Ce sont des rires qui m'accueillent quand je franchis la porte de chez moi. Une banderole de félicitations a été accrochée au mur et la table de la cuisine est couverte de nourriture. Nous devions fêter mon diplôme. Nous allons également fêter mon départ.
– Le voilà ! s'exclame Dominique. Je vous avais dit qu'il ne serait pas en retard pour sa fête. Il aime trop les tartes tatins !
Mon père sourit mais à la seconde où il remarque le sac à mon épaule, son visage devient grave.
– Tu as été choisi pour le Test, souffle-t-il.
Plus de rire, ni même de sourire. Tous attendent ma confirmation. Malgré ma joie et ma fierté, j'acquiesce la gorge serrée. Après l'université, les étudiants sont envoyés dans une colonie choisie par la Communauté. Là où les besoins sont les plus prégnants. Je n'ai pratiquement aucune chance de revenir aux Cinq Lacs. Ma sœur est la première à se remettre du choc. Avant d'avoir le temps de réagir, je me retrouve écrasée sous le poids de celle-ci qui me serrent dans ses bras en criant. Puis c'est au tour de ma mère. Ses mains tremblent mais c'est avec un sourire fier qu'elle me demande quand je dois partir et ce que je peux emporter. J'ai à peine le temps de répondre et d'apercevoir Louis s'éclipser que mes amies frappent à la porte. Je suis si heureux de les voir. Surtout Amélia. Si heureux de pouvoir la serrer dans mes bras avant mon départ. Il y a encore des cris de joie et des larmes quand j'annonce la nouvelle. Amélia est la plus heureuse et la plus triste de tous. Elle essaie de dissimuler son chagrin derrière de grands sourires mais au fur et à mesure de la soirée, je la vois s'éloigner de moi et de nos amis qu'elle a toujours plus considérés comme les miens que comme les siens. J'ai peur pour elle. Je manquerai bien sûr à ma famille, mais ils se soutiendront les uns les autres. Amélia sera seule. Alors que ma mère annonce la fin de la fête, je m'arrange pour me retrouver en tête à tête avec Véronica. Contrairement aux autres, elle ne saute pas, ne crie pas pour attirer mon attention, mais se tient tranquillement près de la porte. Véronica n'est pas ma meilleure amie. On se dit bonjour mais on s'assoit rarement côte à côte à la cantine et on ne se retrouve presque jamais après les cours. Pourtant, je tenais à ce qu'elle soit présente ce soir car nous sommes liés par un souvenir. Et parce que j'espère pouvoir compter sur elle. Pendant que les filles continuent de bavarder et de rire, je l'enlace et la serre contre moi. Elle sursaute, surprise, mais ne s'écarte pas. Je lui murmure à l'oreille :
– Amélia aura besoin d'une amie quand je serais parti. Tu veux bien veiller sur elle et faire en sorte qu'elle ne soit pas trop seule ? S'il te plaît.
Véronica me rend mon étreinte. Je la sens presque peser ma requête. Ce qu'elle chuchote à mon oreille m'ôte un poids. Je ne m'étais pas trompé. Elle sort de la maison sans un regard derrière elle et je me retourne pour dire au revoir aux autres. Amélia attend pour être la dernière. Elle retient ses larmes et me promet de me retrouver l'an prochain à Altus.
– Je vais travailler plus dur que jamais, ils seront obligés de me choisir.
Seule la voix de Véronica qui l'appelle empêche mon cœur de se briser.
– Amélia ? On rentre ensemble ?
Quelques instants plus tard, les deux silhouettes disparaissent dans la nuit. Véronica connaît les ténèbres de la solitude. Il y a quatre ans, alors que je faisais un tour à vélo de l'autre côté de la colonie, je suis tombé sur elle. Debout, au bord d'un ravin, prête à sauter. Je l'en ai empêché et je l'ai obligé à me confier ce qui l'avait poussée à une telle extrémité. Son père, officiel à Altus, n'était presque jamais là. Sa mère détestait les Cinq Lacs et reportait toute sa frustration et sa colère sur sa fille en la battant. À ma connaissance, je suis le seul à qui Véronica ait jamais montré les marques de coups. Avec l'aide de mon père et de la magistrate Nox, la mère de Véronica a pu rejoindre son mari à Altus et Véronica est restée vivre avec une autre famille de la colonie. Elle a retrouvé le sourire. Elle saura aider Amélia. Ma sœur est partie raccompagner certains de mes amies et la maison me semble soudain immense. Elle est d'ailleurs assez grande en réalité. En plus de la pièce commune, nous avons deux chambres. Une pour mes parents, l'autre que je suis censé partager avec mon frère et ma sœur . Sauf que je fais tellement de bruit quand je dors que j'ai pris l'habitude de venir dormir sur une pile de couvertures devant la cheminée dans le salon. À Altus, je vais dormir dans un lit pour la première fois depuis longtemps. J'aide mes parents à débarrasser et à ranger. Ma mère ne tarit pas de conseils et de recommandations sur ce que je devrais emporter avec moi pour le voyage et comment je devrais me comporter dans cette grande ville. À plusieurs reprises, elle s'arrête et fond en larmes. Je suis son premier enfant à quitter la maison. Mon père reste silencieux, pourtant, je sens qu'il meurt d'envie de parler. Une fois la vaisselle finie, il me propose une promenade. Ma mère ouvre la bouche pour protester mais mon père déclare d'une voix grave :
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Le Test
FanfictionRéussir signifie faire partie de l 'Élite. Serez-vous capable d'en faire partie ? Serez-vous capable de réussir le Test ? Capable de résister à la mort qui se tient constamment derrière vous ? Surmonter la pression et la peur ? Si oui, alors bienven...