Si je devais, il y a quelques années, qualifier en un mot ma vie de famille, ça serait conflit.
En effet, il régnait dans ma famille une telle hostilité, au point où cela en était devenu normal pour chacun d'entre nous.
Les injures, les humiliations, les moqueries y étaient courantes et personne ne pouvait y échapper. Avant, je croyais que c'était une manière de nous démontrer notre amour les uns aux autres, mais aujourd'hui je me rends compte qu'il y a eu plus de blessés que d'heureux.
Plus le temps passait, plus ce qui semblait au début être de la taquinerie, a entamé sa montée fulgurante dans le vice, devenant par la même occasion, une arme de destruction massive de l'estime, de la confiance, de la joie, mais aussi de l'amour fraternel.
Etant, la demi-sœur, j'étais la targette principale. En effet, ma belle-mère avait déjà deux fils, plus âgés que moi, d'une relation précédente, Tyrone et Mason. Avec mon père, ils ont eu une petite fille qui aujourd'hui a 17 ans: Michaëla.
Bien que mon père ne soit pas riche, il faisait tout pour subvenir à nos besoins malgré son travail d'agent d'entretien. Quoique ça ne payait pas très bien, notre aise était un fardeau pour lui, au point de ne plus avoir de réel moment de repos, tant il enchaînait les heures supplémentaires et des petits boulots ou services.
En y repensant aujourd'hui, je me demande si ce n'était pas une manière pour lui aussi de fuir l'atmosphère familial? Lui qui aimait tant sa paix et sa tranquillité, il se retrouvait plus souvent au milieu de disputes et de cris plutôt que de rires. Il avait fini par démissionner de son rôle de père et jeter l'éponge en ce qui concerne son rôle d'époux. Il était plus présent dans son "repère" avec ses amis plutôt que dans son propre "chez-lui".
Comme le disait souvent ma belle-mère, que j'appelais tata Adèle vue qu'elle refusait catégoriquement que je l'appelle maman, chose au moins sur laquelle on était d'accord, "votre père, il est plus présent au travail qu'à la maison. S'il ne travaille pas, il traîne chez ses amis comme s'il n'avait pas de toit. Il est plus fidèle à ses collègues qu'à sa famille. Il ne jure que par ses amis! Il me laisse seule avec vous, je suis à bout!..." La plupart du temps, elle continuait son discours en le traitant d'incapable et l'injuriant avant de continuer à se lamenter.
Bien que je comprenne aujourd'hui mon père d'une part, j'entends ce que dit tata Adèle. Elle était juste une caissière de petit commerce du quartier, frustrée à son travail, ayant manqué d'amour et souffrant de solitude.
Sous ses aspects de femme au fort caractère et qui prend beaucoup de place, ma belle-mère est une femme ambitieuse, déterminée, courageuse et une vraie mère poule avec ses enfants. Bien qu'elle ait beaucoup de qualités, à cette époque, je ne voyais que ces défauts. Je la trouvais cruelle et sans cœur avec moi. Elle était devenue pour moi, une ennemie, une épine dans la chair. Elle me faisait vraiment sentir par ses actes et ses paroles, que je n'étais juste que l'enfant de son mari pour elle et sans plus. Elle ne me devait rien selon elle. Que ce soit l'amour d'une mère ou de l'amour tout simplement, ce dont j'ai cruellement manqué.
En toute transparence, tout cela créait en moi un sentiment de rejet, d'abandon et de solitude qui ne faisaient au fil des années qu'augmenter et s'approfondir. Cela laisse présumé notre relation, qui je peux dire n'était pas au beau fixe. Cependant, devant mon père, nous faisons comme si de rien était afin de ne pas le peiner car bien qu'il ne parlait pas beaucoup, son expression faciale était suffisante pour exprimer tous ses maux sans avoir besoin de mots.
Voici donc une présentation brève de mon entourage familiale. Une famille brisée, au bout du rouleau, rongée par la douleur, la colère et le découragement
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Noella: Appelée à le servir -Réécriture
EspiritualExtrait du livre: Depuis toute petite, j'ai toujours été celle qui quémandait l'amour. Que ce soit auprès de mes demis frères et sœurs, mes parents, mes amis...mais rien. Pas que je n'étais pas satisfaite mais j'avais l'impression que leur manière d...