Partie 2 - Chapitre V

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point de vue d'Ethan

Cet été a été très spécial pour moi... mais maintenant c'est la rentrée et je vais devoir retourner en enfer. Au lycée, j'ai plein d'ennemis, en fait je n'ai que ça. Des ennemis, rien que des ennemis. C'est plutôt lourd à supporter au quotidien, mais je me suis habitué. Je me suis habitué... à ma manière. Je ne parle plus à personne. Et c'est bien mieux comme ça. C'est un peu compliqué pour trouver une copine, alors je couche à droite à gauche. En même temps, ma réputation ne m'aide pas : tout le lycée me prend pour un ancien taulard parce que je ne suis pas venu en cours pendant un an et que je porte une chaîne autour du cou. Les gens me jugent dès qu'ils voient ma chaîne et ma cicatrice sur le front, pour eux je ne suis rien qu'un délinquant et il vaut mieux ne pas me parler. En plus je passe pour un con qui redouble parce que je ne suis pas venu en cours de toute mon année de première, et pour me faire passer mon année de première mon père n'a rien trouvé de mieux qu'un lycée privé avec des bourges et des balais-dans-le-cul.

Demain matin, je vais devoir y retourner pour mon année de terminale. Je me dis qu'au moins c'est ma dernière année en enfer. Ça ne devrait pas se passer trop mal, du moins je l'espère. Alors je prépare mon sac et range mes affaires pour être prêt demain.

Je me sens mal. Hier j'ai tenté d'appeler Ashley, mon ex, parce qu'en ce moment je me sens un peu seul et je n'ai aucun plan cul pour me remonter le moral, mais elle ne m'a pas répondu. Je l'ai appelé tellement de fois qu'à force je me suis même trompé de numéro et une jeune fille m'a répondu. La honte. Je ne l'ai même pas laissée parler la pauvre, elle a dû se taper tout mon discours.

Après ça mon patron m'a appelé et m'a dit qu'il avait besoin que je livre des pizzas dans le coin.

Mais quand je suis arrivé dans la première maison, où une fête entre potes semblait battre son plein, j'ai eu l'impression de recevoir un électrochoc. La jeune femme qui m'a ouvert était magnifique, pas simplement belle, encore moins bonne. Juste magnifique, et putain je ne sais pas pourquoi je suis resté bouche bée comme un con devant elle. Je ne sais pas, sur le moment j'ai eu l'impression de la connaître et de pas l'avoir vu depuis des lustres, en fait j'avais envie de courir la prendre dans mes bras et l'embrasser jusqu'à mourir.

Et puis quand je suis rentré voir mon meilleur pote Léo, j'en étais encore tout retourné. Il m'a vite fait la remarque. J'ai pas pu me la sortir de la tête, j'en ai rêvé toute la nuit. Un peu comme cet été avec une fille au camping, je ne connaissais même pas son prénom mais j'avais envie de l'avoir pour moi tout seul. Quand j'y repense je me dis que ces deux jeunes femmes se ressemblent comme si c'était la même personne, quoique non pas vraiment.

Je pars dire bonne nuit à mon père, puis m'en vais me coucher. Demain est une grosse journée.

Ce matin je me lève sans aucun entrain. Je n'ai juste pas envie d'y aller. Beaucoup de lycéens ont hâte de rentrer en cours pour revoir leurs amis ou je-ne-sais-quoi, pas moi. Je vais déjeuner puis me lave. Ensuite j'enfile un t-shirt Guns N' Roses et un jean noir avec une déchirure au genou, il ne fait pas froid en ce moment. Je mets quand même mon sweat gris NASA sans oublier ma chaîne, et je sors après avoir dit au revoir à mon père.

Je marche tête baissée, écouteurs dans les oreilles, yeux dans le vide, jusqu'à l'arrêt du tram. La dernière fois que j'ai pris le tram pour aller voir Léo, une jeune femme m'a foncée dedans en sortant, mais elle avait l'air si pressée que je n'ai pas pu voir à quoi elle ressemblait. Je n'ai pu profiter que de la vue de son corps de derrière, ça ne m'a pas déplu. Et puis elle m'a fait sourire, et ça c'est très rare.

Il faut que j'arrête de penser à des gens que je ne connais ni d'Ève ni d'Adam.

Je continue à marcher quand j'arrive à l'arrêt, je lève la tête pour regarder l'heure du prochain tram quand j'aperçois une jolie petite nana sur le banc à l'autre bout qui attend le tram. Elle a ses écouteurs dans les oreilles et semble dans ses pensées. D'un coup, elle lève la tête et regarde l'écran qui affiche les horaires. Elle croise mon regard qui était tranquillement posé sur elle et je me rends compte que je me suis arrêté devant le banc pour l'observer tranquillement. Je me ressaisis et m'assois, et je sens son sourire moqueur monter sur ses lèvres même si je ne la vois plus. Encore une fois, je me surprends à sourire et ça m'inquiète.

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