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     J'essaie toujours de voir les choses de manière à ce qu'elles paraissent plus faciles à vivre. Lorsque je parle de ma vie à quelqu'un, je la décris le plus positivement possible, je ne laisse pas paraître, ne serait-ce qu'un fragment de mon malheur. Je mets mon masque et dis que tout va bien, que je vais bien ... De toute façon, qui pourrait comprendre ? Personne ne le peut. De nos jours, les gens ne se préoccupent que de leur image, ils se vantent d'avoir donné un euro pour une association pour paraître comme des héros. Ils emploient de grands mots pour dire de petites choses. Ils ont mieux à faire que de faire attention aux gens qui les entourent. Ils demandent comment ça va, mais n'écoutent pas la réponse. Ils se plaignent de tout et n'importe quoi  cependant, paradoxalement, ils ne font rien pour changer les choses. Ils se plaignent du réchauffement climatique mais ne veulent pas faire d'efforts. Ils dénoncent les gens qui forcent des enfants à travailler dans les usines pour au final acheter les jouets qui en sortent, car, vous comprenez, leurs enfants en ont vraiment besoin. Ils accusent les politiciens de rien de faire afin de faire des manifestations et des grèves dès qu'ils annoncent une réforme. Notre monde sombre petit à petit, et on le regarde, on juge beaucoup de choses sans étudier la situation. C'est tellement plus facile de rejeter la faute sur les autres. Si on ne se voilait pas la face, beaucoup n'arriveraient même plus à se regarder en face. C'est tellement plus facile de rejeter ses responsabilités, de demander à quelqu'un de prendre des décisions pour lui dire que tout ce qu'il fait, c'est nul.

C'est pareil pour moi, on me regarde, on me juge, mais personne ne voit la vérité. Je pense que ma situation pourrait être pire qu'elle ne l'est, je pourrais être battue, harcelée au lycée, avoir une maladie mortelle,... mais je n'ai rien de tout cela. Mes parents sont séparés; ma mère s'est remise avec quelqu'un, Victor, il y a environ 7 ou 8 ans. Ensemble, ils ont eu 2 filles: Julie et Romane. Mon père, lui a refait sa vie avec Maria 1 an après sa séparation avec ma mère soit il y a 13 ans. Maria est une femme en apparence très gentille, très attentive et avec qui tout le monde s'entend à merveille, seulement, ce n'est qu'en apparence. La réalité est tout autre lorsqu'elle se retrouve avec moi. Elle ne me torture pas physiquement mais moralement. Elle me rabaisse, mais elle le fait si subtilement que personne ne le voit. 

J'ai fait deux tentatives de suicide au cours de ma vie. Une première à 9 ans, une seconde il y a 2 ans, mais je n'ai pas réussi à en finir, parce que à chaque fois, je me rappelais de mes sœurs et je souhaitais qu'elles vivent une vie heureuse sans aucun traumatisme, donc je renonçais à mettre un terme à cette insupportable souffrance. Je n'arrivais plus à rien, j'avais oublié que l'on pouvait être heureux, je survivais et chaque année, je me félicitais personnellement d'être encore en vie, je pensais être destinée à vivre dans cette souffrance jusqu'à ce que je la découvre. Lorsque je l'ai goûté pour la première fois, ça fut comme une révélation, je me sentais enfin vivre, je me sentais bien pour la première fois depuis une éternité. Cette solution-miracle a un nom, cette solution s'appelle morphée, une drogue dur d'après beaucoup de monde, à ce que l'on dit, on devient vite dépendant et c'est très dangereux pour la santé. Mais tout va bien dans mon cas car je ne suis pas accro, je peux arrêter quand je le veux et puis, je contrôle parfaitement la situation et les doses donc aucune raison de s'inquiéter. Une petite dose, et on oublie ce monde pourri, on oublie les problèmes du quotidien, on oublie ces hypocrites et ces gens qui pensent qu'ils sont au-dessus de nous. On oublie qu'on existe.

Éprise: La voix du silenceWhere stories live. Discover now