Anna

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C'était par une matinée paisible, à Midwich, un petit village situé en Angleterre, vers 1960. Les gens vaquaient tous à leurs occupations. Hommes, femmes et enfants circulaient librement dans les ruelles et sur la grande place entourée d'arbres en fleurs en cette belle journée de juillet. L'air était doux et on sentait dans l'atmosphère une délicate et familière odeur... celle des vacances !

J'étais là, assise sur les marches de la mairie, en train de dessiner sur mon fidèle bloc ce que je voyais devant moi. Je n'avais besoin de rien d'autre, si ce n'était mes crayons et la joyeuse compagnie de mon petit frère Titouan, qui jouait au foot sur la place avec ses amis.

J'observais leurs cheveux bruns et noirs et m'appliquais à leur donner autant de brillance sur ma feuille. On passait tous les deux nos vacances chez notre grand-mère, ce qui n'avait rien d'exceptionnelle vu que chaque années, pendant les deux mois, on y vivait comme chez nous.

Je baillai soudain et cligna plusieurs fois des paupières. Je me sentai brusquement comme fatiguée et lasse. J'avais les membres en coton... C'était pourtant étrange, j'avais si bien dormi cette nuit...

Je secouai la tête pour me réveiller et me concentra sur mon dessin. Mais, bizarrement... les joueurs se mirent à courir tous seules sur ma feuille et j'en vins à me demander ce qui clochait chez moi quand on me tapota doucement l'épaule. Je levai la tête juste à temps pour apercevoir Titouan bailler à son tour. Mais comme avec mes personnages, j'avais l'impression qu'il était flou, lui aussi... Qu'est-ce qui m'arrivait donc ?

- Ann...j'suis fatigué. On peut rentrer ? murmura-t-il en baillant de nouveau, plus longuement cette fois.

- Toi aussi ? lui répondis-je en essayant de me lever.

Mais Titouan dût m'aider car je tenais à peine sur mes jambes. Je fronçai les sourcils et me cramponna à la rambarde de la mairie pour descendre. Titouan n'était pas mieux loti que moi et ses amis joueurs non plus... Je commençais à m'inquièter franchement.

- Annn attends...entendis-je alors mon frère chuchoter derrière moi.

J'eus à peine la force de me retourner que mes genoux lâchèrent brutalement. Je n'eux même pas le reflexe de crier que déjà je gisais au sol, incapable de faire le moindre geste. Titouan rampa jusqu'à moi, les yeux à demi fermés.

- Ann, je... suis fatigué... répéta-t-il d'une voix de moins en moins audible. Puis il s'endormit, sa tête reposant sur mon épaule.

Quant à moi, je luttais contre le sommeil qui s'acharnait à mes yeux. PLus un bruit ne filtrait. C'était comme si tout le monde, à l'exemple de mon frère, s'était enformi... Mais moi je ne voulais pas dormir, je sentais que si je fermais les yeux je n'arriverais plus jamaus à les rouvrir... Je les fixai donc à l'immense horloge encastrée dans le mur de la mairie et, je le remarquai vite, avait arrêtée de tourner. L'aiguille des secondes était figée. Tout comme mon corps et ceux des habitants... Il était 17h00.

Ma tête roula sur le côté. Et je fermai les yeux.

Les yeux closOù les histoires vivent. Découvrez maintenant