Chapitre 1 : Quelques jours de vacances...

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6 mois plus tôt 

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6 mois plus tôt 

Alessia :

La vie n'est pas un long fleuve tranquille, je l'ai appris à mes dépens. Elle ne cesse de me faire souffrir. Encore et encore. Alors je cours la vie, je la fuis. Je reviens à moi et réalise que j'ai couru jusqu'aux rives de la Seine. Quelques mètres plus loin se trouve la façade écrue du bar de la mère de mon meilleur ami. J'accélère mon rythme et une fois devant, franchie la porte vitrée. Une clochette retentit à mon passage. A cette heure matinale, il n'y a que très peu de clients. Quelques rares quinquagénaires déjà en piteux état, une femme d'affaires qui prend son petit-déjeuner et un homme qui me tourne le dos assis à une table dans le fond de la salle. Personne ne semble avoir détecté mon arrivée. Je m'approche du comptoir en bois sombre et m'affale sur un tabouret, essoufflée par mon jogging forcé. Ce bar a une ambiance chaleureuse et intimiste quoiqu'un peu sombre. J'y passais tous les jours après l'école quand j'étais plus jeune, avec Eliott, mon meilleur ami. C'était, et c'est toujours un refuge où ma famille ne peut pas m'atteindre. Du coin de l'œil, j'aperçois Jocelyne qui débarque de l'arrière-salle. Magnifique avec ses cheveux bruns ondulés, elle arbore un tablier loufoque aux multiples couleurs qui correspondent totalement à sa personnalité.

  - Alessia ! Ma puce, qu'est-ce qui t'amène si tôt ? s'exclame-t-elle en me donnant un bisou sur la joue. 

Je la serre fort dans mes bras. Qu'est-ce que j'aime cette femme.

Salut ! Je faisais juste un petit jogging et j'ai atterri ici sans m'en rendre compte. Mon inconscient, sûrement, dis-je en souriant.

Je fuyais quelqu'un, mais passons cela sous silence.

Tu es toute pâle, jeune fille ! Ne bouge pas, je vais te chercher un verre d'eau et un petit- déjeuner digne de ce nom. 

Elle contourne mon tabouret pour s'installer derrière le comptoir et me servir un verre d'eau. Je la remercie puis elle disparaît vers les cuisines. En attendant mon repas, j'en profite pour observer les personnes qui m'entourent. La femme semble être prête à faire face à tout ce qui pourrait lui tomber dessus, rien que pour son air farouchement déterminé, je l'envie. Les poivrots n'ont pas bougé d'un pouce, je les soupçonne même de s'être endormis. L'homme, quant à lui, me tourne toujours le dos, assis à quelques mètres de moi. Il semble penché sur quelque chose, peut-être un livre ou son téléphone ? En le détaillant, je remarque qu'il ne porte que du noir.

J'ai toujours aimé observer les gens, essayer de comprendre leurs personnalités, déceler leurs démons intérieurs rien qu'en les regardants. Mais Joyce, revient, une assiette remplie de nourriture dans les mains, faisant grogner mon estomac. Je stoppe mon délire d'espionnage bizarre et commence à manger avec appétit. 

La mère de mon meilleur ami vient s'asseoir à mes côtés après s'être assurée qu'aucun client ne la demandait.

Tu sais que cela me fait toujours plaisir de te voir, mais que fais-tu vraiment ici de si bon matin ? 

Je me crispe, elle me connaît par cœur, bien sûr qu'elle allait se poser des questions. Je me racle la gorge, gênée. Elle me lance un regard qui signifie  « tu peux tout me dire ». Sur un coup de tête, je dis d'une voix sombre :

Stan est là. 

D'ailleurs, si j'ai réussi à venir jusqu'ici en courant, c'est grâce à l'adrénaline liée à la peur qu'il me fasse du mal. Mais ça,je ne le dis pas.

Tu ne l'aimes vraiment pas, hein ? 

Oui et c'était l'euphémisme du siècle. Je le haïssais de toute mon âme. Stan était mon oncle par alliance depuis que mon père s'était remarié avec Charlotte, ma belle-mère, il y a 10 ans. Je hoche la tête en guise de réponse, incapable de prononcer un mot tellement la haine obstrue ma gorge. Jocelyne s'approche plus près de moi et me prend dans ses bras. Je suis quasiment certaine que ce sont les bras les plus réconfortants du monde.

La, la, tout va bien aller ma petite et tu sais que tu peux toujours venir à la maison, me rassure-t-elle. 

Cette femme est la bonté incarnée, c'est sûrement pour cela qu'elle était la meilleure amie de ma mère à l'époque. C'est l'une des seules personnes à qui je fais confiance. Et l'idée qu'elle me propose de m'héberger quelque temps sans savoir la réelle raison qui me pousse à fuir me fait l'aimer plus encore.

Peut-être ce soir, je verrai avec Eliott. 

Je décide d'arrêter de m'apitoyer sur mon triste sort, consciente que d'autres ont vécu pires. Je propose à Joyce de l'aider à installer les dernières tables. Elle accepte volontiers et je m'y mets immédiatement. Je dois m'occuper l'esprit et n'importe quoi fera l'affaire. Je me dirige vers l'arrière-salle où elles sont rangées, en prend une que je fais rouler jusqu'au fond de la salle principale. Je trottine pour aller chercher les autres et dans mon élan me prends les pieds dans la chaise où le mystérieux brun est assis. Instinctivement – ou pas – il me retient en enroulant sa main autour de mon bras. Je frisonne en sentant la chaleur de sa paume à travers mon pull noir. Il lève les yeux vers moi pour s'assurer que je tienne sur mes jambes pourtant flageolantes et retire sa main.

Oh bordel, heureusement que vous êtes plus adroit que moi ! m'exclamé-je en riant.

Et mon cerveau de remarquer enfin la beauté du visage qui me fait face.

De magnifique yeux noisette viennent caresser mon visage, ses lèvres à moitié dissimulées derrière une barbe qui ferait concurrence à celle qui Père Noël, esquissent un sourire en coin. Ses cheveux longs – partiellement attachés en chignon - lui descendent au niveau des épaules. Cet air négligé lui va bien. Même si j'ai l'impression qu'il tente de se cacher.

Je ne tenais pas à vous voir tomber – même si la chute aurait été mémorable – parce que j'aurais été obligé de me moquer de vous. Cela aurait été très impoli de ma part, vous ne pensez pas ?

Sûrement, si je me prenais au sérieux, mais ce n'est pas le cas. Pire, je vous aurais probablement accompagné dans votre fou rire.

Vous avez raison. Et l'autodérision est bonne pour la santé.

Cet homme est intrigant, tant pour ces répartis bien pensées que pour son air de vouloir s'échapper d'ici au plus vite. Cherchant un moyen de poursuivre cette délicieuse conversation, je regarde autour de moi, mes yeux finissent par tomber sur le livre posé sur sa table. Mais je n'ai pas le temps d'ouvrir la bouche qu'il se lève en déposant un billet de 10 € sur la table et de se diriger vers la sortie sans plus de cérémonie.

Eh ! Attendez, vous oublié votre livre, je crie en m'en apercevant.

Il s'arrête net, mais ne se retourne pas, il tend seulement la main sur le côté. Sérieux ? Je le contourne pour me poster face à lui et le regarde dans les yeux.

Vous avez fui tellement vite et vous ne l'avez sûrement pas laissé sur la table en guise de cadeau, dis-je avec un sourire dans la voix. Quoique j'aurais pu le revendre sur Vinted, continué-je.

Il bougonne dans sa barbe et me prend le livre des mains.

Merci

C'est le seul mot qu'il prononce de sa voix grave légèrement éraillée avant de me dépasser et de sortir.

Une voix qu'on n'oublie pas.


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⏰ Dernière mise à jour : Mar 26, 2023 ⏰

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