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It matters not how strait the gate,

How charged with punishments the scroll,

I am the master of my fate :

I am the captain of my soul.

Aussi étroit soit le chemin,

Nombreux les châtiments infâmes,

Je suis le maître de mon destin,

Je suis le capitaine de mon âme

Je notais ces quelques vers dans mon carnet rouge où j’écrivais les belles phrases, celui où les paroles de mes auteurs favoris résidaient, avec une vielle musique au rythme ralenti qui retentissaient dans mes oreilles. J’avais un petit baladeur, que j’avais hérité de mon père à mes 14 ans. Depuis, un nombre incalculable de musiques diverses et variées y avait élu leur domicile. J’adorai les ranger dans des playlists, que j’avais organisées précisemment: à écouter quand j’entends les gouttes de pluies tomber sur mes fenêtres, à écouter quand les rayons de soleil réchauffent ma peau, à écouter avec Jimin quand il a le coeur brisé, à écouter avec BamBam quand il vient à l’improviste, à écouter avec Yugyeom quand on rentre sous la lumière des réverbères tard dans la nuit. Au bout de cette longue liste s’en trouvait une que je n’avais encore jamais écouter, elle se nommait à partager avec la personne que je n’ai pas encore trouvée. Je ne la recherchai pas, mais toutes les musiques peignaient le portrait d’une personne sans que je ne sache qui elle était. Elle ne comportait cependant qu’une dizaine de morceaux et me laisser penser qu’elle était incomplète. Mais je sentais que je n’avais pas le pouvoir de la terminer, ni le droit.

Je fermai mon carnet puis me retourna sur mon lit, le nez pointé vers le ciel. Ma chambre était au dernier étage et les fenêtres étaient des fenêtres de toit sur lesquelles les gouttes de pluie rebondissaient dans une mélodie mélancolique, et lorsque la pluie annonçait l’orage, elles se fracassaient sur les vitres avec une violence inouïe. Aujourd’hui, le ciel était d’un bleu très clair, parsemé de nuages qui flottaient au gré du vent. Dans cette fixation du vide et cette contemplation du ciel, les nuages défilant me donnaient l’impression qu’au contraire les nuages ne voguait pas mais que ma maison avançait. Je m’imaginai alors une maison avec de grandes jambes mécaniques qui parcourait les champs et rizières que je connaissais par cœur. C’était une sensation très reposante que de se sentir bercé par un tangage imaginaire de ma demeure sur les flots des arbres. Ce fût la voix de mon père qui me sortit de ce sommeil factice.

Calmement je descendis les marches discontinues qui séparaient ma chambre du salon et suivit le geste de mon paternel quand il me fit signe de m’installer à côté de lui sur un de nos vieux canapés. Ces canapés, déteints et ternis par le temps, étaient les plus confortables des canapés, malgré leur toile qui s’effilochait. Je m’étais vu grandir dessus, quand petit j’en faisais des parcours gigantesques et que moins petit j’en faisais le quartier général de réunions entre amis. Le canapé s’affaissait sous mon poids, comme s’il épousait la forme de mon postérieur et de mes cuisses. Puis je tournai la tête vers cette voix qui m’avait tiré de mes rêves. Mon père était un homme ni grand ni petit, ni maigre ni gras. Il avait des petites rides au coin des yeux et des cheveux grisonnants, teintés de blanc où s’estompait le noir.

- « Ça va mon grand ? Tu as passé une bonne semaine au lycée ? »

Et notre conversation partit sur la plus basique des conversations parentales, réveillant une complicité père-fils qui, quand elle ne s’éveillait pas, me manquer. Je n’avais le temps de voir mon père que les week-ends, les soirs de semaine il était très pris par son travail. Il était directeur, même s’il n’aimait pas employer ce terme, d’une grande salle de concert et de spectacles à Busan. Pour lui, il jouait plus le rôle d’un coordinateur entre les artistes et les spectateurs, permettant à tous de vivre un moment magique. Il aimait également faire des heures supplémentaires, où il se portait volontaire pour aider des artistes dans leurs représentations, ou encore gérer parfaitement les lumières et décors lors de certaines représentations. Il était passionné par son boulot et cela se ressentait dans son absence régulière. J’y mettais souvent les pieds, car mon père m’y invitait souvent. Il avait l’habitude de me dégoter les meilleures places pour mes amis et moi en l’honneur des grandes occasions. Puis le fil de notre conversation dériva inévitablement sur ce sujet, mais cette fois avec une nouvelle intention particulière.

- « Tu as des choses de prévues pour les petites vacances ?

-Rien de particulier, traîner avec mes amis, sûrement quelques soirées, et c’est tout.

-Bien, voilà écoute, j’ai eu une idée. J’aimerais que tu travailles pour nous en vue de tes deux semaines de repos. Ça te permettra de prendre ton envol avec quelques économies à la fin de l’année et pour financer tes vacances d’été. Bien sûr je serai ton patron et non ton père là-bas, mais j’aimerais te responsabiliser. Je ne te cache pas que tu seras un peu l’homme à tout faire, mais je sais que tu t’intéresses énormément aux artistes et leurs génies créatifs. Tu pourras nouer des liens avec eux et avoir de bons contacts, rencontrer des personnes captivantes comme tu les aimes. T’évader un peu du lycée. Et surtout des concerts gratos ! Alors, partant ? »

Voilà pourquoi j’adorai mon père. Il avait toujours de bonnes idées. Mon ouverture sur le monde était telle, que la notion de découverte m’avait déjà donné la réponse à sa question. Oui, travailler dans sa salle évènementielle me semblait démentiel. Je me voyais déjà y accrocher mon vélo au-devant, saluer les collègues de mon paternel, et surtout je me voyais profiter du savoir des artistes qui venaient répéter et jouer sur la grande scène et inviter mes amis les voir s’y produire. Alors sans aucun doute, je serai la main de mon père comme concrétisation de notre accord.

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⏰ Dernière mise à jour : Dec 13, 2019 ⏰

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MUSIC SOUNDS BETTER WITH YOU (TAEKOOK) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant