans un crash d'avion.
Je voudrais bien dire quelque chose mais je ne sais pas quoi. De toute façon je doute que ce soit un sujet de discussion courant pour elle.
- Et sinon, toi et les mecs, dis-je pour changer de sujet.
- Pour l'instant je n'ai personne en vue.
- Avec le physique que tu as, je ne comprends pas pourquoi tu n'as pas tout les gars de la terre derrière toi.
Elle rit.
      On rentre à la chambre et je me jette sur le lit tellement je suis fatiguée. Cassie sort un pyjama licorne de son dressing. Je pouffe de rire quand elle ressort de la salle de bain la capuche multicolore sur la tête. Elle entreprend de danser mais avant de pouvoir faire quoi que ce soit, elle trébuche sur ses chaussures pour au final finir dans la même position que moi sur son lit. J'ai tellement mal au ventre d'avoir rit comme une folle pendant au moins dix minutes. Je ferme les yeux alourdis pas le sommeil en voyant que Cassie dors déjà. Finalement je crois que se faire des amis ne va pas être si compliqué.

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