Ma bouche s'ouvre toute seule tant il est beau. Il se lève en me voyant et me tend une poignée de main que j'hésite à prendre, tant je suis surprise. Il est grand, fin, les épaules carrés. Il porte un costume bleu sombre et une cravate noire, qui semblent avoir été faits pour lui, et un câble en spirale dépasse du col de sa chemise blanche jusqu'à se ficher dans une oreillette qui se trouve dans son oreille. Je détaille son visage des yeux, lentement, la bouche toujours ouverte,alors que ma main s'avance sans mon consentement pour serrer la sienne. Son visage est magnifique. C'est un asiatique, au visage fin et aux yeux sombres, allongés comme deux amandes. Deux sourcils clairsemés les surplombes, lui donnant un air grave et doux à la fois. Son nez est fin, parfaitement dessiné avant de plongé sur des lèvres roses, aux angles francs. Elles sont pulpeuses et ont l'air incroyablement douces, tant elles sont lisses.
Ses sourcils se froncent sur son front alors que je peine à lui rendre sa main. Je me compose un sourire maladroit qui ne le déride pas. S'il est beau comme un dieu, aux cheveux noirs bleutés qui ondulent en rebiquant au dessus de ses oreilles, il n'a pas l'air sympathique. Je me racle la gorge en l'entendant prononcer son nom.
- Eric Wang, nous nous sommes parlé au téléphone.
Je hoche la tête,surprise de sa voix grave et suave et je souffle un coup, pour évacuer la chaleur qui m'envahit. Il est bien trop sexy pour être chef de sécurité. Je songe à l'emmener dans mon bureau quand la présence de la dame de la maison de retraire se rappelle à moi. Je lui tends une poignée de main qu'elle prend, entre ses doigts froids de personnes âgées.
- Bonjour Madame, je commence. Je suis terriblement désolée mais je vous ai envoyé un mail pour annuler ce rendez-vous et en reprogrammer un ultérieurement. Je me suis aperçue ce matin en arrivant qu'il n'était pas arrivé chez vous.
Son visage se ternit quand elle comprend où je veux en venir.
- Pouvez-vous passer voir la secrétaire et reprendre un rendez-vous ?
- O-oui, bégaye-t-elle en sortant une canne de derrière le siège qu'elle occupait.
Je me maudis intérieurement, mais Buddy Smithson passe avant la maison de retraite. Je me retourne vers le chef de la sécurité et découvre ses traits graves. Il me dévisage durement, de ses yeux noirs et allongés, légèrement dissimulé par une mèche sombre de cheveux qui retombent sur son front. Je frissonne tellement il est froid.
- Vous auriez dû me prévenir que vous aviez un autre rendez-vous, dit-il d'une voix pleine de reproches.
- Et bien-
- Occupez-vous de cette dame, elle vient de trop loin pour se permettre un autre aller-retour. Je peux attendre.
Je le regarde se rasseoir alors qu'un râle sourd monte depuis ma gorge. Je suis estomaquée par son audace et son insolence. Je sers les poings. Mais pour qui se prend-t-il ?
Il me faut quelques secondes pendant lesquelles mon cerveau est en redémarrage avant de me composer une amabilité.
- Vous êtes sûr ?
- Sûr.
Je le regarde un instant puis fais volte-face avant de rattraper la vieille dame dont je n'ai pas le dossier d'une voix fluette. Je m'excuse poliment avant de l'entraîner dans mon bureau et d'improviser une présentation.J'ai l'impression d'être en chute libre, moi qui est toujours besoin de tout prévoir et de tout contrôler. Une heure plus tard, je la libère, coupant court à ses questions et laisse Amy la raccompagner à l'ascenseur, une copie de son nouveau dossier sous le bras. Je me précipite près de la salle de détente et surprend Julia et Kara en pleine observation.
- Il en est à son cinquième café, me dit-elle quand j'arrive près d'elle.
- C'est un vrai canon, chuchote Julia, fébrile.
Je secoue la tête en haussant les épaules, comme si sa remarque était absurde.Pourtant, comme elle, j'ai cru m'évanouir en le voyant, avant d'entendre sa voix et de voir son regard glacial. Il se lève en me voyant arriver et range son téléphone dans la poche intérieure de son costume.
- Monsieur Wang, si vous voulez bien me suivre, je lance.
Il me suit jusque mon bureau, de sa démarche droite et virile, sous les yeux dévorants de mes employées féminines. Je devine Liam et Mathew lever les yeux au ciel mais je les ignore avant de me laisser tomber dans mon fauteuil... trop fort. Je suis emportée en arrière par les roulettes et me rattrape de justesse à mon bureau. J'échappe un aboiement de surprise et écarquille les yeux, immobile et de nouveau stable. Je dévisse un regard au chef de sécurité, mais il ne dit rien. Rien ne passe sur son visage désormais impassible, et ses sourcils droits ne manifestent pas la moindre émotion. Il défait le bouton de son costume, et s'assoit sur la chaise en sortant un stylo.Je m'en étonne et lui tend maladroitement les documents dont il aura besoin : le plan de la salle de réception, la liste des invités, celle du personnel, celle des agents de sécurité que j'ai engagé, et le déroulé de la soirée, minutieusement chronométré.
Je commente les différents documents qu'il annote au fur et à mesure,d'une écriture fine et scabreuse, ponctuant parfois les notes de symboles que je reconnais comme des symboles asiatiques. Je le regarde faire, répondant à quelques questions sur l'équipe de sécurité avec laquelle j'ai l'habitude de travailler.
- Ils sont disponibles ce matin pour que vous les rencontriez, je dis.
- Impossible, je dois retourner travailler.
- Mais-
- Je n'ai plus le temps, me coupe-t-il.
Son regard noir vrille dans le mien et je me décompose. Insinue-t-il que c'est de ma faute ? Oui, carrément. Et il soutient mon regard avec autant de froideur et de reproche que plus tôt. Je serre un stylo entre mes doigts alors qu'il se relève déjà, reboutonne sa veste et me tend une poignée de main que je serre trop fort. Il ne sourcille pas et disparaît dans l'ascenseur, suivi du regard par la totalité de Hourglass.
Je reste bouillonnante, assise à mon bureau un moment, alors que des murmures enchantés s'élèvent des trois filles de l'open space. Quand le téléphone fixe de mon bureau sonne, je le décroche comme une folle et réponds avec la gentillesse d'une droguée en plein sevrage.
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Mon nom sur ton poignet
RomanceJ'avais tout, un super boulot et une situation idéale. Selon ma meilleure amie, et aussi mes parents, il ne me manquait qu'un homme. Pas selon moi, parce que je suis obsédée par la réussite, et que réussite rime avec sacrifice. Et puis, ai-je vraime...