Deux ans plus tard...
Assis sur la chaise de mon bureau, dans une pièce en désordre rempli de tableau noir gribouillé de craies et de piles de papiers recouvrant chaque parcelles disponibles. J'appuyai la tête dans ma main et appuyais sur un bouton pour enregistrer :
- Je n'arrive plus, l'essai n°366 d'hier m'a donné espoir mais... je ne devrai pas le dire mais je crois que j'abandonne. Elle est tombée dans le coma depuis trop longtemps. Je peux sentir la mort qui la guette. Elle est si pâle, et semble si faible. À moins d'un miracle je ne vois pas comment la sauver. Je pourrai tout donner pour qu'il arrive enfin, tout sacrifier. Elle va mourir aujourd'hui de toute façon.
J'éteignis l'enregistrement. Je me pris la tête entre les mains et resta ainsi de de longues minutes, fatigué par mon incompétence, fatigué par ces essais qui ne marche jamais, fatigué d'essayer, fatigué d'échouer.
Je fermai les yeux quelques minutes puis je me levai. Pour la première fois depuis de longs mois, je sortis de mon laboratoire, il me fallait de l'air. Les jambes endoloris par les jours assis me firent mal lorsque je marchais. Je frottais ma barbe folle que je n'avais pas coupé depuis... je ne savais même plus. J'ouvris la grande porte et la lumière du jour m'aveugla quelques secondes. Mon esprit était ailleurs, je marchais sans savoir où aller. J'apercevais sans les voir les passants et automobiles. J'entendais les Klaxons lointains et les bruits de la foule atténué par un acouphène constant et omniprésent. J'avais mal à la tête, envie de dormir, de fermer les yeux. Je luttais contre cette fatigue soudaine puis cédais, fermant les yeux... juste quelques secondes...
Lorsque je les rouvris, je découvris où mes pas m'avaient guidé... devant le Flatiron building dans la 666eme Avenue. Comme ce jour de drame, tout était absolument identique. Des passants me bousculait, il y avait foule. Les bruit assourdissant de la ville m'agressaient les tympans avec une acuité nouvelle, le bruit qui m'empêchait de les entendre totalement avait cessé. Je refermai les yeux une nouvelle fois, souhaitant que tout s'arrête...
Tout à coup, je n'entendis plus rien, juste le silence, un silence profond, presque surnaturel. Plus personne ne me bousculait. J'ouvris les yeux brusquement, intrigué par ses changements. Il n'y avait plus de lumière du jour, remplacé par une sombre nuit. Les seuls éclairages étaient fournis par des lampadaires jonchant la rue, leurs lumières étaient vacillantes. Je me trouvais exactement au même endroit que quelques instants auparavant mais j'étais seul. Toujours avec ce silence.
Il se mit à pleuvoir abondamment, sans un bruit. Un sentiment m'envahit tout à coup, une peur mêlée à une inquiétude grandissante. Un instinct primaire se réveillait en moi. Des questions fusaient dans mon esprit : Que s'était-il passé ? Pourquoi n'y avait-il personne ? Mais surtout quel était ce silence?
Cette avenue empruntée de jour comme de nuit ressemblait à lieu sans vie, plus aucun être vivant - même les rats - n'était présent. Soudain, la pluie se figea. C'était comme si le temps s'était arrêté. Les gouttelettes de pluies étaient suspendus dans l'espace par une force inconnus. Comme si la gravité avait fait une pause et que la terre de voulait plus les accueillir. J'essayais de les toucher et j'en déplaça une, elle flotta dans le vide avant d'à nouveau s'immobiliser, quelques centimètres plus loin. L'inquiétude et la peur se transformèrent en terreur et affolement mais aussi en une certaine fascination devant tous ces phénomènes inexplicables.
Une ombre humanoïde difforme apparut à la lumière d'un lampadaire de l'autre côté de la rue. J'essayais, sans vraiment le pouvoir, d'apercevoir les détails de son anatomie. Elle s'approchait de moi, en marchant lentement. Mon cœur battit si fort à cause de la peur que l'entendis pulser a mes tempes. Je n'arrivais pas à distinguer quelle espèce de chose était en train de venir. Un grand combat se déroulais dans mon esprit. Tout les instinct me hurlaient de fuir mais quelque chose me poussait à rester. Je me trouvais donc tremblant, face à lui. Il s'approchait encore et encore, silencieux dans la nuit, disparaissant dans l'obscurité et réapparaissant à la lueur de l'éclairage public. L'espèce de monstre s'arrêta à une dizaine de mètres de moi, il semblait pointer de la chose qui lui servait de bras ou de tentacule le ciel. Deux autres silhouettes difformes émergèrent de son dos, sortis de rien mais se tenant à ses côtés. Une grande et une petite qui pointèrent à leur tour le ciel.
Je levais les yeux. Une lueur étrange et verdâtre apparut alors au-dessus de nos têtes, entre les buildings. D'abord lointaine comme une étoile, elle se rapprocha de moi, descendant du ciel, devenant de plus en plus intense. Elle m'éblouit quelques secondes. Je ne pus plus bouger, la terreur et quelque chose d'autre me glacèrent le sang, elles me paralysait. Si bien que figé sur place, je ne pus éviter cette chose qui fonçait sur moi. Je l'observait venir, de plus en plus intense me brûlant la rétine. Elle s'écrasa sur mon être avec une telle force que la douleur me coupa le souffle. La souffrance m'assaillit encore et encore, devenant de plus en plus intense. Ce supplice déchira mon âme et je sentis quelque chose de détacher de moi.
Soudain, je me réveillai, ne sachant plus différencier le réel du rêve. Que venait-il de se passer? Une migraine me saisis lorsque je voulu me souvenir des détails. Assis à mon bureau je regardais les alentours.
J'étais dans mon bureaux, toujours aussi bordélique, comme si rien ne s'était passé. Ce rêve semblait pourtant si réel, je sentais encore la douleur qui m'avait étreint. Un soupir de soulagement m'échappa, il ne pouvais pas être réel et seul la douleur de la migraine subsistait.
Je me levais et sentit un poids dans ma poche. Ma main la fouilla et en sorti un cube verdâtre. La lueur. Une fois que mon mal de crâne fut passé, je me mis à examiner l'étrange cube. Il semblait être soluble et la même lueur que mon rêve s'en dégageait.
Un doute m'envahis alors, serait-ce le miracle que j'attendais ? Celui que j'avais tant espéré. J'enfilai une combinaison et entrai dans l'entrepôt. Plus je me rapprochai de Marta, plus la lumière verdâtre du cube s'intensifiait. Comment ce caillou pouvait-il s'illuminer ?
Arrivé à côté d'elle le cube trembla. Je commençais à me demander si il était là pour l'aider ou la détruire. Soudain il se mit à s'élever dans les airs et à absorber le nuage rouge que je n'avais pas réussi à faire sortir du laboratoire. Il lévita de la même manière que les gouttes d'eau de mon rêves qui n'en était peut-être pas un. Je décidai de tenter ma chance.Elle allait mourir, il fallait que j'essaye. J'attrapais le cube en lévitation d'une main prudente avant de le dissoudre. Je regardais le liquide verdâtre et hésitais. Selon es calculs elle allait succomber aujourd'hui, son organisme n'avait plus la force de se battre contre la maladie. Je regardais finalement le visage si pale de mon ancienne assistante avant de me décider et de le mettre dans sa perfusion.
J'attendais à son chevet espérant de toute mon âme son retour de nombreuses heures. Aucune réaction, était-ce trop tard? Je ne voulais pas y penser. Je la scrutait et une sensation étrange m'envahit, quelque chose n'allait pas. Je n'arrivais pas a déterminer quoi exactement mais l'impression ne me quittait pas. Je me mis a faire les cents pas. La perfusion venait de finir de se vider quand ses yeux s'ouvrirent me redonnant de l'espoir et oubliant l'impression. Sa voix frêle se fit entendre :
« Pr...Professeur... »
Des larmes coulèrent le longs de mes joues, des larmes de joie cette fois. J'avais enfin réussit à sauver un de mes proches. Le nœud de mon estomac se desserra et la culpabilité se dissipa.
« Pourquoi pleurez-vous ? » demanda-t-elle.
Elle essaya de se redresser mais ses muscles atrophiés par ses deux ans d'alitement ne lui permirent pas. Je l'aidais en me précipitant auprès d'elle. Nous discutâmes pendant de longues minutes. J'omis volontairement sa période de convalescence pour ne pas provoquer de choc. Durant ses minutes je souris enfin, soulagé et heureux qu'elle soit en vie. Je n'avais pas été aussi légers depuis 5 ans. Je me suis attaché a cette rouquine comme à ma propre fille, je tenais à elle.
Je remarquais alors un détail. Ses yeux habituellement noirs était devenu vert.
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Partie 3/4
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La peste rouge: maladie inconnue
NouvellesRésumé: New York, années 50. Un jeune chercheur Kenneth Brown, père et marié depuis peu vit une vie digne du rêve américain. Cependant la chance qu'il avait jusqu'alors va s'arrêter soudainement. Un événement bouleversera son esprit rationnel et sci...