Prenez un instant, rien qu'un seul. Levez votre regard en direction du ciel, que ressentez-vous ? Un sentiment de bien-être... De tristesse ou peut-être une toute autre émotion. Gardez cela près de vous. Dans un coin de votre esprit, ne l'oubliez pas.
Depuis maintenant sept ans. Chacune des émotions qui me traversaient se découlait sur la météo environnante, cela sans que je n'y puisse rien y faire. J'espérais trouver des réponses en étudiant la psychologie à l'Université d'Outaouais, à Gatineau, au Québec. Mais je ne me doutais pas que j'allais découvrir quelque chose qui dépasserait toutes mes espérances.
M'élançant hors du lit, un pied après l'autre, sur le carrelage froid de ma chambre dans ma résidence universitaire, j'entendis soudain trois coups frappés sur le mur voisin, suivis d'une voix encore endormie.
— Rashel ! Les cours ne commencent qu'à huit heures trente. Tu me déranges à faire autant de bruit à cette heure-ci !
Un sourire se dessina au coin de mes lèvres.
Elle est réveillée.
— Tu devrais te lever toi aussi, Phoebe, au lieu de te recoucher ! Le petit-déjeuner ne va pas se préparer tout seul, lui répondis-je d'un ton taquin.
Elle cessa immédiatement. Mon regard se tourna vers la fenêtre. Les premiers rayons de soleil baignaient l'horizon de leur lueur chaleureuse et bienveillante, offerte par le mois de septembre en cette fin de saison estivale. Un rictus se forma aux coins de mes lèvres. Au fond de moi, je savais que ce cadre ne serait que passager, j'en étais la cause et la conséquence. Dans l'incapacité d'être complètement moi-même, il était essentiel de soigner les apparences.
Je n'étais qu'une simple étudiante en colocation avec ma voisine de chambre, Phoebe Ozcer. En passant devant sa porte, celle-ci s'ouvrit en grand. Ma bouche eut à peine le temps de s'ouvrir que je reçus un coup d'oreiller en plumes en plein visage. Je l'attrapais d'une main et le lui renvoyais aussitôt.
— Merci, mais je suis déjà réveillée, lançai-je en haussant les sourcils.
Phoebe me regarda avec les yeux plissés, tel un chat prêt à bondir. Sa longue chevelure rouge cerise recouvrait presque la totalité de son visage. On pouvait tout juste apercevoir son tatouage d'étoile à cinq branches sur le coin de son œil droit. Elle s'approcha du seuil en me tirant la langue, puis referma la porte d'un coup sec.
— Bah, mon petit-déjeuner alors ?
— J'suis fatiguée, désolée Rashel, répondit-elle d'une voix enrouée.
Je réprime un rire en me dirigeant vers la salle de bain, où je m'enferme avant de faire couler l'eau. Cela faisait à peine une semaine que je côtoyais cette fille, sa personnalité était aussi facile à décrypter qu'un livre ouvert. Fêtarde, mais gentille, désordonnée, mais intelligente, adorant se parfumer à la cannelle et bavarde, sauf quand il s'agissait de sa vie personnelle.
Glissant une main dans mes cheveux trempés, les mèches bleues qui tombaient sur mes yeux me rappelaient à chaque instant mon choix d'affirmer ma différence. M'habillant rapidement. Ma main frôla sans que je m'en rende compte, sur la tache blanche en forme de trident à droite de mon nombril. Coïncidence ou non, l'eau était ma deuxième maison, étant donné que j'habitais près d'un lac à Barkmere, une ville plus au nord d'ici.
Terminant ma routine matinale, je claquai la porte de l'appartement avant de me précipiter vers mon bâtiment universitaire. Phoebe arriva, en retard... Notre enseignant, M. Francia, adepte du style vestimentaire du troisième âge, la dévisagea en remontant ses lunettes rondes sur son nez. Une scène amusante du quotidien, mais mon regard préférait se tourner vers les rayons de soleil qui traversaient les vitres légèrement poussiéreuses de ce lundi matin. Pourtant, une question résidait dans mon esprit :
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Perle grise - nuages d'automne |EXTRAIT|
ParanormalD'aussi loin que je m'en souvienne, cela a toujours fait partie de ma vie, de mon quotidien. Je possède ce que les gens pourraient qualifier de capacité surnaturelle : l'atmokinesis. Tel est le nom de ma différence. D'une larme découle la pluie, d'u...