Chapitre 22

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« Bienvenue à l'étage -1 »

Observant la salle face à lui, Jacob remarqua un simple couloir blanc, il était long, trop long mais étonnement il arrivait à voir une faible lumière au bout du couloir. Il hésita, finissant par avancer d'un pas lent, incertain. Il retint sa respiration quand une image à sa gauche apparut, une vidéo plutôt. C'était un tout petit bébé dans les bras d'une jeune femme heureuse, il reconnut rapidement sa mère ; ses lèvres s'étirèrent dans un sourire triste. Il s'était arrêté pour observer la vidéo, heureux de voir ses parents si heureux. Il couina quand la photo animée s'évapora, soufflant doucement puis avança, il regardait chaque photo apparaître, le voyant quand il n'avait que quelques mois jusqu'à ses six ans. Il s'arrêta puis penchant la tête, regardant une énième vidéo avant de se recula brusquement, observant son père le gifler pour la première fois.

« - Range ta chambre ! Combien de fois vais-je devoir te le répéter putain ! »

Jacob observa à travers la vidéo le petit garçon partir en courant, pleurant en se tenant la joue. La vidéo s'en alla comme la première puis Jacob se remit à marcher lentement, regardant chaque scène, chaque image, chaque vidéo. Il était si mignon mais pourtant, arriver à l'école, il se faisait intimider et enchaînait les surnoms débiles. Il se sentait si mal. Arrivé vers ses onze ans, une vidéo apparut à nouveau mais cette fois s'était une dispute entre sa mère et son père.

« -Depuis quand sale putain ! Depuis quand tu baises avec cette ordure ! hein ! depuis plus de onze ans apparemment ! Jacob n'est pas mon fils putain, tu m'entends, alors vas-y, dégage de la maison mais sache que ce petit fils de salope qui te sert de fils va finir entre quatre planches ! »

Le blond sursauta en voyant le poing de son père... s'écraser contre la figure de sa maman, des larmes coula sur le visage du garçon alors que sa lèvre inférieure tremblait.

- NON ! Hurla-t-il quand la vidéo disparaît.

Il secoua la tête, refusant d'avancer. Une sorte de force invisible le força cependant, le poussant. Il avança donc, voyant sa mère se faire frapper au fil des année et lui aussi, récoltant de plus en plus de coup sur son corps, le collège et l'entrée au lycée n'ont qu'empirer son état. Son père le battait de plus en plus, les élèves de sa classe ne retenait pas leurs coups non plus. Un visage lui revient en mémoire : Martin. C'était le délégué de sa classe, c'était sûrement le pire de tous, le frappant, l'insultant et lui faisant les pires crasses, il n'y avait pas à hésiter, c'était celui qui harcelait le plus le blond. Il regarda la vidéo qui apparu.

« - Regardez moi cette tapette, même pas capable de mettre un panier, j'hallucine, pour aller voir à droite à gauche y a du monde mais pour foutre ce ballon dans un panier y a plus personne! Quel pede ! Fit Martin en entourant le plus jeune de son groupe.

- pede est le diminutif de pédophile abruti, apprend le sens des mots connard !» s'exclama une jeune fille en poussant le groupe afin d'attendre Jacob.»

Jacob ne se souvenait pas de la jeune fille, il se souvenait qu'il était proche, qu'elle était comme sa soeur mais impossible de mettre un visage ou un prénom sur cette voix.

Il se remit alors à avancer, regardant tout ; il renifla quand il se vit aller chez un psychologue, voyant Danny, c'était son psy mais en entendant les paroles quand le « jeune Jacob » n'était pas dans une des séances, il comprit.

«- frapper ? harceler ? Bien sûr que non ma chérie, ce jeune veux juste être le centre de l'attention comme tous les autres, ils viennent me voir pour jouer la victime, il joue juste la comédie.»

Il comprit que l'homme ne le croyais pas et s'en foutait complétement. Un sanglot passa la barrière de ses lèvres, il ne comprenait pas pourquoi lui, il continua à avancer, voyant pratiquement tous les maîtres des étages. Il renifla, prenant une grande inspiration puis repris sa marche, regardant du coin de l'œil ce qui apparaissait sans s'y attarder, il avait trop peur, voir son père battre sa mère le mettait hors de lui comme se voir recroqueviller dans sa chambre, dans le coin de son lit quand il entendait les pas de son père. Il abhorrait ça pourtant il savait que s'il était là, à la place du garçon, il serait encore plus terrifié que lui, il ne voulait plus revoir ça, ni son père, ni ses « camarades » de classe, rien. Il se figea instinctivement en voyant la dernière vidéo, son père, il le vit, le poing partir et s'écraser contre le visage de sa mère une énième fois, la tête de celle-ci se heurter au coin de la table basse du salon en tombant et le sang se rependre sur le tapis blanc. Il poussa un cri d'horreur en voyant l'homme responsable de la mort de sa mère s'approcher de sa chambre complètement ivre, il fixait l'image animée, suppliant le Jacob de la vidéo de partir, de s'en aller mais le puissant coup de poing qu'il se prit dans le crâne lui donna envie de vomir tout comme les coups qui s'enchainait, défigurant complètement le plus jeune jusqu'à ce qu'il ne tienne plus, à la limite de mourir. Se voir supplier un type pareil, demander la pitié d'une pourriture dans le genre, se voir tomber au sol et enfin se voir tomber dans le coma lui procura un puissant pincement au cœur, celui-ci se serrait si brusquement qu'il avait peur de faire une syncope. Il voulait sortir de se couloir infiniment long et voir sa mère et il le put quand il franchit la lumière. Il la vit, elle souriait, venait le prendre contre elle, le couvrant de bisous et le rassurant, lui montrant le paradis et tous ceux qui s'y trouvait pourtant Jacob n'était qu'à moitié heureux, il manquait qu'une chose, une seule chose mais il ne savait quoi.

Survivre jusqu'à son dernier souffleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant